Mohamed Chaibi et Youssef Alaoui se retirent de la course, ce qui fait de Mohamed Horani et Mohamed Tamer des candidats uniques à la présidence de la CGEM. À J-13 des élections de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Mohamed Chaibi et Youssef Alaoui battent en retraite. Le tandem, naturel et légitime, qui a été le premier à annoncer sa candidature pour diriger la CGEM s'est retiré de la course en fin de semaine dernière. Sans donner d'explications et refusant tout commentaire à la presse, ils laissent place à toutes les interprétations et le champ libre devant Mohamed Horani et Mohamed Tamer qui deviennent ainsi des candidats uniques. Pour le président sortant, Moulay Hafid Elalamy, il s'agit d'un fait qui «n'est pas très important !». Depuis Alger où il participe au forum des hommes d'affaires maghrébins, M. Elalamy suit, en observateur indifférent, les rebondissements que connaît le processus devant aboutir à l'élection de son successeur. «Pour moi, la représentation de la CGEM à l'international est plus importante que cette affaire. Des candidats qui arrivent, d'autres qui se retirent, c'est la vie normale à la CGEM», indique-t-il dans une déclaration à ALM. M. Elalamy rappelle que lui aussi avait été seul en lice en juin 2006. «Oui, moi-même, j'étais candidat unique à la présidence de la CGEM. Et cela ne m'a pas handicapé pour assumer ma mission», dit-il. Ce qui n'est pas gênant pour M. Elalamy, semble pourtant déranger d'autres entrepreneurs qui considèrent que la candidature unique est une pratique qui décrédibilise la CGEM. C'est l'avis, entre autres, de Karim Tazi, ex-président de l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH) et membre actif de la Confédération patronale. «Je n'ai aucun doute sur l'intégrité ni sur l'indépendance de MM. Horani et Tamer. L'ONA a rendu possible leur candidature pour éviter la disgrâce d'une candidature unique», souligne-t-il. M. Tazi fait ainsi allusion à un présumé vice de forme soulevé par certains membres en ce qui concerne l'éligibilité du tandem Horani-Tamer. Selon les statuts de la CGEM, un président de fédération n'est pas éligible. Il fallait donc trouver une solution in extremis avec trois conditions sine qua none. L'entreprise doit être membre de la CGEM depuis au moins trois ans. Elle doit être à jour sur ses cotisations annuelles. Et le candidat doit évoluer dans le même secteur que l'entreprise au nom de laquelle il se présente. Pour remédier à ce vice de forme, l'équipe de soutien du ticket Horani-Tamer est allée frapper à la porte de l'ONA pour que le P-dg de HPS soit nommé illico presto dans le conseil d'administration de l'une de ses filiales spécialisées en nouvelles technologies. «Certes, l'ONA compte quelque 400 voix ! Mais, Mohamed Chaibi et Youssef Alaoui ont choisi de se retirer. Normalement, la légitimité d'un candidat se puise dans les urnes et MM. Chaibi et Alaoui auraient dû aller jusqu'au bout et se battre», fait remarquer un membre influent de la CGEM qui soutenait leur candidature. «Dire que l'ONA favorise Horani-Tamer au détriment de Chaibi-Alaoui, est une grosse excuse! L'ONA a juste voulu éviter à la CGEM de vivre une deuxième mascarade avec une candidature unique. Rappelez-vous, en 2006, le taux d'abstention a frôlé les 60%», explique un membre du clan Horani-Tamer. Contactés par ALM, d'autres membres du patronat ont souhaité voir une CGEM plus crédible et assisté à des élections en bonne et due forme avec deux candidatures, mais la majorité a préféré ne pas s'exprimer ouvertement sur cette affaire. «Chaibi et Alaoui doivent avoir leurs raisons, mais je ne pense pas qu'ils remettent en cause l'ONA», souligne Hammad Kassal, membre de l'équipe sortante. «En tant que chef d'entreprise, je souhaite avoir une équipe dirigeante qui travaillera sur trois axes. Sortir de la crise l'entreprise marocaine. Fédérer les efforts pour soutenir l'économie. Et construire une institution indépendante des clivages entre intervenants», note M. Kassal. La journée du jeudi 21 mai s'annonce donc sans couleurs. Si la situation ne connaît pas, d'ici là, de nouveaux rebondissements, la présidence de la CGEM devrait revenir à M. Horani, étant donné qu'il sera un candidat unique. Un fait que l'on affirme avoir voulu éviter à travers sa candidature.