Les naufrages des embarcations transportant des migrants clandestins sur nos frontières maritimes sont malheureusement monnaie courante et les images de corps flottants dans nos eaux sont devenues d'une extrême banalité. Cela pose une question cruciale : Qu'en est-il de l'identification des morts ? Leur rendre hommage et surtout informer leurs familles de leur triste sort ? La Plateforme nationale Protection Migrants, qui est un réseau d'organisations et d'acteurs de la société civile basés au Maroc et actifs dans le secteur de la migration et des droits humains, publiera ce mercredi 6 mars son rapport sur « L'identification des personnes migrantes décédées aux frontières maritimes marocaines ». L'objectif de ce rapport est de dresser une première approche visant à comprendre comment les personnes migrantes mortes aux frontières maritimes marocaines sont identifiées. Cette question est d'autant plus importante que selon le droit international, les Etats ont l'obligation de respect des morts. L'identification des morts est la première étape pour remplir cette obligation. Le rapport se base donc sur des données qualitatives collectées à travers des entretiens auprès d'acteurs étatiques et non-étatiques durant une recherche de terrain effectuée dans quatre villes frontalières : Larache, Tanger, Tétouan et Nador. Il en ressort malheureusement que la majorité des personnes migrantes décédées aux frontières maritimes n'ait pas été identifiée formellement par les autorités locales. « La non-identification des personnes décédées signifie concrètement que leurs familles ne reçoivent jamais l'avis de décès, ce qui exacerbe les difficultés émotionnelles et pratiques liées à la perte d'un membre de la famille », constate-t-on. Il est légitime de penser que les méthodes d'identification utilisées impactent la chance de l'identification. Ceci pourrait être lié au manque de savoir-faire et de ressources susceptibles d'accroître les chances d'identification ou bien au manque d'intérêt de la part des autorités en charge de l'identification, estime-t-on. La Plateforme nationale Protection Migrants dévoilera sur la base des résultats du rapport des recommandations pour le taux d'identification, la PNPM recommande notamment l'implication des survivants d'un naufrage dans la procédure d'identification puisqu'ils peuvent donner des informations et indications qui faciliteraient l'identification formelle. D'autres recommandations seront discutées lors de la rencontre comme le renforcement de la collaboration avec les consulats en prenant l'implication du consulat du Sénégal en tant que bonne pratique. L'usage des empreintes digitales en consultant tous les systèmes d'enregistrement d'empreintes disponibles au niveau national en impliquant aussi bien le système d'enregistrement du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) que les autorités aux pays d'origine. Il faut surtout éviter l'arrestation des membres de la famille qui se présentent aux autorités pour le prélèvement des échantillons de référence ADN, même s'ils sont en situation irrégulière ; ou bien mandater une autre institution (qui n'a pas le mandat d'arrêter les migrants irréguliers) pour le prélèvement des échantillons ADN. Il est d'ores et déjà préconisé d'intégrer la thématique de l'identification des personnes migrantes mortes aux frontières maritimes marocaines dans l'agenda du travail de l'Observatoire nationale de la migration ainsi que dans les travaux de l'Observatoire africain des migrations. Le rapport complet sera disponible ce mercredi 6 mars avec tous les détails liés à cette question humanitaire avant tout.