À en croire les opérateurs, l'adoption du fuseau horaire GMT+1 ne semble avoir profiter matériellement qu'à l'ONE (Office National d'Electricité). Les industriels n'ont pas encore évalué en chiffres la valeur ajoutée. Il semble que l'adoption du fuseau horaire GMT+1 ne soit pas faite dans l'unanimité. Le gouvernement n'aurait cédé que « temporairement » à l'argumentaire avancé par l'ONE et par celui du ministère de l'Énergie et des mines, soutenu par la tendance mondiale prônant l'économie d'énergie. Preuve en serait, le retranchement d'une heure depuis le 1er septembre dernier. Ce sont les résultats obtenus qui sont ainsi remis en cause. Le gouvernement continue à méditer sur cette question et le retour au GMT+1 après le mois de Ramadan n'en est que moins sûr. La mise en place d'une commission multipartite souligne son hésitation malgré les résultats avancés par l'ONE : un gain estimé à 90 mégawatts par jour durant cette période, résultat qui sera certainement revu à la hausse et pendant la saison hivernale, les 100 mégawatts jour pourront être atteints. Une certitude pour l'Office : le gain ira crescendo. « Le gain obtenu aujourd'hui représente l'équivalent de la consommation journalière d'une ville comme celle de Mekhnès », indique-t-on auprès de l'Office. Par ailleurs, nous apprenons, toujours de même source, que l'ONE n'a pas été convié à prendre place au sein de cette cellule, que devrait abriter le ministère de la modernisation des services publics. Une commission hors l'ONE Le gouvernement a pris, seul, la décision de retrancher une heure. Il nous a été par contre demandé de réaliser une évaluation de cette période ». Le profit enregistré par le principal fournisseur de l'énergie du pays est de notoriété publique. En revanche, les gains dont ont bénéficié les industriels sont encore du domaine de l'inconnu. De source proche du dossier, il se trouve que pour « les industriels, les effets sont plutôt négligeables en termes de gain en matière d'énergie », la même source ajoute qu'« ils ont à peu près consommé la même quantité avec une heure en moins ». C'est à se demander si cette action a réellement englobé dans son approche le tissu industriel du pays. Ce qui est clair, c'est que le ministère de l'Énergie et des Mines a initié comme action l'adoption du fuseau horaire GMT+1 depuis le 1er juin dernier; action qui entre dans le cadre des interventions du département d'Amina Benkhadra, menées pour le plan d'action 2008-2012. Elles sous-tendent deux mesures relatives à la maîtrise de la demande. Et en termes de demande, le secteur de l'industrie du textile et de l'habillement se positionne sur les premières marches du podium. « C'est difficile de faire une évaluation de la période où nous évoluons dans le fuseau horaire de GMT+1. Nous n'avons pas réalisé d'analyses chiffrées pour pouvoir donner des résultats », commente Mohamed Tazi, directeur général de l'AMITH (Association Marocaine de l'Industrie du Textile et de l'Habillement), interrogé sur le bilan de cette expérience. Et de poursuivre : « le GMT+1 nous a rapprochés de nos marchés étrangers. Le fait d'être revenu à ces deux heures de décalage, notamment avec l'Europe, crée un certain déphasage. C'est ainsi que lorsque nous rentrons au travail, nos homologues ont déjà quitté le leur. Nous n'avons pratiquement plus de contacts directs avec eux ! », déplore-t-il. Et qu'en est-il du bilan énergétique ? « En revanche, sur le plan de l'économie d'énergie, nous n'avons pas encore d'éléments pour trancher », confie-t-il. Synchronisation des horaires Dans le futur, quels sont les vœux formulés par les textiliens ? « Normalement, la logique voudrait que l'on revienne aux horaires en vigueur avant le mois de Ramadan. Les gens s'attendent même à plus qu'un régime horaire du GMT+1. Les opérateurs du textile espèrent un véritable alignement sur le fuseau européen. Le GMT+1 représente le moindre mal », explique Mohamed Tazi. Les explications de ce dernier vont dans le même sens que celles avancées par Hakim Marrakchi, qui est à la tête de la Fédération de l'Industrie Agroalimentaire. C'est ainsi qu'il reconnaît qu'« il est encore trop tôt pour dresser un bilan. L'opération ne s'est d'ailleurs déroulée que sur près de deux mois. De plus, nous n'avons pas encore reçu les factures d'électricité du mois d'août ». Réaliste, il souligne que : « ce n'est pas à notre niveau que les effets directs se feront sentir mais au niveau de l'Etat et de l'ONE ». Et c'est sans scepticisme que M. Marrakchi avance que durant cette période : « il n'est à relever aucun aspect négatif, ce qui représente un bon point. Nous n'en avons pas particulièrement souffert sur le plan des ressources humaines. Peut-être légèrement, relativement aux horaires de prière. Bien au contraire. Il est à souligner un avantage certain concernant nos relations avec nos partenaires commerciaux du Moyen-Orient et d'Europe ». En effet, la proximité temporelle avec les clients et partenaires étrangers est à mettre au crédit du système qui prévalait avant le 1er septembre dernier. Les représentants du secteur de l'agriculture ne remettent pas en cause cet aspect positif. Toutefois une nuance s'impose comme le souligne Ahmed Ouayach, président de la Comader. « En ce qui concerne le secteur agricole deux distinctions sont à relever. D'un côté, on retrouve les petits agriculteurs, il faut que pour lesquels il n'existe aucune réelle incidence. Leur activité est surtout régie par le soleil et notamment la durée de l'ensoleillement, car il s'agit généralement d'un secteur vivant au rythme d'un travail saisonnier. Et il est clair que ces agriculteurs ne sont guère tenus par des contraintes d'horaires administratives ». Alors où réside l'intervention du fuseau horaire GMT+1 dans l'agriculture ? Notre intervenant apporte plus d'éclaircissements : « quant aux agriculteurs opérant dans le secteur dit structuré, ils ont des avis partagés sur la question. Mais, il est généralement admis chez les agriculteurs exportateurs, le GMT+1 est beaucoup plus facilitateur. Le retour aux horaires d'avant juin 2008 signifie un écart supplémentaire avec l'Etranger, qui se creuse davantage. Leurs homologues commencent à travailler deux heures avant eux. Il subsiste alors un problème un problème de synchronisation. D'autant plus, cela est déplorable que nous sommes lancés dans le processus de mondialisation », conclut-il. Si les revendications du tissu industriel national sont prises en considération par les pouvoirs publics et notamment le gouvernement ; le retour au fuseau horaire GMT+1 n'est qu'une question de semaines. Non pas seulement parce que les factures énergétiques enregistreraient une baisse des montants alloués, mais parce que les relations avec les partenaires étrangers se verront améliorés. Mondialisation oblige… ◆