Pour un séjour de trois jours, qui a commencé le mardi 13 juin, le chef de l'Etat algérien s'apprête à rencontrer aujourd'hui son homologue russe Vladimir Poutine, ce Jeudi 15 Juin après avoir reporté in extrémis sa visite à Paris. En occident ce rapprochement est « jugé dangereux ». Alors que les relations avec la Russie et le Maroc semblent complexes, ce rapprochement risque de complexifier davantage les relations diplomatiques entre les deux pays. Sur le site officiel du Kremlin, dans la rubrique presse, on peut lire officiellement la note informant de la visite d'Etat du président algérien à son allié russe. « Vladimir Poutine s'entretiendra au Kremlin avec le président de la République algérienne démocratique et populaire Abdelmadjid Tebboune , qui est en visite d'Etat en Russie. Les présidents auront une discussion approfondie sur le développement de la coopération stratégique russo-algérienne dans divers domaines, ainsi que sur les questions actuelles de l'agenda international. Des documents communs doivent être signés à l'issue des pourparlers », peut-on lire sur le site du Kremlin. Lire aussi | La Fédération du Commerce et Services de la CGEM lance le label TAMYIZ Rappelons d'ailleurs que c'est la première fois, depuis le voyage à Moscou de l'ex-président Bouteflika, en 2008, qu'un président algérien est reçu pour une visite officielle en Russie. Cette visite intervient dans un contexte où la géopolitique mondiale connaît des bouleversements. Annoncé il y a quelques mois auparavant pour une visite d'Etat en France, visite d'ailleurs qui fut reporté sine die, le président algérien décide la destination Moscou. D'ailleurs, le terrain avait été préparé par le secrétaire du Conseil de sécurité russe Nicholaï Patrouchev, qui avait effectué une visite officielle en février 2023. La coopération militaire Russo-algérienne scrutée de près… « L'Algérie entretient des relations militaires bilatérales avec plusieurs pays. La Russie est son partenaire privilégié. Elle accueille des coopérants russes et un grand nombre d'équipements majeurs (avions de combat et de transport lourd, hélicoptères d'attaque, blindés et véhicule terrestres, systèmes de défense sol/air, bâtiments de combat...) proviennent de ce pays. », explique une note de la commission des affaires étrangères françaises. Dans une très longue analyse publié en avril dernier dans l'édition papier et électronique du quotidien allemand Die Welt , Alfred Hackensberger, correspondant indépendant depuis 2012 de Die Welt en Afrique du Nord et dans les pays arabes explique que , «le fait que Moscou renforce sa présence au Sahel a longtemps été un problème pour l'Occident. Mais c'est la relation de plus en plus intense entre l'Algérie et la Russie, combinant un partenariat stratégique avec des objectifs à long terme, qui est dangereuse». Et selon l'auteur, le danger se trouve dans le fait que »Moscou a transformé l'Algérie en base de l'hégémonie russe en Afrique, un continent sur lequel se concentre actuellement toute la politique étrangère du Kremlin». Lire aussi | Dakhla-El Guerguarat Grand Prix Omar Bekkari. Une première étape sous le sceau du succès L'auteur explique également que la junte algérienne cherche ainsi un «soutien politique» de la Russie à ses principales préoccupations, comme le dossier du Sahara marocain ou encore l'adhésion aux BRICS. Par conséquent il n'est pas donc étonnant que l'Algérie évite de «condamner à l'ONU l'invasion russe de l'Ukraine», qu'elle semble même parfois soutenir, écrit Hackensberger précisant que la nouvelle alliance stratégique russo-algérienne «préoccupe grandement les décideurs de l'Union européenne mais aussi l'administration américaine».