La crise vient hanter les opérateurs nationaux, et ce, en impactant leurs activités roaming et international. Leurs résultats au premier trimestre s'en trouvent donc logiquement impactés. Cependant, cet impact est à relativiser d'un opérateur à un autre, d'autant que la crise n'est pas la seule explication des chiffres timides publiés. La croissance du marché s'essouffle et pousse les opérateurs à faire preuve d'encore plus d'agressivité. Cela promet un été des plus chauds ! L es trois opérateurs nationaux viennent de publier leurs résultats au titre du premier trimestre 2009. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ces résultats connaissent un fléchissement significatif. Entre légère hausse du chiffre d'affaires pour l'opérateur historique, et légère baisse pour l'opérateur au fanion rouge, le secteur des télécoms au Maroc passe par une zone de turbulences. La crise économique mondiale est passée par là et a marqué de son impact le business des opérateurs marocains. Cet impact s'est d'abord manifesté à travers l'activité Roaming et international. Chez Méditel, cette activité, qui représente un peu plus du cinquième du chiffre d'affaires global, a connu une baisse de 9%. La conjoncture actuelle pousse les usagers à adopter un comportement des plus austères, ce qui n'est pas pour plaire aux opérateurs télécoms qui connaissent par ailleurs un ralentissement tout aussi significatif de la croissance du secteur. L'heure n'est donc pas à la jubilation côté opérateurs, mais ceux-ci se plaisent à appliquer la méthode Coué pour faire face. Chacun d'entre eux prêchant pour sa paroisse, ils défendent l'efficacité de leurs stratégies respectives. C'est ainsi que le top management de Maroc Telecom s'enorgueillit : «La croissance du résultat opérationnel s'explique par l'effet conjugué de la hausse du chiffre d'affaires, de la maîtrise des coûts opérationnels et de l'amélioration des marges globales des filiales». Ralentissement en vue ! Toutefois, si le parc clients est toujours en progression, celui-ci connaît un ralentissement notable. Plus encore, la part de l'opérateur historique chez les nouveaux clients est supplantée par celles des autres opérateurs du secteur. La bataille est de plus en plus âpre pour séduire les nouveaux clients, cela a même coûté une partie de son chiffre d'affaires à Méditel. «Il y a des actions de promotion qui nous aident à gagner des clients et d'autres qui nous permettent de les fidéliser», explique Mohamed El Manjra, directeur général de Méditel. Au registre de ses actions ou campagnes promotionnelles censées drainer de nouveaux clients, la plus récente est celle de l'offre 10 heures. Le top management du deuxième opérateur national explique à ce sujet : «L'offre 10h a connu un grand succès, toutefois, elle a aussi eu un effet de cannibalisme sur la consommation régulière de nos clients». On ne fait pas d'omelette sans casser d'œufs, cet effet de cannibalisme est le prix à payer pour marquer les esprits et séduire les prospects. Toujours est-il que le marché connaît une certaine saturation et que son trend d'expansion s'essouffle. Un autre élément contribue à gâter le secteur des télécommunications, c'est la baisse des tarifs d'interconnexion. Une nouvelle donne qui contribue aussi à nuancer les résultats de ce début d'année. Le vrai lancement de Wana Pour le troisième opérateur, les choses s'expriment différemment. En effet, la filiale Télécom du holding royal a vu son parc croître de plus 30% par rapport à l'année précédente et son chiffre d'affaires a tout simplement doublé. Cependant, Wana reste un gouffre à cash et n'a pas encore atteint son point d'équilibre. Il est de notoriété publique que l'entrée de l'opérateur koweitien Zaîn va contribuer à relancer la machine en partageant les pertes avec l'ONA, mais c'est surtout le basculement vers la technologie GSM qui cristallise les espoirs du dernier-né des opérateurs nationaux. Car c'est par ce biais que le véritable baptême du feu de Wana aura lieu. Les dirigeants de la firme au moulin à vent ont concédé que l'adoption de la technologie CDMA n'est pas pertinente dans la configuration du marché marocain. Pour juger les résultats de Wana, il faudra donc repasser pour lui laisser le temps de mettre en place sa nouvelle stratégie et son déploiement. Une chose est sûre, nos trois opérateurs nationaux se mènent une bataille acharnée et cet effet concurrentiel ne pourra que s'exacerber dans les années à venir. Les opérateurs de télécommunication internationaux l'ont bien compris, il y a un potentiel d'affaires important au Maroc. Ainsi, après Zaîn, c'est l'Emirati Ittisalat qui a annoncé son intention de suppléer l'opérateur Télécom portugais dans le capital de Méditélécom. Pour l'instant, la crise économique mondiale pèse de son ombre sur les chiffres du secteur. L'effet pourrait perdurer tant que la relance économique n'est pas au rendez vous. Nos opérateurs l'ont bien compris et ils n'ont pas d'autre choix que de serrer les dents pour laisser passer l'orage. Aussi différentes que soient les stratégies des trois opérateurs, elles ont en commun la recherche de l'optimisation à travers l'adoption de réseaux nouvelle génération. Mohamed El Manjra explique : «Nos équipes ont entamé des démarches depuis quelque temps déjà et les fruits devraient être récoltés dans les mois à venir». Des chantiers en cours donc, mais ces réseaux ne sont pas le seul cheval de bataille des opérateurs. Et même si l'aspect technologique est important, ce sont les campagnes promotionnelles qui déterminent le cours des choses. Le top management de Méditel promet une campagne d'été des plus agressives, car le recours à la justice est devenu fréquent entre les opérateurs marocains. Focus sur le marché des télécoms au 1er trimestre 2009 Mobile: L'analyse de l'évolution des parcs des trois opérateurs qui se partagent le marché du mobile montre que le parc des abonnés d'IAM a atteint 14,6 millions, alors que Medi Télécom compte 8,3 millions d'abonnés et Wana Corporate 521 000 abonnés. En termes de parts de marché, l'opérateur historique détient 62,21% du parc mobile, suivi de Méditel avec 35,57% et Wana Corporate avec 2,22%. Fixe: Le parc global d'abonnés au fixe a atteint 3 093 054 dont 1 791 199 en mobilité restreinte. L'analyse de l'évolution du parc de la téléphonie fixe montre que ce marché a enregistré une croissance trimestrielle de 3,41% à fin mars 2009 contre 5,53% un trimestre auparavant. Le taux de pénétration du fixe a atteint 9,92% au 31 mars 2009 contre 9,7% en décembre dernier. En termes de parts de marché, l'opérateur Wana Corporate détient 58,07% du parc fixe, suivi d'IAM avec 41,69% et Medi Télécom avec 0,24%. Internet : Le nombre d'abonnés Internet ADSL a atteint 489 043, en enregistrant une légère hausse de 1,29% lors du premier trimestre de l'année 2009. Le parc estimé des accès Internet via LL a connu une évolution de 1,95% durant ce premier trimestre 2009 et de 7,02% par rapport à mars 2008. Ce parc a atteint 1 097 abonnés au terme du premier trimestre de 2009. La répartition des abonnés par mode d'accès se présente comme suit, avec une prédominance des accès haut débit ADSL, qui représentent 58,6% du parc Internet global suivi de l'Internet 3G avec 40,66%..