Coopération avec le groupe libyen Lafico, développement dans le très haut de gamme, investissements régionaux… Le patron du groupe Kenzi Hotels à cœur ouvert. Challenge Hebdo : vous vous êtes associé au groupe libyen Lafico dans deux récentes réalisations hôtelières de très haut de gamme, l'une à Casablanca, l'autre à Marrakech. Un mot sur l'implication de ce groupe dans vos projets… Abdellatif Kabbaj : depuis 12 ans, le groupe libyen Lafico fait confiance au groupe Kenzi Hotels. Ce partenariat sert d'exemple aux investisseurs libyens qui s'intéressent actuellement au secteur des hydrocarbures. D'autres secteurs suivront. Lafico déploie de grands efforts pour rendre notre partenariat plus fructueux encore. En dépit de la conjoncture difficile, nos deux groupes font confiance à l'avenir du secteur touristique. Nous continuerons ainsi à investir dans le tourisme, notamment dans le Nord et sur la côte orientale. C. H. : il y a peu, vous avez donc lancé simultanément deux grands établissements hôteliers, le Kenzi Tower à Casablanca et le Kenzi Ménara Palace à Marrakech. Tous les deux portent le label «Premium Signature». Quelle particularité présentent-ils ? A. K. : le Kenzi Tower de Casablanca est implanté en plein centre d'affaires de la mégapole. Avec ses 28 étages dans la tour jumelle du Twin Center, il domine toute la ville. L'aménagement, la décoration et l'équipement ont requis un investissement de 800 millions DH. Les emplois créés s'élèvent à 350 postes et la capacité d'hébergement est de 237 suites et chambres. Ce produit offre aux clients un confort labellisé «Premium Signature», tout comme l'établissement lancé à Marrakech, le Kenzi Ménara Palace, implanté dans un parc de 7 ha avec vue directe sur l'Atlas. Cette réalisation a mobilisé un investissement de 500 millions DH pour une capacité d'hébergement de 236 suites et chambres. Les emplois créés y sont de 190 postes, adossés à une formation spécifique aux métiers de l'hôtellerie au Centre de Formation par Apprentissage Kenzi Hôtels, créé par notre groupe avec pour mission de dispenser, en un cursus de 3 ans, des cours de cuisine, de restauration, de réception et de service d'étage. Ce deux «Premium Signature» ont donc requis 1,3 milliard DH. Ils nous obligent à placer la barre très haut pour développer un niveau de qualité exceptionnel dans le tourisme de luxe et d'affaires. C. H. : est-ce un tournant dans votre stratégie de développement ? A. K. : cette nouvelle gamme a un discours marketing clair : «nous nous entourons de marques fortes et bien positionnées afin d'offrir à nos clients un service de qualité supérieure». Les frères Pourcel, grands maîtres de la gastronomie en France, sont aux commandes de la restauration dans ces deux unités. Nous nous sommes aussi associés avec des références comme Clarins et O-Spa pour offrir un niveau de soins exceptionnel au Kenzi Tower. De même, nous nous sommes alliés à la marque Terraké, une enseigne internationale présente dans les plus beaux Spas de la planète, pour produire un savoir-faire exclusif dans le bien-être au Kenzi Ménara Palace. C'est la première étape d'un long travail visant à distinguer les 10 hôtels du groupe en 3 sous-marques distinctes afin de mieux répondre aux attentes actuelles et futures. C. H. : Les futurs axes de votre développement sur les segments luxe et masse ? A. K. : sur le segment luxe, nous lancerons de nouveaux établissements qui répondront mieux aux attentes de demain. Par exemple, créer de petites structures, de 30 à 50 suites, où il sera plus aisé encore de produire un service personnalisé. La conception de ces futures unités est confiée à des ténors de l'architecture et du design. Aujourd'hui, créer un produit actuel ne suffit plus; il faut anticiper les nouveaux besoins, et pour cela, s'entourer d'équipes très performantes. Depuis le début, notre groupe s'est développé principalement dans le segment de masse, qui reste un segment majeur. Nous continuerons sur ce créneau, mais différemment. La création de nouveaux produits, souvent des resorts, se fera de manière plus intelligente et mieux adaptée aux attentes de la clientèle. Nous essayerons d'apporter toujours la touche maroco-marocaine que nous prônons. C. H . : en tant qu'ancien directeur d'un Centre Régional du Tourisme, celui de Marrakech en l'occurrence, quel regard avez-vous sur l'avancement actuel du programme Vision 2010 ? A. K. : tous les opérateurs touristiques s'accordent aujourd'hui à admettre un retard dans la réalisation de la Vision 2010, qui vise 10 millions de touristes l'année prochaine. Il est certain qu'une vision ne peut se substituer à une réalité... En novembre dernier, Marrakech a accueilli le 8 millionième touriste. Si nous n'arrivons à accueillir le 10 millionième visiteur qu'en 2012 ou 2013, ce ne sera pas une catastrophe. L'essentiel est de ne pas baisser les bras, de continuer à promouvoir notre destination et de conquérir de nouveaux marchés. Même si les chiffres des 4 premiers mois de 2009 montrent une petite régression par rapport à 2008, c'est le taux d'occupation, qui est de -15 points, qui est inquiétant pour nous. Mais ne nous alarmons pas, l'embellie reviendra dans les prochains mois.