L 'Agence de développement des investissements organise la semaine prochaine à Marrakech, la première édition sur les IDE en Afrique du Nord. Ce genre de rencontres est toujours utile pour les décideurs, qu'ils soient opérateurs ou responsables gouvernementaux. En Afrique du Nord, la stabilité politique a pris une grande importance ces deux dernières années. Mais il faut éviter de croire que c'est le critère décisif. Ce qui l'est, c'est la profitabilité attendue et celle-ci est fonction du climat des affaires, de la bonne gouvernance, du taux de croissance etc... Elle est aussi fonction de l'existence ou non des compétences nécessaires aux activités les plus rémunératrices. La qualité de la formation est un critère important pour l'investissement étranger. Bombardier aurait pu annuler son projet, qui a créé 850 emplois directs, parce qu'il ne trouvait pas les profils adéquats. Tant que cet handicap n'est pas levé, drainer les IDE, dans des secteurs à haute technologie, c'est-à-dire d'avenir est une oeuvre difficile. T a CGEM a publié sa vision d'un contrat pour relancer l'emploi, surtout pour les jeunes. On y retrouve une panoplie de mesures, dont la plupart ont été utilisées ailleurs. L'ensemble est cohérent et découle de la vision de la responsabilité sociale de l'entreprise. Ce plan est bien évidemment encadré par la question de la compétitivité et du pacte signé par les syndicats. C'est maintenant aux pouvoirs publics de réagir. Il n'y a qu'au Maroc où toute initiative du patronat est suspecte. Il est naturel que la CGEM défende ses adhérents et leurs intérêts. Mais c'est aussi une organisation citoyenne, qui milite pour un développement harmonieux, ce qui n'est en rien incompatible avec l'intérêt des entrepreneurs, bien au contraire. Cette initiative est très estimable. L os politiques ont un vrai problème avec les chiffres. Lors d'une séance au Parlement, le président du groupe PJD s'est « révolté » contre la perte, par la CDG, de 3,7 milliards de Dirhams dans un investissement au club Med. Il y a 3 milliards de trop. L'investissement de la CDG n'est pas totalement compromis, puisque le club Med a assaini la situation. Les parlementaires, les politiques en général ne sont pas des spécialistes, ce n'est pas leur vocation. Mais il faudrait qu'ils puissent s'entourer d'experts et bien potasser leur sujet. Sinon le contrôle parlementaire devient un dialogue de sourds, entre politiciens portés sur le verbe et gestionnaires accrochés aux chiffres. ■