Après avoir rencontré, le 1er juin 2017, les représentants de la Confédération Nationale du Tourisme (CNT), Mohamed Sajid, aux commandes du secteur du tourisme. Challenge : Les professionnels estiment que le tourisme n'a pas été pris au sérieux par le gouvernement sortant, malgré la bonne volonté de votre prédécesseur. Avez-vous toutes les garanties du Chef du gouvernement que ce secteur restera érigé au rang des priorités ? Mohamed Sajid: Le choix judicieux opéré par le Maroc pour le développement de son industrie touristique sous l'impulsion de S.M le Roi, confirme la place importante du tourisme en tant que secteur prioritaire pour l'économie marocaine. Il explique l'intérêt qui lui a toujours été accordé dans les politiques gouvernementales, preuve en est que le tourisme est l'un des secteurs qui ont bénéficié, en premier d'un plan stratégique avec la Vision 2010 et par la suite la Vision 2020. Les principaux axes du programme gouvernemental présenté en avril 2017, visent à faire évoluer le modèle économique marocain, à créer des emplois, à préserver le développement durable, le développement humain, et le rayonnement international du Maroc. Et je voudrais souligner à ce propos, que le tourisme y contribue et s'inscrit dans ces différents axes. D'ailleurs le gouvernement s'engage, dans sa déclaration gouvernementale, à œuvrer pour le développement touristique s'inscrivant dans le cadre d'un développement durable respectant la population locale et valorisant le patrimoine culturel et les valeurs spécifiques des sites touristiques. Il s'agit aussi, de donner une nouvelle impulsion au secteur du tourisme, notamment en déployant les efforts nécessaires pour accélérer la mise en œuvre de la stratégie touristique Vision 2020 avec une série de mesures, dont je citerais à titre d'exemples, la redynamisation de l'investissement à travers la mise en place d'un code incitatif de l'investissement touristique; la promotion du positionnement du Maroc concernant le tourisme balnéaire; l'amélioration de la compétitivité de l'offre touristique à travers la mise à niveau des infrastructures hôtelières vieillissantes ; la promotion des actions de communication sur la destination Maroc en direction des marchés européens; ou encore l'amélioration de la desserte aérienne entre les principales destinations du Maroc et les marchés émetteurs des touristes. Avec la Secrétaire d'Etat au Tourisme, Lamia Boutaleb, vous avez tenu ce 1er juin une rencontre avec la CNT pour convenir des axes stratégiques et d'une feuille de route conjointe pour l'accélération de la mise en œuvre de la vision2020 du secteur. A quand la mise en place de cette feuille de route ? Cette rencontre avec les professionnels revêt pour nous un caractère important. Nous sommes conscients aujourd'hui du besoin urgent de rétablir la confiance en ce secteur vital et de relancer la dynamique. Cela passera par une synergie entre l'ensemble des acteurs du secteur et surtout par une collaboration étroite avec les professionnels. Lors de cette réunion nous avons analysé ensemble les performances du secteur, les difficultés rencontrées pour la mise en œuvre de la vision2020 et les opportunités à saisir. Nous avons évoqué les leviers d'un plan d'accélération ainsi que les chantiers structurels à adresser et convenu de travailler ensemble pour figer rapidement une feuille de route conjointe. Les équipes du ministère et les entités placées sous sa tutelle sont engagées actuellement dans le processus de préparation de ladite feuille de route et ce, en étroite collaboration avec la profession. Ce travail fera l'objet dans un deuxième temps d'interactions avec les autres partenaires publics centraux et locaux concernés pour le finaliser. Vous gérez le transport aérien. Une vieille réclamation des professionnels qui se réalise à travers cette mesure. Quelle est la nature du contrôle du ministère du Tourisme sur l'aérien ? De quelle marge de manœuvre disposez-vous face à Royal Air Maroc ? C'est en effet une veille réclamation des professionnels, mais c'est aussi un choix déterminé de ce gouvernement pour la mise en place de pôles cohérents à même de garantir une meilleure convergence et une cohérence de l'action gouvernementale. Nous avons à cet effet constitué un comité directeur du tourisme qui réunit l'ensemble les présidents et directeurs des entités et directions concernées par le secteur (ONMT, SMIT, Direction Générale de l'Aviation civile, RAM et ONDA). Ce comité tiendra des réunions mensuelles pour garantir l'alignement de l'action de l'ensemble des entités et renforcer les synergies avec les acteurs du secteur de l'aérien. Aujourd'hui, tous les acteurs, dont la RAM, sont conscients de l'importance de travailler en convergence totale et pour le développement du secteur et sont d'ailleurs en train de mobiliser leurs efforts dans ce sens. Comment comptez-vous faire jouer la synergie entre le tourisme et le transport aérien ? La question de l'aérien est fondamentale pour le développement des destinations touristiques, et à ce titre, le ministère du Tourisme y accorde une attention particulière, notamment à travers les actions de promotion et de co-marketing menées par l'ONMT avec les partenaires étrangers. Le ministère va continuer à mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour soutenir les destinations touristiques nationales, et répondre aux besoins en dessertes aériennes des villes touristiques, de sorte à préserver les performances de notre pays et à accroitre nos parts de marchés à l'international. Une place importante est également accordée à la connectivité à l'intérieur du Royaume, notamment en partenariat avec les Régions. Pourtant, la taxe aérienne devrait contribuer pour un tiers au budget de l'ONMT nécessaire pour accompagner l'effort de promotion du Maroc, estimé à 13 milliards de DH sur la période 2011-2020. Les professionnels estiment que si cette taxe était gérée dans la transparence, le problème de fonds ne se poserait plus pour l'ONMT. Qu'en pensez-vous ? La redevance touristique adoptée par le Gouvernement marocain en 2014, est une redevance prélevée sur les billets d'avion et donc collectée par les compagnies aériennes. Elle a pour but de promouvoir la destination Maroc via « l'élargissement de l'assiette de la taxe de promotion touristique à l'ensemble des acteurs», et donc dès 2014 aux compagnies aériennes. Conformément aux dispositions de la Loi de Finances 2014, cette redevance est consacrée à hauteur de 50% au fonds de solidarité et renforcera ainsi la portée sociale de la politique gouvernementale, de même, que son action dans la lutte contre les maladies pandémiques en Afrique. De plus, l'amélioration de la qualité de vie (et donc du climat général) visée par les différentes actions générées par cette redevance va contribuer au développement de l'industrie touristique. Elle permet aujourd'hui à l'ONMT de générer des ressources financières supplémentaires (environ égales à la subvention de l'Etat) qui sont destinées à renforcer la politique promotionnelle et Marketing de la destination, dans un contexte nécessitant l'accélération et l'accompagnement de la mise en œuvre des chantiers de la Vision 2020.