S'il est un sujet commun des deux côtés du détroit de Gibraltar qui suscite les passions et nourrit les discussions depuis quelques semaines, c'est bien celui de la crise diplomatique entre les deux royaumes voisins et prétendument amis, le Maroc et l'Espagne. Et comme il y a de l'excès dans toute passion, cela n'a pas manqué de déteindre, comme une capsule de détergent sur du linge sale, sur les discours et sorties médiatiques des uns et des autres, y compris de ceux qui sont censés rester dans le factuel, l'objectif voire garder la mesure. Aussi, ces dernières semaines la presse espagnole fait montre d'un déchaînement sans précédent contre le Maroc et notamment sa monarchie, dans des articles surréalistes et sans rapport avec les faits de la crise originelle ni même ses développements directs. Lire aussi | Sahara. L'Espagne ne veut pas céder de peur que le Maroc revendique Sebta et Melilla Entre attaques ad hominem contre des membres de la famille royale marocaine et notamment leur prétendu train de vie « démesuré » et interprétations fallacieuses ou, à tout le moins, tendancieuses des annonces et positions émises ici et là à travers le monde au sujet de la crise causée par un misérable arrangement de l'axe « dormant » Madrid-Alger, certains de nos confrères du voisin du nord ne ratent pas une occasion, pour déplacer le terrain du différend politique et couac diplomatique vers celui de la calomnie et l'intoxication. Une fuite en avant lamentable qui ne peut avoir pour ressort, venant d'un quatrième pouvoir d'une démocratie qui se veut établie et bien ancrée (certes ayant à peine l'âge moyen des plumitifs qui sont à l'œuvre contre notre pays et son système politique), que la volonté de camoufler le véritable embrouillamini dans lequel s'est empêtré le gouvernement de Pedro Sanchez dans cette « Affaire Brahim Ghali » où il a violé son propre code pénal pour faire plaisir à Alger ! Sans compter que le code d'honneur de bon voisinage avec un prétendu « allié » qu'il a bafoué allègrement et sans aucune contrition après que ses manœuvres en catimini eussent été dévoilées. Lire aussi | Maroc-Espagne. Non aux délires [Par Jamal Berraoui] Ce qui est, par contre, à saluer, c'est la formidable retenue de la quasi-totalité des organes de la presse marocaine toutes obédiences confondues qui ont, certes, fait de l'évènement leurs choux gras avec, par moments et pour certains, une louche de « castillannerie » (pas surprenante vu l'identité du protagoniste !). Mais à aucun moment, les journalistes marocains se sont adonnés à la critique acerbe, aux attaques personnelles ou à l'entretien soigneux des affaires quand bien même la famille royale espagnole, dont le prestige de la couronne a été érodé par les scandales à répétition des dernières années, en donne un vivier inépuisable. Une sagesse et une retenue qui s'inscrivent en relief (en tout cas à date de valeur d'aujourd'hui !) du cartel de l'histoire moderne des relations entre les deux pays. Quant à nos chers confrères ibériques, on ne peut, en paraphrasant la célèbre maxime de la calomnie de Bacon, que leur dire : « vomissez, vomissez Messieurs votre haine passéiste, il en restera toujours quelques chose pour construire l'avenir »