L'informel représente 40 % du PIB. Un sérieux handicap pour la croissance économique qui peine à décoller. Telle une gangrène, l'informel continue de ronger l'économie marocaine dans ses multiples composantes (compétitivité, emploi, qualité...). Et chaque fois que l'on débatte des leviers de la croissance économique, le secteur informel surgit comme un sérieux handicap. Les recommandations communiquées par Miriem Bensalah, ex-présidente de la CGEM à l'occasion de la présentation d'une étude sur le secteur sont à prendre en considération dans l'élaboration du PLF 2019. Dans une lettre récente, les conjoncturistes rappellent, la nécessité d'assurer une intégration du secteur informel. « La mise en œuvre d'une stratégie d'intégration de l'ensemble des activités informelles s'impose dans ces conditions afin d'atténuer les répercussions de ce type d'activités tant au plan économique que social », préviennent les analystes du CMC. Cette stratégie devrait privilégier les actions de formation, d'assouplissement de la réglementation et d'allégement de la fiscalité. « Il s'avère ainsi judicieux d'alléger la fiscalité sur l'emploi et l'élaboration des régimes spéciaux pour adoucir la TVA », insistent-ils. « Les activités relevant du secteur informel occupent une place de plus en plus importante dans le tissu économique aussi bien au plan de la production que de l'emploi et des revenus », tiennent-ils à rappeler. Selon la dernière enquête sur le secteur, les unités de production informelles réalisent un chiffre d'affaires moyen avoisinant 250.000 de DH par unité et contribuent pour une part de 12,6 % dans la valeur ajoutée globale de l'économie nationale et de 37 % de l'emploi total. Le secteur informel recouvre cependant de multiples fragilités résultant de la faiblesse de la productivité, de la précarité de l'emploi et de l'absence de protection sociale. Ce secteur exerce en outre une concurrence forte qui affecte de façon plus ou moins prononcée les activités structurées de l'économie.Pour l'entreprise, l'informel dans ses différentes facettes exerce une concurrence déloyale basée sur la faiblesse des coûts et donc des prix. Il représente un vrai manque à gagner pour l'Etat dans la mesure où les impôts (IS, TVA, Droits de douane...) échappent au circuit réglementaire et, par ricochet, aux caisses de l'Etat. La fiscalité à elle seule n'est pas un moteur de croissance économique. En 2018, des mesures classiques ont été introduites pour encourager la création des entreprises et l'intégration de l'informel. Nous pouvons citer à cet égard, l'informatisation de la facturation obligatoire à partir du 1er janvier 2019, l'ICE du client et du vendeur également devenu incontournable, l'instauration d'une pénalité de 100 DH par omission ou inexactitude. Ajoutons à cela, les exonérations fiscales pour encourager la création des entreprises (droits d'enregistrement, IS progressif…). Des mesures sommes toutes intéressantes dans la mesure où elles se traduisent par des économies d'impôts, mais qui demeurent insuffisantes. D'où la nécessité de faire plus d'efforts et proposer des dispositions plus concluantes dans le prochain Budget. Outre les dispositions fiscales, il faut une moralisation, une sensibilisation, un vrai accompagnement pour conscientiser les opérateurs de l'informel à se formaliser. Aussi, avec la mise en place de la nouvelle loi des CRI, les directeurs doivent-ils désormais jouer le rôle de facilitateurs et de sensibilisateurs. Encore faut-il que l'intégration du secteur informel soit de la responsabilité de tous, pas uniquement des pouvoirs publics. Mais le plus important est une réelle volonté politique pour lutter contre ce fléau, mais en douceur pour ne pas créer des tensions sociales. Lire Egalement : GOUVERNEMENT-PATRONAT : AMORÇAGE DE LA RELANCE ECONOMIQUE ?