Que réserve 2021 aux opérateurs nationaux du trafic aérien ? Dans le secteur, beaucoup d'interrogations taraudent les esprits. 2021 sera-t-elle une deuxième année de presque non-activité à cause des restrictions pour contenir la pandémie ? La campagne nationale de vaccination, qui démarrera sous peu, permettra-t-elle aux autorités de lâcher du lest ? Quel niveau de visibilité pour la reprise? Il va sans dire que l'incertitude de 2020 déteint déjà 2021. A peine la nouvelle année a commencé qu'en France, la compagnie nationale Air France table d'ores et déjà sur une perte de 2 milliards d'euros en 2021, en grande partie à cause des restrictions qui vont se poursuivre avec leurs impacts sur le trafic aérien international. Au Maroc, le trafic aérien continue de subir le joug de la crise sanitaire et les toutes dernières statistiques de l'Office national des aéroports (ONDA) font ressortir une baisse de 81,24% du trafic aérien au mois de novembre 2020. « Les prévisions pour cette nouvelle année changent régulièrement parce qu'il y a la campagne de vaccination, une potentielle recrudescence des cas de contamination, et tout. Au début, on tablait sur une reprise à partir de 2023, alors que maintenant tous les yeux sont rivés sur 2026. Cela ne veut pas dire que la crise va durer jusqu'en 2026, mais plutôt que le trafic va retrouver son niveau d'avant crise (soit le niveau de 2019) à partir de 2026 », explique une source au sein de l'Office national des aéroports (ONDA). Lire aussi| Marché automobile 2020 : le bilan n'est pas si sombre selon l'AIVAM « Toutefois, même pour 2021, il y a toujours espoir, mais l'incertitude est grandissante même si nous sommes encore au début de l'année, et que nous attendons aussi le démarrage de la campagne de vaccination pour y voir plus clair. Vous voyez bien que malgré la campagne de vaccination en cours au Royaume-Uni, le pays a dû décréter un nouveau confinement au niveau national qui va durer plusieurs semaines », fait remarquer notre source. Il va sans dire que le ciel demeure encore trop orageux pour les opérateurs. De son côté, Jalal Imani, expert du transport aérien et ancien cadre de la Royal Air Maroc (RAM) fait d'abord observer que sans les aides massives de l'Etat, il y aurait beaucoup de faillites de compagnies, y compris Royal Air Maroc et aussi les grands transporteurs aériens européens, à cause des impacts très considérables de la crise sanitaire sur le trafic aérien. « Les compagnies ont dû drastiquement réduire certains effectifs notamment au niveau des postes de pilote et aussi du personnel naviguant commercial. Ces licenciements vont probablement se poursuivre en 2021, parce que le marché s'est beaucoup rétréci ces derniers mois à cause du Covid-19 », détaille-t-il. Lire aussi| Ceva Logistics acquiert Asti Group « Les vols d'affaires, qui constituent un trafic très important pour les compagnies parce que très lucratifs, sont devenus rares et risquent de se raréfier davantage en 2021 parce que les entreprises ont pris goût aux visioconférences favorisées par les applications telles Zoom, Teams, etc. Ces outils se sont révélés très efficaces et efficients et vu que de nombreuses entreprises (tous secteurs confondus) doivent procéder à des réductions de coûts pour subsister, en tous cas jusqu'à ce que les impacts de cette crise sanitaire soient maîtrisés, les voyages d'affaires devraient donc beaucoup baisser », analyse Jalal Imani. Il estime qu'en termes de trafic international vers le Maroc, tout va dépendre de la réussite des campagnes de vaccination en cours de part et d'autres dans différents pays, y compris au Maroc. « La nouvelle souche du virus découverte en Angleterre est un facteur déterminant aussi. Toute l'Europe essaie de se barricader pour éviter une propagation. Et si cette nouvelle souche (70% plus contaminante) se propage, il est clair que 2021 ressemblera fortement à 2020 pour les compagnies aériennes, y compris au Maroc. Donc, je pense qu'il y a encore un lourd nuage de doute aujourd'hui concernant toute prévision sur le trafic aérien sur 2021 », conclut Jalal Imani.