Le méga-projet du futur port d'Algérie, à El Hamdania, sera situé à l'est de la ville de Cherchell coûtera 3,3 milliards de dollars, avec une forte implication financière de la Chine. Dans ce sens, une société Algéro-Chinoise sera créée en 2016 et assurera la construction puis l'exploitation du nouveau port, selon une convention de type B.O.T. (Build-Operate-Transter)[1]. Ce protocole d'accord prévoit la création d'une société de droit algérien composée du Groupe public des services portuaires algérien et de deux compagnies chinoises, China State Construction Engineering Corporation (CSCEC) et China Harbour Engineering Company (CHEC). Le futur plus grand port commercial de tout le pays sera progressivement mis en service au bout de quatre ans par la compagnie chinoise, Shanghai Ports, qui assurera son exploitation. Avec 20 mètres de tirant d'eau, le port disposera de 23 quais d'une capacité de traitement annuel de 6,5 millions de conteneurs et de 25,7 millions de tonnes de marchandises générales. Ainsi, l'Algérie n'aura pas à puiser pour financer ce projet. Recourir à un financement extérieur semble être la nouvelle stratégie du gouvernement algérien face à la crise financière qui frappe le pays de plein fouet. Livrant son analyse sur le sujet, M Najib Cherfaoui expert maritime et portuaire, estime que le futur port d'El Hamdania est en fait la délocalisation du port d'Alger qui ne répond plus aux nouvelles exigences sécuritaires et environnementales que posent les ports urbains. Toujours selon l'expert, « pour la Chine, ce nouveau port représente un enjeu stratégique et économique, dans le sens où il s'agit d'un pivot logistique régional pour accéder à l'Océan Atlantique par le canal de Suez. Une aubaine pour les Chinois, car le port sera une plateforme méditerranéenne de redéploiement maritime vers l'Afrique de l'Ouest et vers les marchés de l'Europe de Nord ». Avec cette nouvelle implantation, la chine ambitionne d'avoir la totale liberté au niveau de la maitrise de son réseau de transports maritimes, chose qui s'avère difficile au Maroc où Maersk est fortement installée au niveau de Tanger Med. D'après M. Cherfaoui Najib (expert portuaire), le futur port d'Al Hamdania mettra en concurrence les ports européens de la Méditerranée. Il ne constitue en aucune manière une menace pour le port de Tanger Med car ce dernier est dorénavant dans la logique d'un trafic durable, bien rodé. Il faudra évidemment rester vigilant sur la sécurité et la qualité de service qui sont des constantes universelles. Par contre, le projet de port de transbordement de Nador West Med redevient d'une très forte actualité car c'est le moment de surfer sur la vague chinoise. En effet, les besoins de cet Atelier du Monde sont énormes avec un hinterland qui inclut l'Inde et le Pakistan. Il faut prendre la vague maintenant car demain, il sera déjà trop tard. [1] En anglais BOT, « Build-Operate-Transfer » ; cette technique de concession a été appliquée au Maroc en 1913, au port de Fédala (Mohammedia).