Des exportations en hausse mais pas assez pour compenser le déficit de la balance commerciale. Les importations continuent, en effet, de peser de tout leur poids… Ce n'est un secret pour personne. Le déficit commercial de marchandises a enregistré un gap de taille durant l'année écoulée, l'estimation est de l'ordre de 167,8 milliards de DH. C'est essentiellement dû à la croissance des importations des produits énergétiques, des biens d'équipement et au renchérissement des prix des céréales sur les marchés internationaux. Résultat : la croissance des importations est de 58,2%. Si les importations des denrées alimentaires s'élèvent à 31,7%, c'est que 54,4% sont constitués d'achats de blé, de maïs et d'orge. Par ailleurs, les importations de produits finis de consommation amputent l'équilibre commercial. Elles ont représenté 16,5% des importations globales, soit 53 milliards de DH. Encore plus, elles ont crû de 8,5% l'an passé. Selon les experts de la direction des études au sein du ministère du Commerce extérieur, ce déficit s'explique par le fait que “la croissance des importations n'a pas été suffisamment couverte par la croissance des exportations, qui s'est élevée à 24,3% en 2008, alors qu'elle n'a été que de 10,7% en 2007”. En effet, les entreprises opérant dans le commerce des services ont contribué à enregistrer un excédent de l'ordre de 49,8 milliards de DH à la fin de l'année dernière. Le poids de la filière phosphatière Par ailleurs, cumulé aux exportations de biens, avec une progression qui se fixe à 13,2%, c'est à un montant d'environ 253 milliards de DH que s'élève cette rubrique. “Les exportations de biens ont été les plus dynamiques avec un accroissement de 24,3% contre une légère baisse pour les exportations de services”, ne manque pas de préciser à ce niveau la source ministérielle. Un autre secret de polichinelle : la performance des exportations des biens revient comme d'habitude à la croissance des livraisons des phosphates et dérivés. En effet, le secteur à lui seul représente 33,4% de l'ensemble des exportations toutes activités exportatrices confondues. Une année auparavant, soit en 2007, il n'était question que d'un taux de 17%. Cette progression se traduit indéniablement par le montant des ventes enregistrées. C'est ainsi que les transactions se sont soldées par une somme de 51,4 milliards de DH, et à titre de comparaison, avec l'exercice précédent, ce sont 29 milliards de DH de plus à mettre à l'actif de l'année 2008. Certes, la filière phosphatière demeure inexorablement un maillon de taille des exportations, toutefois, les statisticiens du ministère du Commerce extérieur insistent pour relever que “le revers de la médaille a été la baisse de la demande adressée au Maroc depuis le mois de novembre et l'apparition de nouveau pays exportateurs tels que la Chine”. Les données sont là. Puisque hors phosphates, les exportations des biens n'ont augmenté que d'1%. La demande étrangère connaît une décroissance certaine, le taux des exportations des biens de consommation en témoigne. Ces dernières ont baissé de 7%. D'ailleurs, la conjoncture a également été défavorable aux ventes de vêtements confectionnés, qui sont en baisse de 8,4%, et aux articles de bonneterie, qui eux enregistrent une chute de 16%. La situation est d'autant plus sensible que les principaux pays de destination de ces produits émettent de moins en moins de commandes. Côté articles de confection, il faut savoir que les marchés traditionnellement preneurs (Royaume Uni, Espagne, Irlande, Pays-Bas, Italie, Portugal) représentent 99% du total des ventes. Et le marché anglais à lui seul enregistre une décote des exportations de l'ordre de 23%. Même topo du côté de la bonneterie, où les pays qui réceptionnent 95% des exportations connaissent des reculs allant jusqu'à 39% en termes d'achats. Petite lueur en revanche pour les exportations réalisées dans le cadre des accords de libre-échange. A titre d'exemple, les exportations entre le Maroc, les Etats-Unis et la Turquie ont pratiquement doublé. Ce constat se vérifie aussi en matière d'importations, mis à part que la principale hausse qui est également estimée au double concerne l'accord de libre-échange avec la Jordanie.