L'économie mondiale s'est relevée progressivement de la grave crise économique 2008-2009 pour atteindre une croissance de 3,7% en 2018. Tous les experts dont le FMI ont prévu un ralentissement en 2019 limitant la croissance à 3,5% en 2019 et 3,6% en 2020. Les causes de ce ralentissement sont multiples. On peut citer en premier lieu la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Le Président américain Donald Trump qui avait basé sa campagne électorale sur deux slogans « America First » et « Let's make America great again » s'est engagé pendant toute l'année 2018 dans une véritable guerre commerciale contre la Chine. Il veut à tout prix réduire le déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine qui était de 375 milliards de $ en 2017. Outre le déficit commercial, Donald Trump reproche à la Chine le transfert forcé des technologies, le non respect de la propriété intellectuelle, la subvention gouvernementale aux entreprises chinoises exportatrices, enfin la manipulation de la monnaie chinoise le Yen. Il n'a cessé pendant toute l'année 2018 d'imposer des taxes douanières additionnelles aux importations chinoises, entraînant des représailles de la part de la Chine. Il s'est attaqué également aux entreprises chinoises leur interdisant l'acquisition de sociétés américaines ou l'achat de produits américains de haute technologie. La dernière mesure douanière de Donald Trump en Août 2018, a consisté à menacer d'augmenter les droits de douane de 10% à 25% sur un volume de 200 milliards de dollars d'importations de produits chinois, si un accord commercial n'est pas conclu avant le 1er Mars 2019. En effet, une pause dans la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine a été conclue en Décembre 2018 pour une période de trois mois. Les négociations entre Américains et Chinois sont actuellement en cours. Les autres causes de ralentissement de la croissance mondiale en 2019 sont le resserrement des conditions financières. En effet, la Réserve fédérale américaine a augmenté son taux directeur de 2,25% à 2,50% à partir de Décembre 2018. De même, la Banque centrale européenne a arrêté l'achat d'actifs nets également à partir de Décembre 2018, mais a indiqué qu'il n'y aurait pas de hausse de son taux directeur d'ici l'été 2019. Une autre incertitude concernant la croissance en 2019 provient du Brexit, dont les modalités ne sont pas fixées à ce jour, et qui risque de se produire sans accord entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Enfin, le Shutdown qui a duré deux mois aux Etats-Unis (Décembre 2018 et Janvier 2019) risque également d'avoir des conséquences négatives sur l'économie américaine et au-delà sur l'économie mondiale. Il faut cependant noter un élément positif qui est le maintien selon plusieurs experts du prix du baril de pétrole à moins de 60$ durant toute l'année 2019. Les prévisions plus détaillées de croissance du FMI pendant l'année 2019 s'établissent comme suit : La loi de finances 2019 pour le Maroc prévoit un taux de croissance de 3,2%, une inflation à moins de 2% et un déficit budgétaire de 3,3%. La réalisation de ces objectifs dépendra principalement des éléments internes, notamment la consommation intérieure qui sera plus ou moins impactée par la campagne agricole. Quant à la demande extérieure, on peut craindre une légère baisse en provenance de la Zone euro et des Etats-Unis, une hausse en provenance de l'Afrique Subsaharienne et de l'Inde (phosphates et dérivés) et une stagnation en provenance du Moyen-Orient et de la région Mena. En conclusion, la croissance de l'économie mondiale en 2019 dépendra essentiellement de la fin de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Si les deux partenaires parviennent un accord, l'économie mondiale peut retrouver sa croissance de 2018, soit 3,7% ou même au delà. En cas de désaccord profond entre les Etats-Unis et la Chine, la croissance mondiale pourrait baisser au dessus de 3,5%. Ce n'est qu'au mois de Mars 2019 à la fin des négociations entre les Etats-Unis et la Chine que les prévisions de croissance de l'économie mondiale pourraient être mieux précisées. Par Jawad KERDOUDI, Président de l'IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)