La transition du transport maritime vers des carburants non polluants est un enjeu crucial pour le Maroc. En effet, ce secteur représente une part significative des émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau mondial, et le Royaume se trouve à un carrefour stratégique en matière de transport maritime Les ports marocains, comme ceux de Tanger Med et Jorf Lasfar, sont non seulement des hubs économiques majeurs, mais aussi des plateformes déterminantes dans la chaîne logistique internationale. À travers cette transition, le Maroc peut non seulement répondre aux défis environnementaux, mais aussi transformer ces contraintes en opportunités économiques. Un enjeu global Le transport maritime est responsable d'environ 2,5 % des émissions mondiales de CO2, avec plus de 940 millions de tonnes émises chaque année. Les bateaux, notamment les grands porte-conteneurs et pétroliers, utilisent des carburants fossiles particulièrement polluants, tels que le fioul lourd, qui libère un mélange de dioxyde de carbone (CO2), d'oxydes de soufre (SOx) et d'azote (NOx), ainsi que des particules fines nocives pour la santé et l'environnement. Les effets de ces émissions sont particulièrement ressentis dans les zones côtières, proches des ports, où la qualité de l'air est souvent dégradée, affectant les populations locales. Lire aussi | LGV Kénitra-Marrakech : une entreprise chinoise décroche le lot 5 de génie civil Face à cette pollution croissante, l'Organisation maritime internationale (OMI) s'est fixée pour objectif de réduire de 50 % les émissions de GES d'ici 2050, par rapport aux niveaux de 2008. Des solutions techniques émergent progressivement, telles que l'utilisation du gaz naturel liquéfié (GNL), bien que ses avantages environnementaux soient limités. Des carburants alternatifs, comme l'ammoniac vert et le e-méthanol, pourraient cependant jouer un rôle décisif dans la réduction des émissions du secteur maritime. Les ports marocains au cœur de la transition Les propos récents du ministre marocain de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, illustrent bien les ambitions du Royaume. Il a notamment souligné l'importance de la transition vers des carburants non polluants pour les systèmes logistiques maritimes marocains, évoquant l'ammoniac, le e-méthanol, et d'autres alternatives. Cette transition vers une décarbonation complète des ports ne constitue pas seulement un défi, mais aussi une opportunité unique pour renforcer le rôle des ports marocains comme hubs énergétiques et logistiques. Lire aussi | Transport maritime : la flambée des prix, une opportunité pour le Maroc ? En effet, le port de Tanger Med, l'un des plus grands ports à conteneurs d'Afrique, joue un rôle clé dans les flux commerciaux internationaux. Cette infrastructure stratégique pourrait devenir un modèle de port à émissions nulles si elle parvient à adopter rapidement des technologies vertes et des carburants non polluants. En réduisant la dépendance aux carburants fossiles et en intégrant des solutions énergétiques renouvelables, les ports marocains pourraient non seulement améliorer leur compétitivité, mais aussi répondre aux exigences de durabilité des grandes entreprises mondiales qui privilégient désormais les chaînes logistiques respectueuses de l'environnement. Le défi et l'opportunité de la transition Pour le Maroc, la transition vers des carburants non polluants dans le transport maritime s'inscrit dans une stratégie globale de décarbonation. Selon Nizar Baraka, cette transition reconfigurera l'industrie maritime à l'échelle mondiale, et le Maroc pourrait se positionner parmi les pays leaders dans ce domaine. Toutefois, la réussite de cette transformation repose sur la capacité du pays à adapter ses infrastructures portuaires et à attirer des investissements massifs, à la fois publics et privés. Lire aussi | Eau : branle-bas de combat chez Nizar Baraka ! Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, a également souligné l'importance de préparer les ports marocains à cette révolution énergétique. L'hydrogène vert, l'un des principaux axes de la transition énergétique du Maroc, pourrait être l'un des carburants du futur pour les navires, permettant ainsi de réduire considérablement les émissions de CO2. Le Royaume, fort de son expertise en énergies renouvelables, est bien placé pour tirer profit de cette transition, tout en respectant ses engagements dans le cadre de la Contribution Déterminée au niveau National (CDN). Des ports compétitifs et durables Si les ports marocains parviennent à adopter ces nouvelles technologies et à devenir des hubs d'approvisionnement en carburants verts, ils pourraient jouer un rôle crucial dans le réseau mondial de transport maritime. Les plateformes portuaires qui réussiront cette transition seront non seulement plus compétitives, mais elles deviendront aussi des partenaires incontournables pour les armateurs cherchant à décarboner leurs flottes. Lire aussi | 18 milliards DH investis annuellement dans les projets routiers, assure Baraka Cependant, le chemin vers une activité portuaire à émissions nulles est semé d'embûches. Le financement de cette transformation, les incertitudes technologiques et la concurrence mondiale représentent des défis de taille. Toutefois, si le Maroc parvient à relever ces défis, ses ports pourraient s'imposer comme des leaders dans la nouvelle économie verte. Une vision d'avenir pour l'économie L'enjeu de la transition du transport maritime vers des carburants non polluants dépasse largement le cadre national. Il s'agit d'un défi global qui doit être relevé à travers une collaboration internationale étroite, mais aussi en intégrant pleinement les considérations environnementales dans les stratégies économiques nationales. Pour le Maroc, cette transition offre une opportunité exceptionnelle de renforcer son leadership en matière d'énergies renouvelables, de booster son économie, et d'améliorer sa position sur la scène internationale. En devenant un acteur majeur dans le transport maritime décarboné, le Royaume pourrait non seulement répondre aux enjeux climatiques, mais aussi en faire un moteur de croissance pour les années à venir.