T ous les analystes le disent, confier la politique monétaire à des institutions indépendantes, les banques centrales en l'occurrence, a fragilisé les institutions politiques, sans offrir la moindre des garanties. Le système a permis de maintenir les taux à un très faible niveau depuis deux décennies. Le taux de référence dépasse rarement 0,5 % dans toutes les économies développées, sauf que le système est vicié. Les banques centrales sont elles mêmes surendettées, leurs engagements, réputés souverains, dépassent les cinq mille milliards de dollars. Par rapport au Maroc, la banque d'Etat a épuisé toutes les capacités pour peser les taux. Il est temps de se poser la question de la restitution de la politique monétaire aux gouvernements qui n'ont plus accès à cette variable. J ustement des voix s'élèvent, considérant qu'en réponse au déficit commercial, pour doper les exportations il faut dévaluer le dirham. Ce n'est pas un tabou, et il faut en finir avec l'idée que la valeur de la monnaie, intervient un tant soit peu, dans la fierté nationale. Seulement il faut mesurer l'impact sur les importations nécessaires et sur les exportations réelles. Le développement nécessite des importations, ces inputs doivent être valorisés. Par contre, il est clair qu'une partie des importations, évaluée à 30 % concerne des produits de luxe qu'il serait juste de surtaxer à la consommation. Si dévaluation il doit y avoir, cela ne peut être efficient qu'en tant que mesure dans le cadre d'un plan pour renforcer la compétitivité dont personne ne parle. C e qui peut booster les exportations, c'est la créativité. Or, le système éducatif est défaillant, les banques ne financent que peu les start-up, et l'administration est défaillante. De manière stratégique, nous avons besoin de dépasser les idées reçues, comme par exemple celle qui consiste à jouer sur le coût du travail. Il faut aider les projets à haute valeur ajoutée pour s'inscrire dans l'avenir. Ni le système bancaire, ni l'Etat, ne sont impliqués dans cette perspective. C'est pourtant, par cela qu'il faut commencer. ■