A peine deux mois après le discours du Trône (30 juillet 2018) et à peine un mois après celui du 65 ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, Saïd Amzazi, ministre de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, a présenté le 17 septembre 2018 son programme exécutif dans le domaine de soutien à la scolarité et de la mise en œuvre de la réforme de l'éducation et de la formation. Certes, il y a urgence parce que nous fonctionnons avec un système défaillant qui souffre de plusieurs maux qui font, de l'éducation en général et de l'école en particulier plus un frein à l'apprentissage et à l'ascension sociale. Mais encore faut-il que le programme en question soit efficace pour remédier un tant soit peu aux multiples défaillances. Ce raisonnement aussi simpliste nous amène à nous interroger sur l'existence d'une étude sur laquelle s'est basée Amzazi pour concocter son programme. En effet, en l'absence d'une étude profonde et bien ficelée, nous risquons de reproduire les mêmes erreurs et se retrouver avec les mêmes résultats. Dans son grand oral, le ministre informe que le nouveau programme prend en considération les recommandations de la Vision stratégique de la réforme 2015-2030. Nous sommes en 2018 et nous ne ressentons guère les recommandations de cette vision qui, un jour nous a promis monts et merveilles. Ne risque-t-on pas encore de perdre du temps pour s'apercevoir que l'éducation au Maroc est ce qu'elle est et ce au grand dam des générations présentes et futures. Au-delà du timing et de l'absence d'une réelle étude en la matière, nous manquons d'indicateurs de performance afin de pouvoir évaluer les réalisations par rapport aux objectifs escomptés. D'ailleurs, tout au long de la présentation, il a été question de moyens et non de résultats. Il ne suffit pas d'informer sur le taux de la baisse de la déperdition scolaire, nous avons également besoin d'indicateurs qui ne se limiteront pas à l'éducation, mais à son impact sur le mode de vie des citoyens (santé, civisme, situation de la femme et de la famille...). Pour ne pas réitérer l'expérience du plan du d'urgence, il serait souhaitable de désigner une instance à même d'effectuer des évaluations d'étape pour procéder à des réglages à mi parcours et pour statuer sur la réussite ou l'échec de l'expérience. L'évaluation en elle-même serait vaine en l'absence de critères bien définis, calculables, vérifiables et auditables.