Le comité des sages de la HACA a fait sensation en n'accordant aucune licence télé suite à son appel à concurrence, lancé en août dernier. La crise a pesé de toute son omniprésence... Le Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle (CSCA) a rendu son verdict concernant l'octroi de la nouvelle vague de licences télé. Le comité des sages a au final décidé de débouter tous les soumissionnaires à l'appel d'offres. Cette décision tant attendue n'a pas manqué de faire son lot de déçus. En effet, la surenchère médiatique qui a accompagné cette nouvelle étape dans la libéralisation du secteur a mis en exergue un jeu de personnalités aspirant à investir ce secteur. Le fait qu'on leur oppose un refus a donc fait sensation. Cependant, les sages de la HACA ont motivé leur décision par l'aspect conjoncturel défavorable. Car depuis le lancement des appels à concurrence le 11 août 2008, le contexte économique a marqué un revirement de tendance. La crise est passée par là et les prévisions d'évolution du gâteau publicitaire qui étaient de 14% pour 2008 ont souffert de la contraction sérieuse des budgets de communication des entreprises lors du dernier trimestre de l'année. Acheter de l'espace publicitaire devient moins opportun lorsque les besoins se font plus pressants ailleurs. C'est ainsi en tout cas que la HACA a justifié, dans le communiqué de presse, sa position. «Le Conseil a estimé que l'admission de tout nouveau projet de télévision nationale présente actuellement un risque important de déséquilibre pour le secteur, pouvant manifestement compromettre l'équilibre des opérateurs audiovisuels publics et privés existants à court terme, et leur viabilité, à moyen terme». Pour décrypter ce langage officiel, il faut comprendre que c'est sur la base des prévisions de croissance du secteur que l'autorité a projeté d'octroyer des licences. Or, ces prévisions n'ont plus lieu d'être dans le contexte actuel. Aussi, en attendant d'avoir plus de visibilité, la décision est en quelque sorte différée à un moment plus propice. Mais d'aucuns diraient que ce sont surtout les déboires de Médi1sat qui ont influé de manière substantielle sur le cours des choses. Ne pas passer outre la loi Les Français sont sortis du tour de table de la chaîne satellitaire en pleine crise. Ils ont ainsi rendu caduque la raison d'être de cette chaîne, qui était avant tout un espace de coopération média entre la France et le Maroc. Les actionnaires marocains, en particulier Maroc Télécom et CDG, se sont tout au contraire renforcés dans le capital, sans pouvoir toutefois relever la barre. Est-ce à dire que ce non octroi des licences télé est une manière d'offrir une solution de sortie de crise à Médi1sat ? Rien n'est moins sûr, car la loi est formelle là-dessus : «une chaîne émettant en zone franche ne peut prétendre à une couverture hertzienne», explique un proche du dossier. La HACA aura beau être sensible à certaines influences, elle ne peut passer outre la loi. La solution la plus tangible pour que la chaîne satellitaire accède à la couverture hertzienne, c'est que l'Etat prenne de manière affirmée le contrôle de cette institution. Au moins à travers la CDG, son bras armé dans l'économie. Auquel cas, le conseil de l'audiovisuel n'a plus son mot à dire, puisque ces prérogatives s'arrêtent aux opérateurs privés. Mais n'est-ce pas là justement un élément supplémentaire qui peut justifier sa décision du 23 février ? Car ajoutée au manque de visibilité, la possibilité de voir un nouvel opérateur audiovisuel public ne peut qu'encombrer d'avantage un horizon déjà très chargé. Toutefois, les candidats les plus résolus n'ont pas baissé les bras et en appellent à toute leur influence pour que le comité des sages accède à leur requête. In fine, cette décision reste avant tout un report d'un nouveau pas vers la libéralisation du secteur. Une libéralisation qui reste donc à ce jour tributaire de l'aspect conjoncturel. En attendant des jours meilleurs, c'est le risque pour la viabilité du secteur qui a primé. Affaire à suivre…