La tendance baissière des indices de la Bourse de Casablanca se confirme. Mais même si les analystes se gardent de pronostiquer le plancher et la date à laquelle il sera atteint, ils s'accordent tout de même sur la nécessité d'une action concertée et de nouvelles introductions pour impulser le mouvement de reprise. Depuis la débâcle de septembre dernier, le microcosme boursier marocain vit dans le marasme. La tendance baissière s'est bel et bien confirmée et la place casablancaise s'est vue désertée par ses investisseurs. Mais bien malin celui qui peut dire quand les indices toucheront le fond pour entamer leur remontée. Si ici et là, des voix discrètes marmonnent que la descente aux enfers ne s'est pas encore achevée, la réserve est de mise pour ne pas accabler le malade. D'autant que la confiance est la clé de voûte de tout l'édifice du marché financier. Ainsi, les investisseurs sont échaudés par les pertes de fin d'année et ont désormais une aversion au risque très exacerbée. Ils ont appris à réorienter leur épargne vers les bons du trésor, les instruments monétaires et autres produits refuges. Le mouvement de panique de septembre noir a laissé des traces indélébiles, car les fortunes se sont défaites encore plus vite qu'elles ne se sont faites lors des cinq dernières années. Gare aux mauvais résultats ! Le mois de mars, avec ses habituelles publications de résultats, approche, et tous les acteurs de la place appréhendent l'heure des comptes. «La publication de bons résultats n'induira pas forcément une reprise des cours, par contre des mauvais résultats auront une incidence certaine», explique Widad Ouardi, analyste à Integra Bourse. C'est d'ailleurs ce qui a été constaté lors de la publication des résultats semestriels de l'année dernière, où les bons résultats affichés par bon nombre de sociétés cotées n'a pas boosté leurs cours en bourse. «Le marché est surtout sensible aux mauvaises nouvelles», étaye-t-elle. Les publications du mois de mars sont donc une épreuve qu'il faudra digérer, en espérant qu'il n'y ait pas trop de dégâts. Car des résultats négatifs avorteraient l'espoir d'une reprise à court voire moyen terme. Les analystes estiment dans l'ensemble que la purge a été salutaire et que la dépréciation de 6 points du PER de la place est une bonne chose. «Le niveau de valorisation après la purge redevient intéressant, mais les investisseurs ont tendance à céder leurs titres dès que ceux-ci prennent quelques points». De toute façon, le problème reste le volume des échanges très faible. Même s'il y a du mieux puisqu'en ce moment, la fièvre vendeuse s'est atténuée. Il n'y a ni achat ni vente. Alors qu'il y a quelques semaines, tout le monde se plaçait à la vente. Alors que nous augure l'année 2009 en termes de performances ? «D'un point de vue technique, les indicateurs de direction vont dans le sens d'une poursuite de la tendance actuelle», avance Widad Ouardi. Même si elle explique que les fondamentaux et l'économie de notre pays dans son ensemble sont relativement bons. «L'état d'esprit des investisseurs est marqué par l'hésitation», rajoute-t-elle. Pour revenir à l'aspect technique, la correction a commencé au contact de la résistance des 14800 points, aussi notre analyste estime que le prochain seuil est à 7400 points. La tendance devrait donc se poursuivre, et pour l'inverser, il faudra faire un réel effort à tous les niveaux. Les pratiques de split et de programmes de rachat ont montré leurs limites quant à leur ambition d'accroître la liquidité du marché, comme en témoigne la régression des volumes sur l'année 2008. «Le recul de la confiance des investisseurs ne pourra être regagné qu'à travers la conjugaison de plusieurs actions concertées des autorités régulatrices du marché», estime notre analyste. Ces actions ne concernent pas que l'aspect fonctionnement et gouvernance de la bourse des valeurs de Casablanca, même si cet aspect est loin d'être négligeable. D'autres pistes sont à creuser avec le plus grand sérieux. Ainsi, la révision de la fiscalité des valeurs mobilières pourrait inciter de nouveau les investisseurs à revenir sur le marché des actions. Mais surtout, tout le monde attend avec impatience de nouveaux beaux papiers à se mettre sous la dent. Comme par le passé, les grosses introductions ont en général impulsé le marché et pourraient constituer une fois de plus un catalyseur de la performance de la place. Toutefois, les candidats se font rares et sont pour le moins frileux. Au vu des conditions actuelles du marché, les entreprises publiques telles que l'OCP, la RAM, l'ONE, ou encore l'ONCF sont celles qui bénéficieront le plus de la confiance des investisseurs. Ce sont aussi celles qui pourront le mieux gérer le risque d'une introduction par les temps qui courent. Encore faut-il qu'ils se jettent à l'eau. Du côté de l'office chérifien du phosphate, premier candidat pressenti, rien ne filtre sur une éventuelle IPO courant 2009. Les observateurs sont donc dans l'expectative et appellent de leurs vœux une introduction en bourse retentissante, qui redonnerait au marché un peu de ses couleurs d'antan. D'ici là, les analystes se cantonnent dans la prudence et se refusent à tout pronostic pour le calendrier de reprise, invoquant un cruel manque de visibilité. En tout cas, les plus optimistes d'entre eux nous renvoient vers le deuxième semestre. Le zénith est derrière nous, le nadir devant, mais ce n'est sûrement pas pour demain… !