A l'insuffisance des contenus médiatiques, s'ajoute l'insatisfaction généralisée' exprimée vis-à-vis des contenus proposés par les médias aux enfants ou sur les enfants, ''Analyse de la situation : les enfants, les jeunes et les médias au Maroc'' est l'intitulé de l'étude présentée jeudi 28 par l'Unicef. Ladite étude a permis de brosser un tableau général sur la situation de l'enfance dans les médias au Royaume. Cette étude a été présentée lors d'une conférence-débat, initiée en partenariat avec le Comité Parité et diversité de la deuxième chaîne de télévision »2M », à laquelle ont pris part des représentants de plusieurs médias nationaux, de la HACA, de l'Unicef et d'ONG spécialisées dans la défense des droits de l'enfant. Selon cette étude, à l'insuffisance des contenus médiatiques, s'ajoute l »'insatisfaction généralisée » exprimée vis-à-vis des contenus proposés par les médias aux enfants ou sur les enfants. A noter également la faible implication des enfants spécialement dans la presse écrite. « Les grilles des programmes de la télévision indiquent un faible volume de productions destinées aux enfants et un déséquilibre entre les missions de divertissement et d'éducation, avec la domination des programmes de bandes dessinées étrangères par rapport aux émissions éducatives, relève cette étude dont l'apport significatif est le sondage effectué auprès d'un échantillon représentatif de millenials marocains (15-30 ans) », informe la même source. Il ressort aussi des conclusions de cette étude que la presse écrite se fait l'écho d'une enfance marocaine en situation de vulnérabilité et contribue à l'information sur des sujets sensibles. Du côté de la presse «Papier», ces thèmes totalisent 45% des contenus, alors que dans la presse numérique, ce taux progresse de 10% pour atteindre 55% de l'ensemble des contenus réalisés. Sur les médias web prédomine l'information instantanée (99% des contenus sont de type « informatif ») au détriment de l'analyse ou le journalisme de terrain, relève-t-on. Sur la presse écrite numérique, la figure de l'enfant dans les contenus analysés est dominée par l'enfant «victime» ou «bénéficiaire» et de facto invisible dans 97% des contenus. D'après les auteurs de l'étude, l'absence d'une implication des enfants dans les contenus s'explique par la nature des formats qui sont majoritairement informatifs. L'enfant « source» est majoritairement présent dans les contenus autoproduits (User-content). Ce type de contenus est souvent filmé par les parents sous forme amatrice et repris par les médias, précise-t-on. Ils notent également l'émergence sur le web d'un contenu diffusé par les internautes notamment par des enfants ou leurs parents. Dans plusieurs cas, les médias étudiés, reprennent ces contenus sans distanciation critique, de mise en contexte ou de protection de la vie privée des enfants. L'étude estime, en outre, que le système médiatique tel qu'il opère aujourd'hui »donne difficilement une place au jeune public ». Pour pallier à ces difficultés, les expériences des meilleurs pratiques internationales en matière d'éducation aux médias et d'engagement des médias pour les droits de l'enfant sont à encourager au Maroc comme moyen de sensibilisation de la population et des professionnels des médias. Les usages et les rôles des médias sont »à reformuler » en prenant cette nouvelle donne, où le numérique joue un rôle déstabilisateur pour le moment, poursuit l'étude. Elle fait remarque que cette phase de transition est en train de fixer les orientations à venir des médias vis-à-vis du jeune public. Le volume et la qualité du traitement médiatique de l'enfance dans les années à venir dépendra au Maroc et dans le monde de cette période de négociation en cours, au niveau national et surtout international entre les missions d'informations et de sensibilisation des médias et les enjeux financiers et économiques liés à ces organismes.