Imad Barrakad, PDG de la SMIT. Tourisme de bien-être. 82% des touristes internationaux choisissent aujourd'hui des séjours « bien-être ». Marché touristique désormais incontournable, cette industrie représente au Maroc un véritable levier de développement, d'autant que la région MENA connaitra pour la niche « bien-être » la plus forte croissance au niveau mondial d'ici 2017. Le Maroc propose tous ses atouts pour faire du Royaume une destination privilégiée du tourisme de bien-être. par Michel Roussel Après les USA, la Suisse, la Turquie, l'Indonésie et l'Inde, c'est à Marrakech, leader du tourisme marocain, que vient de s'achever la 8ème édition du sommet GSWS –Global Spa and Wellness Summit-, organisation internationale qui réunit chaque année les acteurs de l'industrie mondiale du spa et du marché du bien-être. Objectif de l'événement : faire du Maroc une destination internationale du tourisme de bien-être, en orientant l'investissement vers le développement de cette niche. Marqué par la présence de plus de 400 acteurs de l'industrie du bien-être et de l'hôtellerie venus d'une vingtaine de pays, le GSWS, organisé en partenariat avec la Société Marocaine d'Ingénierie Touristique (la SMIT), a permis d'amorcer un nouveau souffle qui viendra développer cette industrie au Maroc dans la stratégie de la Vision 2020. S'appuyant sur les chiffres, Imad Barrakad, le PDG de la SMIT a expliqué qu'il «s'agissait d'un programme Niches à forte valeur ajoutée, à travers lequel le Maroc qui capitalise sur la diversité de ses ressources naturelles et culturelles exceptionnelles, souhaite assurer une montée en gamme de la destination en développant un tourisme articulé autour des affaires, de la santé et du bien-être.» Il faut dire que le tourisme de bien-être est incontestablement une industrie à part entière qui représente 6% du tourisme mondial, ce qui correspond à près de 525 millions de voyages et représente à lui seul près de 440 milliards de dollars. Et selon le rapport SRI international, le tourisme de bien-être devrait croître de plus de 9% par an jusqu'en 2017, soit 50% plus rapide que le tourisme mondial. «Au vu de son fort potentiel de croissance et des spécificités liées notamment au profil « à haut rendement » de ce segment de consommateurs qui dépensent jusqu'à 130% de plus qu'un touriste moyen, poursuit Imad Barrakad, le tourisme de bien-être constitue un véritable levier de développement que le Maroc doit explorer, d'autant que la région MENA devrait connaître pour cette niche la plus forte croissance au niveau mondial à l'horizon 2017 avec 16,2%, suivie par l'Amérique latine et l'Afrique subsaharienne -12,6%-, l'Amérique du Nord -8%- et l'Europe -7,3%-. » Quant au Maroc, dont les voyages « bien-être » ont dépassé en 2012 la barre des 2 millions de touristes, il se hisse en 2013 à la 35ème place au niveau mondial avec 1,7 milliard de dollars dépensés : 1700 spas, du petit hammam à la structure haut de gamme, avec une croissance qui a grimpé de 67% entre 2007 et 2013, plaçant le Royaume à la deuxième position dans la région MENA. De bons résultats, comparés aux différentes autres niches touristiques, qui s'expliquent par des particularités qui font de l'industrie du bien-être un facteur clé du succès : séjours plus longs, organisés autour d'une cure ou d'un «wellness package», dépenses plus élevées –entre 20 et 25% de plus par rapport au tourisme de base-, en raison de services, produits et outils spécialisés, et la non prise en compte de la notion «haute ou basse saison». Consciente du fort potentiel que représente le marché du bien-être, la SMIT met en avant quatre produits phares autour desquels se structurerait l'offre marocaine : le thermalisme, le spa, la thalassothérapie et la sablothérapie. Sont également prévus des mises à niveau de l'offre thermalisme existantes, – Sidi Harazem, Abaynou-, le suivi du développement de la nouvelle station My Yacoub, un projet en partenariat avec la ville thermale française de Vichy, et la création d'un centre de thermalisme aux standards internationaux à Oulmès. Autre thème débattu au cours de ce sommet marrakchi consacré au tourisme de bien-être, la réglementation des spas et leur mise à niveau aux standards internationaux. L'idée étant de créer une marque ou un label marocain qui viendrait réglementer, harmoniser et assurer une meilleure visibilité à ce produit, à l'image des bains de Budapest en Hongrie. Reste à définir les programmes de formation professionnelle du personnel spa, sachant que 13000 personnes travaillent actuellement dans l'industrie du bien-être au Maroc, le plus souvent formées sur le terrain, ou ayant bénéficié d'apprentissage de techniques basiques dans les domaines de l'esthétique et du bien-être général. « La formation est sans aucun doute le talon d'Achille de cette industrie, précise Majda Berrada, experte et chercheuse dans l'industrie du spa et présidente de l'association A-SPA-Maroc. Nous sommes en train de mettre en place des modules de formation avec un rigoureux planning de développement, pour offrir des services de qualité qui s'aligneront sur les standards internationaux. Sur les 1700 spas du Maroc, 250 sont déjà entrés dans les normes de compétence internationale. Et si l'on sait que 82% des touristes internationaux font aujourd'hui le choix du bien-être pour leurs séjours à l'étranger, il est nécessaire de proposer un service en adéquation avec la demande». La première promotion « d'étudiants en spa » devrait démarrer à Casablanca d'ici la fin de l'année.