On le dit nommé à la tête de 2M pour enclencher le processus de fusion entre le SAP et Régie 3. Une mission compliquée, voire impossible au vu de l'hétérogénéité des deux entités. Et pourtant… Que peut bien attendre Fayçal Laraichi d'une nomination comme celle du jeune Salim Cheikh à la tête de 2M? A-t-il en charge une mission tactique donc limitée dans le temps ou durera-t-il au sommet de la chaîne ? Les pronostics vont bon train dans le microcosme de l'audiovisuel, versant presque tous dans le sens d'un deal qui va transformer de fond en comble la configuration actuelle du marché. En effet, si le scénario de la privatisation de la chaîne d'Ain Sebaâ est avancé par plus d'un, celui de la fusion entre les deux régies de publicité, à savoir d'un côté Régie3 dont la grosse partie du chiffre d'affaires est générée par la gestion d'espaces publicitaires pour le compte de 2M, et d'un autre côté le SAP (Service autonome de publicité), n'est pas moins envisagé. Opération aujourd'hui impossible vu que la première entité est privée, détenue majoritairement par Médi1 (à hauteur de 65% grâce notamment au rachat des parts de l'ONA) et que la seconde est une entité publique (en dépit de la transformation en société anonyme). Comment sera-t-il possible dès lors de boucler le projet de fusion entre deux organismes hétérogènes de ce point de vue ? «Tout simplement en rachetant les parts majoritaires à Pierre Casalta, patron de Médi1», déclare d'emblée ce professionnel de l'audiovisuel. Et d'ajouter, «une fois que le contrôle opérationnel sur Régie3 sera concrétisé, l'étape suivante consistera à construire une grosse régie publicitaire adossée au pôle public. Ainsi, les choses seront mille fois plus faciles à maîtriser par le pôle public ». Quid de la privatisation ? La réflexion date de quelques mois. L'avenir de tout le pôle faisait alors l'objet de discussions profondes. Faut-il garder l'architecture telle quelle ou plutôt mettre en place une opération tactiquement engageante pour la SNRT ? Selon une source proche du dossier, «un groupe étranger a même été approché. La proposition tournait autour de la libéralisation de 2M. Or, ce groupe a été découragé par l'existence d'un mastodonte public qui maîtrisait une grosse partie du marché. Le scénario de la privatisation a alors montré qu'il n'a que de petites chances d'aboutir». Et Salim Cheikh dans tout cela ? Cet ancien directeur du SAP et homme de confiance du patron du pôle public aurait, selon des opérateurs du milieu de l'audiovisuel, les atouts qu'il faut pour mener à bien cette opération. Contrairement à un Driss Benali, dont les différends avec Fayçal Laraichi étaient devenus un secret de polichinelle, cet Iscaéiste a, outre la réputation d'être un homme de consensus (est-ce toujours une qualité ?) et de bien manier l'art du marketing, celle d'être sur la même longueur d'onde que son supérieur hiérarchique. Contacté par téléphone, Salim Cheikh est resté injoignable, ne donnant ainsi pas sa version des faits quant aux missions qui lui sont affectées. «Le timing lui impose aujourd'hui de réfléchir à la nouvelle grille, celle du mois de Ramadan. Ce sera en quelque sorte son premier examen de passage. Tout le reste, aussi stratégique soit-il, pourra attendre l'après-septembre», souligne une source proche de la chaîne. C'est aussi sur ce plan que des aménagements devront se faire pour au moins inverser les chiffres selon lesquels quelque 60% de l'audience échappent aux chaînes marocaines à cause d'une concurrence satellitaire dont l'impact n'est plus à prouver. Salim Cheikh en sait beaucoup sur ce point, puisqu'il a été la cheville ouvrière du projet Marocmétrie. ◆