L'annonce du recrutement par l'ONA de Horani, l'un des deux candidats à la présidence, a causé une véritable tempête lors du conseil d'administration. Récit d'une déflagration. Le conseil d'administration de la CGEM (Confédération Générale des Entreprises du Maroc), tenu jeudi dernier, ne devait être qu'une formalité. Il devait juste statuer sur la légalité des candidatures déposées, celles des binômes Chaïbi-Alaoui et Horani-Tamer. Formalité nécessaire pour ouvrir la voie à la tenue de l'assemblée générale ordinaire élective, le 21 mai, date-limite du mandat de Moulay Hafid Elalamy. D'ailleurs, tout commença sous les meilleurs auspices. Cheikh Lahlou et Maître Hicham Naciri, représentant la Commission juridique, ont pris la parole pour annoncer que les deux binômes candidats remplissaient les critères requis, à savoir : - Etre de nationalité marocaine. - Ne pas avoir encouru de condamnation pénale. - Avoir la capacité de créer ou d'administrer une entreprise. - Assumer le rôle de représentant légal d'une entreprise membre de la CGEM. - Ladite entreprise doit justifier d'une ancienneté de 3 ans en tant que membre et être à jour pour ses cotisations. - Enfin réunir la signature de 100 membres de la CGEM. Mais dès qu'ils ont terminé leur allocution, le binôme Chaïbi-Alaoui a demandé la parole pour faire exploser une véritable bombe : ils se retiraient. Si Mohamed Chaïbi, vice-président actuel, se limite à dire «vu la conjoncture, je me retire de la course», son colistier Youssef Alaoui déclare «par respect pour l'ONA, je retire ma candidature». Que vient faire l'ONA ? Cela a fait sortir Moâtassim Belghazi de ses gonds. «C'est très grave», s'insurge-t-il. Il regrette les propos «qui portent atteinte à l'institution de la CGEM et à l'ONA» et réclame des excuses séance tenante. Mohamed Horani prend la parole pour dire qu'il est heureux du soutien de l'ONA. Il n'en demeure pas moins qu'il reste opposé à la candidature unique et que si l'autre binôme maintenait sa position, il retirait sa propre candidature. Moulay Hafid Elalami trouve «injuste» la polémique et tente d'apaiser les esprits. Une suspension de séance a lieu. Les protagonistes, Moâtassim Belghazi et Moulay Hafid Elalmi, tiennent un conclave pendant une heure. Ils réapparaissent détendus, échangent quelques accolades… Mais Chaïbi dit vouloir réfléchir et Alaoui affirme maintenir le retrait de sa candidature. Les membres du conseil d'administration valident les deux candidatures, mais restent interloqués. Qu'est-ce qui a motivé cette véritable bombe ? Ils apprendront qu'en fait, Horani a été nommé, 24 heures auparavant, administrateur directeur général d'Archos, une filiale de l'ONA opérant dans le secteur des nouvelles technologies. C'est cette nomination qui lui permet de remplir la fameuse condition de l'entreprise «membre de la CGEM depuis 3 ans». Son ancienne entreprise ne répondait pas à ce critère. Il aurait pu maintenir sa candidature au nom de la Fédération qu'il préside par ailleurs… Le binôme Chaïbi-Alaoui était super-favori, d'où l'incompréhension face à sa réaction, qui laisse à penser que la CGEM est assujettie aux instructions de l'ONA. Or, l'ONA avait soutenu l'adversaire de Chami et n'a pu le faire élire malgré son soutien actif et celui d'autres groupes puissants. «Les membres de la CGEM n'ont jamais subi de pression» assure un membre du conseil d'administration. Cette bourrasque est une atteinte à l'image d'une institution qui a souffert pour s'imposer comme un partenaire des pouvoirs publics et non pas un simple lobby. Si le binôme qu'on croyait favori se retire, cela constituerait une grave crise. S'il se maintient, quelle que soit l'issue, le malaise est installé. S'ils gagnent, on imputera cela à leur «révolte». Si Horani est élu, on reparlera de l'ONA et de son poids. La «CGEM» ne méritait réellement pas «ça».