La surproduction du sucre européen en 2018 a provoqué la baisse de la prime de blanc sur le marché international. Les fluctuations des cours du sucre non seulement ont impacté les exportations de Cosumar mais également les importations pour répondre aux besoins du marché national. Présent dans chaque foyer et consommé par tous les Marocains, le sucre est l'un des produits de base encore régulé par le gouvernement. Il figure parmi les produits subventionnés par la Caisse de compensation. L'intérêt que l'Etat porte à ce secteur prioritaire ne se limite pas uniquement à la compensation du prix du sucre mais aussi à la mise à niveau de toute la chaîne de valeur de la filière sucrière de l'amont jusqu'à l'aval. Pour cela, un contrat-programme a été signé entre le ministère de l'Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts et la Fédération interprofessionnelle marocaine du sucre (Fimasucre) sur les périodes 2008-2013 et 2013-2020. Le principal objectif dudit contrat étant d'améliorer le taux de couverture des besoins nationaux en sucre en atteignant environ un taux de 58%. A deux ans d'échéance, la question qui s'impose : Où en est la filière de cet objectif ? Interrogé sur la question, Mohammed Fikrat, Président-directeur général de Cosumar (invité de l'émission « Hiwar ») a précisé que la filière sucrière marocaine a fait des pas de géant et a enregistré une croissance soutenue malgré les aléas climatiques et énergétiques. Il a toutefois rappelé que le contrat-programme a prévu le lancement d'un projet de production de plantes sucrières au niveau de la région de Gharb de 11.000 Hectares. Un projet qui n'est toujours pas lancé et ce malgré plusieurs discussions tenues entre les différentes parties concernées. M. Fikrat reste tout de même confiant quant à l'atteinte de l'objectif fixé dans le cadre du contrat. « Nous dépasserons les 50% du taux de couverture à l'horizon 2020. Pour cela, nous tablons sur l'intensification et l'amélioration du rendement à l'hectare », a-t-il précisé. En effet, les efforts déployés par tous les maillons de la chaîne de la filière sucrière se traduisent par l'amélioration de la production par hectare. Chiffres à l'appui, le Maroc arrive à couvrir 48% de ses besoins grâce à l'amélioration du rendement de la production soit 11,4 tonnes de sucre/ha pour la betterave à sucre et 8,8 tonnes de sucre /ha pour la canne production locale du sucre. Une performance grâce à laquelle la filière a atteint une capacité industrielle annuelle de 1,65 million de tonnes de sucre blanc soit une capacité moyenne journalière de la filière sucrière de 6.500 tonnes. Une capacité qui dépasse les besoins du marché estimés à 1,2 million de tonnes/an. Toutefois, atteindre les 57% du taux de couverture requiert beaucoup plus d'efforts. Et pour cause, la filière est amenée à relever plusieurs défis et à faire face à plusieurs contraintes notamment l'évolution d'année en année des besoins du marché national, le déficit des superficies de culture limitées aux capacités d'irrigation (activité très consommatrice d'eau) et la volatilité du marché international du sucre blanc. Cette volatilité s'est d'ailleurs fait ressentir dans les résultats financiers de Cosumar qui ont enregistré une baisse à cause principalement d'une réduction volontaire des ventes à l'export afin de préserver sa rentabilité en raison de la baisse de la prime de blanc sur le marché international. « L'année dernière était une année spéciale pour le marché du sucre blanc avec un excédent de production en provenance de l'Europe. Les opérateurs sucriers européens non seulement ont produit beaucoup de sucre mais ils l'ont mis sur le marché à des prix très bas parfois plus bas que leur propre prix de revient. Ce qui a pesé sur le marché international et par conséquent fait baisser la prime du blanc», a précisé le PDG de Cosumar. Voir également : [Emission Hiwar] Echange avec Mohammed Fikrat, PDG de Cosumar, sur les perspectives de la filière sucrière marocaine C'est ce qui explique d'ailleurs le choix du groupe de réduire ses exportations en 2018. Le PDG de Cosumar reste tout de même confiant pour les perspectives de 2019. Pour Mohammed Fikrat la conjoncture internationale va certainement évoluer dans le bon sens les prochains mois. « Les cours du sucre en 2018 particulièrement au départ de l'Europe ont eu comme conséquence que plusieurs opérateurs ont revu leur outil de production, ont réduit leur capacité de production et certaines sucreries ont même mis la clé sous le paillasson. Cela fera que les cours reprendront vers des niveaux acceptables pour permettre l'export du sucre blanc à partir de la raffinerie de Casablanca (basée sur le schéma de l'admission tempère) », précise avec optimisme le top management de Cosumar. Alors pour préserver ses parts de marché à l'international, garantir l'attractivité du prix de vente du sucre marocain et renouer avec les performances à l'export des années 2016 et 2017, le groupe mise sur la compétitivité de ses opérations de raffinage et de logistique. A noter que l'activité d'exportation du sucre est en réalité une réexportation du sucre brut acheté par Cosumar sur le marché international (principalement du Brésil) et raffiné au niveau de la raffinerie de Casablanca. Certes les lourds investissements conduits par Cosumar ces dernières années ont permis à la raffinerie d'atteindre un niveau de compétitivité satisfaisant. Néanmoins, le groupe ne compte pas s'arrêter là et prévoit d'améliorer en permanence sa compétitivité en cherchant d'autres pistes d'optimisation de la consommation de l'eau, de l'énergie, des procédés ainsi que des opérations de manière générale. L'enjeu est double puisque la fluctuation du marché du sucre ne touche pas uniquement les exportations de Cosumar mais également le marché national qui continue d'importer plus de 50% de ses besoins en sucre et par conséquent la balance commerciale.