Plusieurs opérations de saisie de poulpe pêché illicitement ont été opérées durant le mois de mai, mettant Aziz Akhannouch devant l'obligation de concrétiser une décision conditionnée par l'arrivée d'incidents de ce genre. Il s'agit de l'extension de la zone sujette au repos biologique au-delà de celle située entre cap Boujdour et Lagouira. «Toute unité interceptée en infraction des dispositions de respect des règles imposées par le repos biologique sera inscrite sur une liste noire des flottilles qui ne seront plus autorisées à accéder à la zone de pêche au poulpe». Cette phrase au ton strictement menaçant est signée Aziz Akhannouch. Il s'agit plus précisément de l'article 8 de la décision qu'il a signée le 30 avril 2008, annonçant un nouveau repos biologique appliqué à la pêche au poulpe pour les deux mois suivants. Et pourtant, le ton ferme du ministre de la Pêche n'a pas dissuadé les trafiquants de poulpe de multiplier les opérations de pêche illicite et ce, dès les premiers jours d'entrée en vigueur du repos biologique. «Il était prévisible que les trafiquants de poulpe reviennent à la charge encore une fois. Nous n'avons eu de cesse de tirer la sonnette d'alarme en demandant au ministre de serrer davantage les verrous. Il n'y a eu que des paroles. Le dernier coup de gueule date de fin avril quand nous avons expliqué les techniques et procédés employés par ces pêcheurs informels. Cela n'a pas été pris très au sérieux», s'indigne un armateur opérant dans la pêche hauturière. Les paroles de cet opérateur ne semblent pas exagérées, au vu de l'avalanche d'opérations de trafic et des nombreuses tentatives de blanchiment constatées sur le terrain. La situation est telle que, courant mai 2008, plusieurs opérations de trafic de poulpe ont été démasquées, piétinant la décision ministérielle de fermer la zone maritime située entre cap Boujdour et Lagouira aux trois flottilles opérant dans la pêcherie poulpière. Une décision qui doit s'étendre sur au moins deux mois, puisqu'il s'agit d'une durée prolongeable notamment «en cas d'apparition d'éléments biologiques nouveaux pouvant justifier une telle décision», tel qu'expliqué au département de tutelle. Des saisies en masse de poulpe blanchi Nous sommes jeudi 15 mai 2008. Une commission de contrôle de la wilaya d'Agadir procède au contrôle d'une unité de traitement des produits de la mer. Cela aurait pu ressembler à ces multiples opérations de routine qui servent généralement à marquer le point. Seulement, la vérification en question a permis de découvrir le pot aux roses. Plus de six tonnes de poulpe dont l'origine n'est pas justifiée étaient stockées. La traçabilité de ces quelque 14 autres tonnes en cours de traitement ne pouvait pas non plus être établie à l'appui de documents crédibles. Car des bons de pesée cachetés aux halles de poissons de Safi et d'Essaouira et qui devaient servir de justificatifs n'étaient pas convaincants. Et pour cause : devant obligatoirement porter la date et l'heure exacte de l'opération, ces bons ont presque tous été émis à la même minute dans deux halles différentes ! Un détail négligé par l'armateur et qui a permis de le coincer en possession d'une marchandise visiblement pêchée en zone interdite. «Tout cela montre bien que ce trafic est blanchi avec des documents signés par les délégations de l'ONP et par des certificats accordés par des vétérinaires peu scrupuleux», lance tout de go Abderrahmane Yazidi, secrétaire général du Syndicat des officiers et marins de la pêche hauturière. Même jour. Nous sommes à plusieurs centaines de kilomètres d'Agadir, plus précisément à Lâayoune. La police procède à l'arrestation d'un camion de transport de poisson congelé. Il n'a pas fallu plus de quelques minutes pour découvrir que l'engin transportait plus de 8 tonnes de poulpe pêché illicitement, puisque les documents censés justifier de son origine n'étaient pas bons. Résultat de la course : le chauffeur et les propriétaires du camion et de la marchandise ont été arrêtés en attendant d'être déférés devant la justice quelques jours plus tard. Samedi 17 mai, un autre camion s'est renversé à Akhfenir, un village situé à une centaine de kilomètres au sud de Tantan. L'accident permet de découvrir qu'il était chargé de 8 tonnes de poulpe illicite.En effet, durant la troisième semaine du mois, pas moins de cinq saisies ont été opérées, levant davantage le voile sur un business illicite développé à très grande échelle et que ni les menaces d'Akhannouch, brandissant une liste noire prête à accueillir de nouveaux noms d'armateurs trafiquants, ni les patrouilles sillonnant la zone de pêche et supposées en interdire l'accès durant les périodes de repos biologique, n'ont donné de résultats positifs. Ayant promis de renforcer le dispositif de contrôle au cours de la période de repos biologique, Aziz Akhannouch l'a visiblement fait. Extension en vue du repos biologique Toutes les dispositions mises en place jusqu'à aujourd'hui par le ministre de tutelle demeurent inefficaces. Des mesures plus radicales doivent voir le jour, d'autant plus que lui-même avait déclaré qu'aucune tolérance ne serait admise face à ceux qui osent enfreindre la loi. Le ton se voulait ferme. C'est ainsi qu'il était écrit noir sur blanc dans la note d'instauration du repos biologique pour la période du printemps 2008 que le ministre de la Pêche n'hésiterait pas, en cas de constatation d'activités de pêche ou de commercialisation illicite du poulpe, outre à appliquer les sanctions prévues par la réglementation en vigueur (essentiellement sous forme d'amendes), à étendre le repos biologique au-delà des limites géographiques de l'unité de gestion de la pêcherie poulpière. Et c'est justement là que les armateurs qui travaillent dans le formel l'attendent. La proposition que les armateurs des trois flottilles (hauturière, côtière et artisanale) lui avaient soufflé au terme d'une réunion ultimatum qu'il avait tenu fin avril était d'étendre le repos biologique au nord de Boujdour. Une décision que le ministre de tutelle n'a pas encore prise malgré le caractère récurrent des opérations de saisie au cours des dernières semaines.