Coïncidant avec la célébration du 44ème anniversaire de la Marche verte, la résolution 2494 du Conseil de Sécurité de l'ONU constitue une victoire diplomatique pour le Maroc sur la question du Sahara. Cette résolution a été adoptée le 30 Octobre 2019. Elle consacre le processus de la Table ronde comme seul cadre pour parvenir à une solution politique. Cette Table ronde qui s'est réunie deux fois à Genève les 5 et 6 Décembre 2018 et les 21 et 22 Mars 2019 sous l'égide de l'Envoyé spécial Horst Keller, regroupe les quatre parties : Algérie, Maroc, Mauritanie et le Polisario. C'est de haute lutte que le Maroc a pu faire intégrer dans la négociation l'Algérie, cette dernière s'étant toujours présentée en tant qu'observateur et non en tant que partie prenante. La seconde décision positive pour le Maroc est la prorogation du mandat de la Minurso de 12 mois jusqu'au 31 Octobre 2020. En effet, les trois mandats précédents avaient été réduits à 6 mois sous l'impulsion des Etats-Unis. La période d'une année pour le mandat de la Minurso est nécessaire pour permettre une négociation sereine et hors de la pression du temps. Ceci d'autant plus que le Secrétaire Général de l'ONU doit désigner un nouvel Envoyé spécial pour le Sahara après la démission de Horst Keller. La résolution 2494 du Conseil de Sécurité préserve aussi les acquis et les demandes du Maroc. Elle souligne qu'il convient de parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique et durable qui repose sur le compromis. Elle demande aux parties concernées de s'abstenir de toute action qui pourrait compromettre les négociations ou déstabiliser la situation au Sahara, et de prendre toutes les mesures pour garantir la sécurité ainsi qu'une totale liberté de circulation. Elle encourage les pays voisins à apporter une contribution importante et active au processus de négociation. Elle prend note de la proposition marocaine présentée au Secrétaire Général le 11 Avril 2007 et se félicite des efforts sérieux et crédibles fait par le Maroc pour aller de l'avant vers un règlement. Elle souligne qu'il importe d'améliorer la situation des droits de l'homme au Sahara et dans les camps de Tindouf, en se félicitant à cet égard des mesures et initiatives prises par le Maroc, et du rôle joué par le Conseil national des droits de l'homme à Dakhla et Laâyoune. Enfin elle demande à nouveau que l'enregistrement des réfugiés dans les camps de Tindouf soit envisagé. Malgré les éléments positifs pour le Maroc qui figurent dans la résolution 2494 du Conseil de sécurité, il y a lieu de continuer la lutte pour préserver notre intégrité territoriale. En effet, cette résolution n'a pas été adoptée à l'unanimité puisque deux pays se sont abstenus : l'Afrique du Sud et la Russie. D'autre part, comme il fallait s'y attendre, le Polisario considère que l'adoption de cette résolution « constitue un retour profondément regrettable et inacceptable au « statu quo » et porte un coup sérieux à l'élan politique ». Il menace de « reconsidérer son engagement dans le processus de paix dans son ensemble ». L'Algérie de son côté regrette «un texte déséquilibré et non unanime» et qu'il s'agit « d'un simple renouvellement technique sans donner toute l'impulsion attendue à la nouvelle dynamique expressément souhaitée par le Secrétaire Général des Nations Unies ». En conclusion, le Maroc doit continuer sa stratégie basée sur le plan présenté à l'ONU en 2007 et consistant en une large autonomie sous souveraineté marocaine. Il doit poursuivre ses efforts pour convaincre et expliquer sa position sur la question du Sahara, notamment vis-à-vis des pays qui reconnaissent encore la « RASD » et ceux qui s'abstiennent dans le vote des résolutions de l'ONU. Parallèlement, il doit accélérer le plan de développement des Provinces du Sud qui prévoit un investissement de 81 milliards de dirhams à l'horizon 2020. Un effort tout particulier doit être poursuivi pour encourager les investissements étrangers dans les Provinces du Sud, à l'instar de ceux initiés par la Chambre française de Commerce et d'Industrie du Maroc. Enfin tous les acteurs doivent joindre leurs efforts pour cette cause nationale, notamment la société civile. Par Jawad KERDOUDI, Président de l'IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)