À moins de 100 jours de l'ouverture de la future station balnéaire de Mazagan, les équipes du groupe Kerzner ne sont plus en phase de construction, mais plutôt en mode pré-ouverture. En attendant, le leader mondial du luxe a livré ses quelques secrets pour rentabiliser son méga-projet. “Nous sommes des investisseurs et non pas des philanthropes». Interpellé comme grand témoin lors des dernières assises du tourisme de Saidia, Sol Kerzner, Président de Kerzner International Holding, n'a pas failli à sa réputation d'homme d'affaires redoutable. Du haut de ses 74 ans, celui qui a fait fortune en construisant des resorts sur la plage et des casinos taillés comme des villes ne lésine pas sur les moyens pour rentabiliser la future station balnéaire Mazagan, dont l'ouverture est prévue dès octobre prochain. Aménageur-développeur dans ce projet baptisé Mazagan Beach Resort, Kerzner ne pouvait pas s'empêcher de porter une troisième casquette, celle d'exploitant, sur cette deuxième station balnéaire du Plan Azur après Saidia. «La troisième marque que nous venons de créer sera ouverte à Mazagan. C'est à la fois passionnant et excitant de lancer une marque, surtout quand elle arrive après les deux premières, One & Only et Atlantis, qui sont aujourd'hui très bien établies à travers le monde. Nous allons faire la même chose sur Mazagan qui verra converger des milliers de touristes tous les ans», dit-il. Pour l'heure, le nom de cette nouvelle enseigne «intermédiaire», qui sera positionnée entre l'intimité des resorts One & Only et la démesure d'Atlantis, n'a pas encore été dévoilé. Ce premier hôtel de luxe proposera un hôtel 5 étoiles, un golf au bord de l'océan signé Gary Player, mais aussi un spa, une base de kite-surf, un casino, un kid's club, huit restaurants et un centre de conférence high-tech. Kerzner, qui rappelle que «les projets touristiques se développent par phases», sait que du succès commercial de cette première tranche pourrait dépendre la suite des deux autres. Son approche pour commercialiser Mazagan Beach Resort diffère des démarches traditionnelles de l'hôtellerie. Le groupe ne compte pas se limiter à des brochures ou à de la simple promotion sous forme traditionnelle. Il privilégie la vente directe basée sur le contact direct avec le client. C'est d'ailleurs cette démarche commerciale et marketing que le groupe a déclinée sur le terrain lors de la commercialisation des soixante-sept villas privatives de la première phase qui ouvriront également en octobre prochain, en marge de l'hôtel. Au bas mot, le créateur des hôtels les plus fous au monde va non seulement concentrer ses efforts sur la publicité mais également sur les relations publiques. C'est surtout cela sa force. Kerzner a réussi en effet à transformer toutes ses nouvelles adresses en destinations préférées des grands capitaines d'industrie mondiaux, des hommes politiques et de la crème des crèmes du show-biz. A elle toute seule, sa présence constitue un véritable coup de pub pour le tourisme marocain et devrait attirer l'attention d'autres grands sur la destination, comme ce fut le cas il y a quelques mois à Dubaï où, pour fêter dignement son palace à 1,5 milliard de dollars, il a convié 2.000 de ses meilleurs amis. Facture des festivités : 20 millions d'euros ! Cible N°1 : les clients riches En tout cas, ce sont surtout les riches clients (souvent des people) que le promoteur de la station de Mazagan compte attirer vers le «Deauville marocain», El Jadida. «Mazagan Beach Resort est à moins d'une heure d'autoroute de Casablanca. Et lorsque le patron de Royal Air Maroc annonce que sa compagnie va augmenter ses lignes autour du hub de Casablanca, cela nous renforce dans notre objectif d'offrir une expérience unique à nos clients», dit-il. En effet, Kerzner compte drainer essentiellement de la clientèle européenne, notamment des Allemands, Anglais et Français. Dans ce sens, il va s'appuyer sur ses trois bureaux de vente de Londres, Paris et Berlin. Pour lui, il faut à sa station des clients et cela dès le premier jour ! C'est ainsi que les ventes groupes à l'international ont commencé depuis avril dernier, et les demandes sont importantes. Pour Kerzner, son investissement sur Mazagan Beach Resort explicitement tourné vers le marché européen est une façon de diversifier ses sources de revenus, trop focalisées sur la zone dollars et l'Afrique australe. Pour autant, le groupe Kerzner compte sur le marché intérieur pour remplir la moitié de sa capacité litière. Globalement, il cible la clientèle Leisure (loisirs) à hauteur de 60 % et la clientèle business à hauteur de 40%. L'activité du casino occupe également un volet important du business du groupe sud-africain. Car elle est très demandée par sa clientèle haut de gamme. D'ailleurs, c'est à cause d'elle que les négociations avec le gouvernement ont duré trois ans. Car Kerzner voulait non seulement s'entourer de toutes les garanties nécessaires mais exiger aussi une exclusivité pour son casino, autour d'El Jadida, dans un rayon de près de 200 km. À titre d'exemple, le chiffre d'affaires du casino aux Bahamas représente environ 20 % des recettes globales. Autre poste de rentabilité : la restauration, pour laquelle le promoteur de Mazagan Beach Resort prévoit pas moins de 8.000 couverts le samedi soir. Les salles de conférences ne seront pas en reste. «On veut y accueillir des milliers de personnes», annonce Kerzner.