La Circulaire générale de l'assurance est dans sa phase finale et sera publiée incessamment. 2 MDH seront alloués à titre gracieux à la formation des intermédiaires. L'Union Marocaine des Agents et Courtiers d'Assurances UMAC a tenu jeudi 20 décembre son Assemblée générale sous le thème : « L'intermédiaire d'assurance au Maroc réclame sa juste commission ». Cette assemblée se veut une occasion propice pour débattre des différents risques qui planent sur les intermédiaires. Etaient présents à ladite Assemblée, Hassan Boubrik et Bachir Baddou, respectivement président de l'Autorité de Contrôle des Assurances et de la et Prévoyance Sociale (ACAPS) et Directeur Général de la Fédération Marocaine des Sociétés d'Assurance et de Réassurance (FMSAR). Devant une salle archicomble, Youssef Bounoual, président de l'UMAC a rappelé que le marché marocain des assurances connait actuellement son plus grand bouleversement organisationnel et réglementaire. « La conception d'un référentiel de solvabilité, qui permettra d'anticiper les impacts en matière de gestion des risques (Solvabilité basée sur les risques), l'arrivée sur le marché de nouveaux intermédiaires, le cadre réglementaire de l'assurance Takaful, le projet de refonte du livre IV du code des assurances sont des faits marquants pour le secteur », annonce Bounoual. Mais selon lui la circulaire relative à l'encaissement et au reversement des primes reste un événement de taille. La circulaire a été accompagnée par une opération de protocolisation des arriérés qui a conduit bon gré mal gré à un surendettement des intermédiaires qui n'a pas tenu en considération leur capacité de remboursement et qui risque de mettre en danger la continuité de leur activité. Dans le secteur, on y trouve plus de 2.500 agents, courtiers et bureaux directs, 6.200 agences bancaires et 8 captives. Le secteur de l'assurance au Maroc pâtit de sa balkanisation mais aussi d'une forte concentration des revenus. 2% des intermédiaires réalisent 53% du chiffre d'affaires du marché, alors que plus d'un tiers fait moins de 5 MDH de chiffre d'affaires par an, c'est-à-dire au dessous du seuil de rentabilité pour un cabinet d'assurance de taille petite. « Une situation qui risque de s'aggraver en raison de la concurrence des banques qui, outre l'assurance-vie, commencent à s'attaquer aux assurances automobile et de dommages, et aussi d'autres organismes qui font de la concurrence déloyale», alerte Y. Bounoual. D'où le choix de la thématique: « L'intermédiaire d'assurances au Maroc réclame sa juste commission ». La digitalisation est plus qu'une réalité… Ces difficultés ne laissent pas indifférent Hassan Boubrik qui est conscient que le secteur connait des chamboulements assez importants qui font qu'une partie importante du réseau a du mal à joindre les deux bouts. Autrement dit, une frange importante des intermédiaires éprouve des difficultés à devenir rentable et viable financièrement. En ce qui concerne le commissionnement, le régulateur prétend que d'abord il faut placer le débat de la viabilité financière de l'intermédiaire sur un plan plus global et voir les principaux leviers parce qu'il est devenu impératif d'agir. Le secteur des services financiers traverse des changements qui ne dépendent pas uniquement de la concurrence mais surtout de la digitalisation qui chaque jour prend des dimensions trop importantes. « C'est une réalité que nous ne pouvons pas nier. Il faut la prévoir et l'anticiper. Aujourd'hui, la tendance est à la baisse du taux de commissionnement et je ne parle aucunement de la répartition de la marge entre la compagnie d'assurance et l'intermédiaire, mais du coût global pour l'assuré ou le consommateur final », tient à rappeler le numéro 1 de l'ACAPS. Et d'ajouter : « Nous en tant qu'Autorité et vous en tant qu'agents et intermédiaires, il est de notre devoir tous de protéger l'assuré. C'est de cette manière que vous pouvez avoir un business model viable ». La digitalisation ne concerne pas uniquement les intermédiaires mais également les compagnies d'assurance qui doivent faire attention à ce raz de marée qui va survenir et auquel il faut s'y préparer. Il corrobore ses propos par l'exemple de l'assurance automobile qui peut être contractée sur internet, sur un smartphone... d'une manière facile et rapide. Il est donc primordial d'investir dans les systèmes d'information pour pouvoir profiter pleinement de la digitalisation. Sans vouloir dresser un tableau sombre, H. Boubrik obtempère : « Sur le plan des commissions, nous pouvons vous soutenir vis-à-vis de la FMSAR pour vous aider à améliorer vos conditions, mais d'un autre côté, il faut que vous vous prépariez à cette révolution digitale qui s'annonce d'ores et déjà et qui est inéluctable ». Le régulateur ne peut s'empêcher de saisir cette occasion pour réitérer son souhait de voir fusionner l'UMAC et la Fédération nationale des agents et courtiers d'assurance (FNACAM). « En tant qu'Autorité, je souhaite avoir une association forte et crédible. Je regrette que le texte de loi qui prévoit une seule association n'ait pas vu le jour et ait été amendé au Parlement ». H. Boubrik appelle de tous ses vœux les deux associations à mettre la main dans la main parce que demain, elles auront à affronter d'autres associations. Ce qui n'est pas une sinécure. Lire également : Le plan d'action de la FNACAM sous la présidence de Farid Bensaïd Autre point abordé par le régulateur est celui de la formation, un levier incontournable en matière de service financiers. A ce titre, il est mentionné que dans le conseil d'administration de l'Autorité, il est programmé un budget de 2 millions de DH pour la formation destinée gratuitement en grande partie aux intermédiaires et dans les différents coins du royaume. Ladite formation va porter sur la réglementation, les produits, la conformité... et concerne tout le personnel en contact permanent avec les compagnies d'assurance et les assurés. Et pour conclure, le régulateur évoque la circulaire de recouvrement d'avril 2015 qui continue à susciter des remous chez les intermédiaires. « Avec la circulaire, il était temps de mettre un terme aux pratiques malsaines qui se sont installées dans le temps. Il faut séparer l'argent des compagnies de celui des intermédiaires », annonce Boubrik tout en étant conscient qu'assainir n'est jamais aussi simple. Lorsqu'il y a un protocole entre l'intermédiaire et la compagnie d'assurance, cette dernière n'est pas tenue de provisionner mais lorsqu'il n'y a pas de protocole, la compagnie est tenue de provisionner. Ce qui est extrêmement lourd pour une compagnie parce que le provisionnement va peser sur ses résultats financiers. « La Circulaire générale, en codifiant l'ensemble des textes, permet une lecture facile et simple pour le marché et pour l'ensemble des parties prenantes. Elle est dans sa phase finale et sera publiée incessamment», conclut H. Boubrik.