Des sources officielles s'accordent pour confirmer que le Maroc terminera l'année 2021 en net exportateur d'électricité. Encore sans chiffres officiels, nos estimations donnent que l'année 2021 s'est achevée avec un exporté de 957 GWh annuels face à un importé de 685 GWh annuels soit un solde net exportateur annuel de 272 GWh, comme montré dans la Figure 1. Figure 1 Solde net mensuel des échanges d'électricité et 12 mois glissants d'échanges et de satisfaction des besoins A priori rien d'étonnant puisque le Maroc a atteint une autosuffisance de production électrique depuis Décembre 2018. Certes, cela n'a représenté que 0.67% de la production nette de 2021 mais le plus important est que la situation d'importateur net annuel d'électricité ne soit pas revenue malgré l'arrêt de livraison de gaz naturel algérien depuis fin Octobre 2021. Mieux encore, même les mois de novembre et décembre, durant lesquelles le Maroc a tourné sans gaz naturel algérien, nos estimations donnent un total exporté de 213 GWh face à un total importé de 93 GWh soit un solde net exportateur de 120 GWh pour les deux mois et ce malgré un déficit de production d'environ 822 GWh dans nos deux centrales au gaz naturel à cycle combiné (CGCC) de Tahaddart (Nord-Ouest) et Aïn Beni Mathar (Est). Avec de si bonnes nouvelles, où sont les communicants de l'Office National de l'Electricité et de l'Eau Potable et ceux du Ministère de la Transition Energétique et du Développement Durable ? Mais alors comment a-t-on fait pour rester net importateur ? Bien que nous ayons déjà annoncé que le Maroc disposait de capacités de réserves[1], au stade actuel des informations disponibles, il est difficile de donner des détails pointus sur les centrales qui ont contribué à combler le déficit mais nos propres estimations, prenant en compte les variations saisonnières, nous indiquent que le solde net exportateur du Maroc (A – B) de -272 GWh résulte de : 1. Electricité nette appelée localement : 40'460 GWh qui aurait augmenté de 1'936 soit +5.4% en 2021 2. Une production nette locale d'électricité de 40'732 GWh qui aurait augmenté de 2'593 soit +6.8% en 2021 qui aurait non seulement permis de satisfaire l'augmentation de l'électricité nette appelée localement, mais aussi le déficit de production électrique à base de gaz naturel (460 GWh). Les parts de production d'électricité qui auraient le plus varié sont : 1. o source charbon et pétrole : 32'712 GWh qui auraient augmenté de 1'642 soit +5.3% en 2021 o source éolienne (vent) : 5'149 GWh qui auraient augmenté de 633 soit +14% en 2021 o source solaire : 1'871 GWh, qui auraient augmenté de 351 soit +23% en 2021 o source gaz naturel (10 mois) : 4'108 GWh, qui auraient perdu 822 soit -16.7% en 2021 Mais le Maroc préparerait le futur approvisionnement des deux CGCC au gaz naturel de Tahaddart et Aïn Beni Mathar à travers le Gazoduc Maghreb Europe (GME) : * L'approvisionnement se fera d'abord à travers un appel d'offres international de fourniture de gaz naturel liquide (GNL), dès février ou mars 2022, qui sera livré et gazéifié en Espagne avant de passer par le GME vers les deux CGCC marocaines[2], information confirmée par l'Agence Bloomberg citant la Ministre de l'Energie Leïla Benali[3]. Le contrat de fourniture devrait durer jusqu'en 2027. Pendant le début de cette période, un terminal flottant serait aménagé à cet effet dans le port de Mohammedia (le Maroc n'en a pas) et recevrait ce GNL qui ne transiterait alors plus par l'Espagne durant la fin de la période. * Si cette période devait effectivement durer de cinq ans, elle s'achèverait en 2027 et enjamberait la fin de 2024 qui, selon Amina Benkhadra, Directrice de l'ONHYM[4], devraient voir des livraisons suffisantes pour alimenter les deux CGCC (qui, ensemble, nécessitent un peu moins d'un milliard de m³) en gaz naturel marocain provenant des puits de Tendrara et Lixus (peut-être aussi Guercif et Essaouira plus tard). N'avions-nous pas déjà dit que cette rupture de livraison de gaz algérien serait une opportunité1, [5] ? Par Amin BENNOUNA ([email protected]) [1] A. Bennouna, « Quid si l'Algérie ne livrait plus nos centrales électriques en gaz naturel ? », EcoActu, 22 Septembre (2021), https://www.ecoactu.ma/algerie-centrales-electriques-gaz-naturel/, https://DOI.ORG/10.13140/RG.2.2.26317.97768 [2] Webmagazine en arabe Alyaoum 24, 02 février 2022, https://alyaoum24.com/1640421.html [3] Anna Shiryaevskaya, « Spain's Algerian Gas Imports Via Morocco Stop as Deal Ends », Agence Bloomberg, 02 février 2022, https://www.bloomberg.com/news/articles/2021-11-01/spain-s-algerian-gas-imports-via-morocco-stop-as-deal-expires [4] Entretien avec Amina Benkhadra du 17 janvier 2022 avec le Webmagazine le360, « Amina Benkhadra patronne de l'ONHYM dévoile tout sur le potentiel gazier du Maroc« , https://m.youtube.com/watch?v=BBJvtXBPbX4&feature=youtu.be [5] Idriss Biguilem, « Un expert révèle à « Heba Press » les privilèges de l'opération inverse du gazoduc avec l'Espagne », Entretien avec Amin Bennouna, Webmagazine en arabe HibaPress, 02 Octobre 2021, https://ar.hibapress.com/details-335280.html