Tarik Oualalou est catégorique. Aujourd'hui en chantier, le Grand Stade Hassan II fera du Maroc « l'un des grands théâtres de l'invention architecturale du 21e siècle », comme ce fut le cas au dernier centenaire avec les villes de Rabat et de Casablanca. « De nos jours, on ne peut plus faire des bâtiments qui soient étanches, qui soient des carapaces. Donc, on doit faire des bâtiments qui soient des membranes respirantes qui créent un nouveau rapport avec les éléments », souligne le célèbre architecte marocain, dont le cabinet Oualalou+Choi supervise le projet en collaboration avec le cabinet international Populous. A préciser que ce stade, érigé dans la commune de Benslimane, est destiné à être le plus grand monument du football mondial avec une capacité de plus de 115.000 spectateurs. Il est candidat à accueillir soit la cérémonie d'ouverture, soit la finale de la Coupe du Monde 2030. de football. Il est en concurrence avec le Santiago Bernabeu de Madrid et le Camp Nou de Barcelone. La structure tendue couvrant le stade sera « la plus grande structure tendue jamais réalisée et qui en termes de poids couvre un volume immense avec une très grande légèreté. Le rapport entre le volume et le poids de la structure est « inédit », soutient M. Oualalou, qui se décrit comme un « grand fan de football ». En fait, elle va constituer un immense espace de protection de la nature, un espace où les plantes, les animaux et les insectes vont vivre tout au long de l'année. Ce cadre peu conventionnel, en plein milieu de la forêt, va offrir une belle expérience aux supporters. Lire aussi | Les travaux de construction du stade Hassan II s'achèveront en 2027, assure Lekjaâ En plus d'être construit selon les normes les plus strictes de la FIFA, le lieu promet un dépaysement total dès l'arrivée aux abords du stade, avant de s'aventure au milieu des jardins ombragés entourant l'enceinte. Une mise en scène captivante avant même d'arriver dans les gradins. Symbole de la congrégation Depuis la publication, durant l'été dernier, des premières images de l'architecture du stade, les gens ont vite fait le parallèle avec ces grandes tentes que l'on retrouve dans les souks hebdomadaires. « La tente est une figure universelle qu'on peut trouver partout dans le monde. C'est une forme proto architecturale. », dit Tarik Oualalou, qui a tenu à souligner cet aspect. « On a voulu rendre compte de la grande tradition d'hospitalité marocaine et de la congrégation. Et les grands lieux de congrégation au Maroc, c'est le moussem. Un lieu temporaire qui s'inscrit souvent dans une structure rurale où on utilise les tentes. Donc, on a revisité et réappris de ces choses là, pas de façon folklorique, mais vraiment de manière très profonde pour créer », raconte-t-il, dans des déclarations en marge de la Science Week à l'UM6P de Benguerir. L'idée est que les gens viennent ici pour dialoguer avec la culture, mais aussi trouver des intersections avec les lieux d'où ils viennent. Un match de football est surtout une occasion de faire la fête, d'où le lieu de ressemblance ou de convergence avec le Moussem. Lire aussi | Populous révèle plus de détails sur le Grand Stade Hassan II « C'est pour ça que je dis qu'il n'y a pas de dimension folklorique dedans. Il y a des dimensions très profondes dans l'expérience que l'on veut que les gens vivent dans ce bâtiment », fait savoir Tarik Oualalou, qui reconnaît que lui-même adore aller dans le stade pour connaître cette ambiance festive. En contrôle du projet Tarik Oualalou, qui compte à son actif plusieurs projets de référence au Maroc et à l'étranger, se félicite, par ailleurs, de la dynamique positive du gigantesque projet, qui incarne les ambitions et les aspirations de tout un pays. En tant que mandataire du groupement, il se montre très satisfait de la collaboration avec Populous, une entreprise qui a réalisé un bon nombre de grands stades de par le monde. « On les a intégrés dans notre équipe, on a beaucoup appris de leur expérience partout dans le monde, parce que l'important c'est aussi d'avoir leur retour d'expérience sur ce qui a marché et ce qui n'a pas marché, ainsi que sur les grandes tendances mondiales », relate-t-il. Et de préciser : « Mais on reste en contrôle du projet architectural, et c'est ce qui est le plus important. Aujourd'hui, le bâtiment est en chantier, nous avons passé la phase de conception. On est en phase d'exécution ». Lire aussi | Mondial 2030. Le stade de Benslimane baptisé Grand Stade Hassan II [Premières images] Il a qualifie le travail qu'il accomplit «d'une petite partie d'une grande vision portée par Sa Majesté et mise en œuvre de manière extraordinaire par la Fédération ». Chacun des acteurs impliqués dans la traduction de cette vision « le fait avec toute la dédication possible ». « On vit un moment unique, où la collectivité, la société civile, les architectes, tout le monde a le sentiment de participer à quelque chose de particulier et fait en sorte que ce soit un moment qui compte, qui va nous définir pour une génération », lance-t-il.