A la fois architecte et promoteur immobilier, Karim Marrakchi incarne cette nouvelle génération grâce à laquelle la filière se professionnalise. Sa particularité: dans tous ses projets, l'architecture prend le pas sur la pure promotion immobilière. J'ai eu une ascension forte et importante», avoue d'emblée Karim Marrakchi. Voilà un homme qui n'a pas peur de monter sa réussite, et il en est fier. Et pour cause, c'est aujourd'hui l'un des promoteurs immobilier les plus en vue sur Casablanca, et ses appartements se vendent à prix d'or… Environ 20.000 DH le mètre carré! Il a à son actif environ une dizaine de projets à travers Casablanca. Son credo, la qualité et le haut standing. Son empreinte: des matériaux nobles tel que le bois, ou encore la pierre, et surtout des façades ouvertes. De la lumière, encore de la lumière, toujours de la lumière… Cet architecte de formation est tombé dans la promotion immobilière par «frustration». L'exercice de son métier d'origine l'a déçu. «Vous savez lorsque vous travaillez pour le compte de promoteurs, les projets ne voient pratiquement jamais le jour tel que vous les avez conçus. Et puis lorsque je suis rentré de Paris, il était vraiment difficile d'exercer le métier d'architecte, entre autres à cause des lourdeurs administratives, même si aujourd'hui, les choses ont changé». En effet dès son retour en 1990, le jeune architecte en herbe qu'il était commence par faire un passage éclair de six mois à la commune, qu'il poursuit par une expérience d'une année au sein des ERAC de Casablanca. Une expérience dans le public qui le froisse quelque peu. Et très vite, il ouvre son cabinet d'architecture. Mais encore une fois, après quelques années d'exercice, il se retrouve freiner dans son élan. C'est alors que voit le jour son premier projet. Un immeuble de moyen standing dans le quartier de Bourgogne. «Je n'ai pas tout de suite commencé dans le haut standing. Car pour ce projet qui a mobilisé environ 6 millions de dirhams, je n'ai pas voulu avoir recours aux crédits bancaires. A l'époque, ce n'était qu'une fois qu'on avait terminé la construction, que l'on commençait véritablement à vendre. Aujourd'hui, tout est vendu avant même la pause de la première pierre». Après ce premier projet, l'aventure continue pour Karim Marrakchi. Désormais présent dans la promotion immobilière depuis une dizaine d'années, ce dynamique quadra aiguise son savoir-faire à chaque nouveau projet. «Ma force c'est justement d'avoir été en permanence à l'écoute des gens, et de toujours améliorer mon produit en fonction de la demande. Je ne fais pas de très grande surface, mais mon challenge est d'optimiser au mieux l'espace. Le moindre mètre carré est exploité. C'est un travail qui prend beaucoup de temps, et c'est aussi la raison pour laquelle c'est dans la promotion immobilière que je m'épanoui le plus, et que surtout je me retrouve en tant qu'architecte». Réorientation stratégique Si jusqu'à présent Karim Marrakchi opérait uniquement sur Casablanca, désormais son regard se tourne vers d'autres villes du royaume. «Un choix certes stratégique puisque la demande et très forte dans toute les villes du royaume, mais c'est la rareté du foncier qui m'a aussi poussé en dehors de Casablanca», nous avoue-t-il. Sur Marrakech, il réalise un investissement de 40 millions de DH: un ensemble de huit villas de très haut standing qui donne sur le golf d'Amalkis, et qui constituera la première tranche de son projet. Et depuis tout juste une semaine, il vient de recevoir une autorisation pour un projet de logement économique à Settat : 250 appartements et 150 villas pour un investissement de 60 millions de DH. Un projet atypique pour un promoteur qui a surtout développé du haut standing. «Généralement l'on commence par du logement économique puis on s'oriente petit à petit vers le haut standing. J'ai fait le chemin inverse, mais je vais continuer à utiliser du bois ou de la pierre, même si bien entendu le prix des matériaux sera adapté au logement économique». Et ce n'est pas tout. Marrakchi compte construire à El Jadida, sur un terrain de 4.500 mètres, des bungalows et des appartements en bord de mer. Mais il y a également Mir Eleft dans la région d'Agadir, sans oublier la station balnéaire préférée des Casablancais, Dar Bouâaza. Une multitude de projets qui ne sont pas prêts de s'arrêter, car le «promoteur architecte» est en passe de créer des partenariats avec différents associés afin de continuer à financer et développer ses projets.