Fatima Zahra Halssoussi, ingénieure d'Etat en Génie Civil de l'Ecole Hassania des Travaux Publics, dément tous les clichés associés à sa profession. Une profession que l'on imaginait traditionnellement comme étant un territoire masculin. Arrivée à l'ONDA en 2002, elle a su, avec toute sa légitimité, saisir toutes les opportunités d'évolution en occupant des postes de responsabilité qui l'ont amenée, sans jamais être traversée par le doute, mais simplement guidée par des convictions, à être désignée en août 2023 Directrice des Infrastructures. Fatima Zahra Halssoussi est en phase avec son métier actuel, très technique, entre urgence de l'immédiateté et projection dans le temps. Consciente des enjeux considérables et des ambitions de l'aéroportuaire, ainsi que ceux du Maroc, elle évoque la formidable évolution à travers tous ses chantiers et investissements aussi lourds qu'innovants et porteurs. Elle admire son pays pour tout cela et elle reconnaît à l'entreprise marocaine une remarquable capacité d'adaptation aux contextes et aux défis de chaque instant, tels que l'émergence de nouveaux secteurs, tout en restant lucide quant aux écueils qui entravent une performance à la hauteur des ambitions du pays : « L'efficacité opérationnelle de certaines entreprises est à améliorer pour élever leur niveau de compétitivité. » Lire aussi | Femmes : Des acquis certes, mais beaucoup reste à faire Avec sa vision de son métier et sa ténacité, elle opère, déclarant : « Dans mon métier, il n'y a pas plus d'obstacles à surmonter que de challenges à relever. » Un métier qui semble bien la passionner, malgré ses complexités humaines et matérielles, transformant les obstacles en opportunités et les challenges en résultats pour engager l'entreprise qu'est l'ONDA dans sa vision immédiate et future. Elle se fait un modèle de l'entreprise pour agir, performer, y prendre part et le porter, et qui serait avant tout celui où « participer à éliminer les biais de genre qui persistent en créant un environnement de travail égalitaire » ne relèverait pas du simple discours. Un modèle où son secteur lui dicte la cohabitation de 4 paradigmes : « durabilité, innovation, RSE et égalité des chances » ! Mais un modèle où la femme manager doit pouvoir apporter sa valeur ajoutée dans un intérêt collectif : « Je n'ai jamais eu le sentiment qu'être une femme peut constituer un handicap, mais je suis consciente qu'en tant que femme, il faut toujours faire plus. » Ne pas faire plus pour une femme requerrait donc un autre modèle d'entreprise ? Selon FZ Halssoussi, ce serait « Un modèle d'entreprise où épanouissement personnel, transmission de savoirs, et objectifs de l'entreprise ne font qu'un. » Lire aussi | Laftit le confirme, les femmes n'ont plus besoin du consentement du père pour obtenir le passeport de leurs enfants Pour la femme qu'elle est, citoyenne du Maroc, interpellée sur le prochain recensement général de la population nationale, sa priorité : « Les conditions de vie de mes concitoyennes, la scolarisation des filles en milieu rural, des données clés. » Elle se focalise sur le taux de scolarisation, pour elle indicateur essentiel de la progression de la condition de la femme en milieu rural, qu'elle a hâte de découvrir car impactant toute la condition des femmes du pays, leur avenir, leur rôle et leur détermination à le jouer pleinement, à être investies de missions à hautes responsabilités pour agir. Ce qui l'amène à commenter la citation de Margaret Thatcher : « Si vous voulez des discours, demandez aux hommes, si vous voulez des actes, demandez aux femmes. » Elle salue avec admiration les propos de celle qui fut qualifiée de « dame de fer ». Lui donnant raison, elle atténue néanmoins « la valeur » du propos en raison de l'époque, soulignant « qu'aujourd'hui, la collaboration et la complémentarité femmes-hommes ont leur fondamentalité, et inévitablement croiser les forces des unes avec celles des uns est un facteur de réussite ».