Sur le marché des produits à taux, les informations se suivent et se ressemblent et font état d'une baisse régulière des taux d'intérêt. Cependant, quand les banques en profitent, leurs clients, eux, continuent de supporter des taux toujours très élevés. Pourtant, l'enjeu financier est relativement important et peut dépasser 5% du montant global du remboursement. Dans un communiqué en date du 26 juin 2014, la Bourse de Casablanca a annoncé la révision à la baisse du taux facial de son emprunt obligataire de 2010. En effet, ce taux passe de 4,98% à 4% seulement, marquant un retrait de 98 points de base. Cela veut dire que la banque devra commencer à rémunérer ses créanciers obligataires concernés à un taux plus faible. Ceux qui avaient souscrit à la tranche à taux fixe ne connaitront aucun changement. Cet état de fait est caractéristique de la situation dans laquelle se trouvent les taux. Parce que la baisse des taux d'intérêt variables est fonction de l'évolution des taux moyens pondérés (TMP) calculés de manière régulière. Pour le cas de figure, la révision intervient de manière annuelle. Mais cela montre que les taux d'intérêt sont bel et bien sur une tendance baissière, du moins sur les douze derniers mois. Mais, étrangement, les taux débiteurs continuent d'augmenter, alors que les taux créditeurs baissent sensiblement. C'est du moins ce qui est perceptible dans les statistiques de la Banque Centrale, au cours du dernier mois. A titre d'exemple, le taux minimum appliqué par les différentes banques de la place au compte sur carnet est passé de 3,74% à 3,01% entre juillet 2013 et juillet 2014. Il s'agit, là également, d'une baisse de 73 points de base pour cette autre rémunération servie par les banquiers à leur clientèle. Donc les banques offrent littéralement moins à leurs clients et à leur créancier pour les rémunérer des crédits. Pourtant, dans le même temps, elles continuent à demander pratiquement autant à leur clients qu'il y a un an. Il suffit là également d'observer les taux débiteurs pour s'en convaincre. En effet, entre le premier trimestre 2013 et le premier trimestre 2014, les taux d'intérêt débiteurs sont passés de 6,01% à 5,96% après avoir culminé à 6,52% durant le quatrième trimestre 2013. Mais toujours est-il que les taux débiteurs que facturent les banques à leur clientèle n'ont varié que de 5 points de base sur la période et l'amplitude entre le maximum et le début de la période n'est que de 51 points de base. On est donc très loin des 98 points de base de baisse dont les taux d'intérêts variables de certaines obligations ont fait l'objet. Pire encore. D'une part, quand il s'agit des crédits à taux variables accordés à leur clientèle, la révision des banques n'intervient que rarement dans le sens de la baisse. D'autre part, quand cela arrive, la baisse demeure insignifiante. C'est en tout cas le cas que beaucoup de clients ont. Abdallah Nomane, cadre dans une société dans le secteur de la communication et client d'une banque de la place affirme avoir «bénéficié d'un crédit immobilier à taux variable souscrit en 2008». Son crédit porte sur un montant global de 900.000 dirhams pour une échéance mensuelle qui n'était que de 7100 dirhams environ. Mais depuis 2011 pratiquement, Abdallah affirme supporter quelque «7485 dirhams, soit une différence de 385 dirhams». Evidemment, quand il demande des explications, son chargé de clientèle lui rappelle que «la conjoncture difficile a été à l'origine d'une très forte hausse des taux d'intérêt, par conséquent, tous les taux variables ont subi une nette hausse». Le seul véritable conseil qui lui est donné est de changer son taux variable en taux fixe, comme le lui autorise le contrat au moins une fois pendant la durée de vie du crédit. Evidemment, en matière de baisse des taux d'intérêt, c'est avant tout une question de rapport de force. La clientèle de particuliers ainsi que la plupart des petites et moyennes entreprises n'ont pas de pouvoir de négociation vis-à-vis des banques. Par conséquent, même si cette clientèle formule la demande d'un changement de son taux d'intérêt, ce dernier n'intervient pas systématiquement. Evidemment, ce n'est pas le cas pour le Trésor public qui vielle au grain et qui voit ses taux révisés beaucoup plus régulièrement que la clientèle de particuliers ou de PME. C'est aussi le cas des grandes entreprises, comme OCP Group, Managem, Addoha, CGI, Alliances développement immobilier ou encore Maroc Telecom. Le Trésor public par exemple voit ses principales courbes des taux reculer ces dernières semaines. C'est en tout cas ce qu'affirment les analystes de BMCE Capital Gestion. Selon eux, «en termes de taux, l'argentier du Royaume maintient son trend baissier. En effet, la maturité 13 semaines a été retenue à un taux de 3,03%, soit une baisse de 3 points de base», pour la dernière adjudication des bons du Trésor du mardi 8 juillet. Mais visiblement, tout le monde n'a pas cette position dont bénéficie le ministère des Finances auprès des banquiers. Evidemment, la Banque Centrale appelle régulièrement à plus de transparence dans la détermination des taux d'intérêt et dans la fixation des tarifs bancaires en général. Sauf que, les consommateurs ne sont souvent pas enclins à faire des réclamations auprès de leurs propres banques. Ce qui fait perdurer une situation qui ne leur est sans doute pas très profitable. Alors que l'enjeu financier est relativement important. Si l'on prend le cas du client cité plus haut, on peut se rendre compte que l'écart subi par son crédit porte sur plus de 5% du montant global du remboursement, en principal et intérêt.