Avec un budget quinquennal de 600 millions de DH, l'Agence a davantage de moyens pour développer ses activités. Où en est-on aujourd'hui ? Challenge Hebdo : vous avez signé, en juin dernier, un contrat-programme avec l'Etat. Que s'est-il passé depuis? Latifa Echihabi: Le contrat-programme Etat-ANPME adopte une nouvelle approche, basée sur des programmes d'appui différents, selon le niveau de compétitivité de l'entreprise, en l'occurrence, Imtiaz et Moussanada. Les procédures de déploiement de ces deux programmes sont actuellement en cours de finalisation. S'agissant des chantiers en cours, il convient de citer la création des réseaux régionaux pour la modernisation des entreprises qui visent à instaurer une dynamique régionale impliquant les opérateurs économiques locaux dans le développement de la compétitivité territoriale en général et celle des entreprises en particulier. C'est ainsi que les réseaux régionaux de Casablanca, Agadir, Fès, Oujda, Settat et Safi ont été créés, alors que d'autres réseaux sont en cours de création dans les régions qui lui ont manifesté de l'intérêt. Par ailleurs, l'ANPME, dans le cadre du financement du MCC, prépare le lancement du programme de soutien à la jeune entreprise qui vise la pérennisation des PME créées auprès des guichets Moukawalati à travers l'octroi d'une formation et d'une assistance technique adaptées pendant les deux premières années de leur existence. C. H. : selon une étude récente, les entreprises marocaines résistent mieux durant les premières années de création. Leur taux de survie est par contre en baisse. Pourquoi ? L. E. : à mon sens, et en l'absence d'un vrai observatoire de l'entreprise qui peut suivre la démographie des entreprises et renseigner de manière précise sur les flux de création et de mortalité, les analyses restent incomplètes et imprécises. Néanmoins, le retour que nous avons du terrain montre que les entreprises qui arrivent à bien résister les premières années mais qui commencent à avoir des difficultés par la suite sont souvent des entreprises qui n'arrivent pas à maîtriser leur croissance. De ce fait, un accompagnement adéquat de ces entreprises durant cette période constitue un facteur déterminant pour l'amélioration de leur santé. C. H. : ont-elles besoin davantage d'incitations (fiscales) pour mieux s'en sortir? L. E. : plusieurs études ont conclu que la fiscalité au Maroc reste élevée comparativement aux pays concurrents, ce qui grève considérablement la compétitivité des entreprises en général et celle des PME en particulier. En effet, les entreprises n'ont pas seulement besoin d'une réduction du taux de fiscalité, mais également de son adaptation aux spécificités et à la taille des PME. Ces mesures auront indéniablement un effet bénéfique sur la trésorerie des PME qui pourront réinvestir les bénéfices dans le développement de l'entreprise. De même qu'elles pourront améliorer leur taux d'encadrement si la fiscalité sur les salaires est également réaménagée. A ce sujet, un début de ce réaménagement de la fiscalité a été opéré en 2008 avec la baisse de l'IS à 30% et il n'est pas exclu que la prochaine loi des finances apporte de nouvelles dispositions. C. H. : les PME gagneraient à se regrouper. Etes-vous favorable à ce genre de mouvement? L. E. : dès sa création, l'ANPME n'a eu de cesse d'encourager la démarche de regroupement des entreprises car elle permet de doter les PME d'une force de pénétration des grands marchés et peut mettre en place des actions de mutualisation, à savoir: l'approvisionnement, le stockage, la maintenance des équipements, la veille concurrentielle et technologique, la recherche et développement, la formation... C'est ainsi que dans le cadre d'un partenariat entre le Département du Commerce Extérieur, l'ANPME, l'ASMEX et l'ONDUDI, un fonds d'appui aux consortia à l'export a été mis en place et à ce jour, 10 consortia à l'export ont pu être créés. En outre, un programme d'appui à la création de Groupements d'Intérêt Economique est en cours de réalisation au profit des femmes entrepreneurs en partenariat avec la GTZ. Il est à signaler que les groupements d'entreprises sont éligibles aux programmes d'appui de l'ANPME dès la première année de leur création. C. H. : vous accompagnez des entreprises pour la catégorisation en douane. Leur nombre n'est pas encore très conséquent. Qu'est-ce qui bloque encore? L. E. : l'ANPME accompagne effectivement les entreprises qui le désirent, pour se faire catégoriser en douane, car nous estimons que cette catégorisation peut être un accélérateur de modernisation des PME qui s'engagent sur cette voie. Ainsi, sur les 103 entreprises ayant obtenu les catégories A et B, 67 ont été accompagnées par l'ANPME. Ces chiffres sont effectivement appelés à augmenter, compte tenu des avantages considérables pour l'entreprise en termes de facilité de cautionnement, de meilleure gestion du dédouanement qui peut même être réalisé à domicile, d'accompagnement de l'entreprise pour accéder au statut d'« opérateur économique agréé »… Ces avantages passent nécessairement par une relation de confiance et par une transparence totale de l'entreprise. C'est justement à ce niveau que se situe le blocage, puisqu'un grand nombre d'entreprises marocaines ne sont pas encore prêtes à jouer le jeu de la transparence. ◆