Se digitaliser ou mourir. La transformation digitale a émergé depuis longtemps comme un impératif pour la survie et la compétitivité de tous les acteurs. Mais dans le cas du secteur bancaire particulièrement, et financier, la différence repose dans le cadre réglementaire très stricte, hormis le back-office ou les canaux de diffusion. On ne peut opérer un quelconque changement si la loi n'y autorise pas le secteur. C'est dans ce sens qu'au Maroc, la loi bancaire a été réformée pour intégrer les Fintech et permettre aux banques de fournir des services à la pointe de technologie tout en induisant la compétitivité de nouveaux acteurs qui offrent des services très innovants. Le modèle de la banque traditionnelle est bouleversé : « Le métier premier la data. Les banques sont devenues des sociétés de traitement de l'information », explique Ahmed Rahhou, PDG de CIH Bank. Intervenant à l'événement « Touch The Future », organisé par Startup Grind Casablanca, A. Rahhou précise que « Le monopole de l'action financière commençait à sortir du secteur financier et bancaire. Il y a un an, le dernier monopole a sauté par le biais du digital : le dépôt. L'usage universel des moyens de paiement intègre désormais de nouveaux acteurs, notamment les opérateurs télécoms grâce aux nouvelles technologies. Alors qu'à la banque nous avions l'usage, nous avons adopté l'outil digital. Aussi, de nouveaux instruments financiers étaient élaborés par les opérateurs télécoms... la compétition se concentre désormais sur la performance technologique. Et ce n'est pas propre au secteur bancaire mais à d'autres secteurs, notamment l'automobile qui connaît la montée en puissance des développeurs de solutions technologiques face aux constructeurs automobiles. Au Maroc, aujourd'hui que la réglementation le permet, la concurrence sera très rude ! ». Autre banque qui a fait le pari du digital est la Banque centrale populaire. Sa particularité : groupe bancaire historique, leader dans plusieurs segments et surtout international, avec une forte présence en Afrique. L'image de la banque traditionnelle et classique va rapidement changer. Comme l'explique Kamal Mokdad, Co-CEO de la banque, la BCP a créé Payment Center for Africa une entité qui réunit une centaine de talents digitaux, fonctionnant en mode Start-up, en vue d'expérimenter, de développer et de déployer des solutions innovantes pour la BCP et ses filiales. Cette filiale qui supporte la stratégie digitale de la banque a récemment digitalisé la demande de crédit immobilier qui permet aux prospects d'obtenir un accord de financement sur simple demande en ligne et sans justificatifs. Il suffit de se connecter sur le site dédié www.jedeviensproprietaire.ma et d'y formuler sa demande pour recevoir une réponse dans des délais rapides. Kamal Mokdad revient également sur l'expérience de l'Atlantic Business International qui permet d'être au plus près des réalités socioculturelles du continent africain. « Les taux de bancarisation sont faibles en Afrique subsaharienne, entre 15 et 20%. En Côte d'Ivoire, sur une population de 25 millions, 10 millions de personnes utilisent le mobile monnaie pour un volume de transaction de l'ordre de 30 millions d'euros. Sur le continent, avec l'évolution démographique, 65% de jeunes, il fallait réfléchir à comment se positionner dans le paysage bancaire », poursuit Kamal Mokdad. La première conviction était donc de transformer l'offre digitale de la banque, chose qui avait déjà commencé au Maroc avec la digitalisation des parcours client. « Nous avons donc digitalisé les procédures en partenariat avec des opérateurs télécoms, de même que nous avons constitué des équipes pour développer nos propres solutions », précise-t-il. D'ailleurs, l'une des actualités marquantes de la banque sur cette voie de digitalisation est le lancement de la première édition de son programme d'innovation baptisé « Fintech Challenge ». Dans ce sens, Ahmed Rahhou rappelle la valeur ajoutée de cette digitalisation sur le développement du tissu des start-up national puisque 90% des solutions sont développées par de jeunes marocains. Et de conclure, il y a beaucoup à faire mais la révolution est en marche ! LIRE EGALEMENT : SERVICES FINANCIERS VS NOUVELLES TECHNOLOGIES : CIH BANK UN CAS D'ECOLE