Outlierz Ventures, le fonds d'investissement spécialisé dans le financement des startups au Maroc et en Afrique subsaharienne, tisse sa toile sur le continent. Depuis le début de l'année, Outlierz Ventures a réussi, malgré la crise sanitaire, à réaliser d'importantes opérations. Kenza Lahlou, Cofondatrice et Managing Partner du fonds Outlierz Ventures, revient en détail sur l'impact de la crise sanitaire sur le marché du financement des startups au Maroc. Challenge: Comment s'est comporté le marché du financement des startups chez Outlierz Ventures cette année en dépit de la pandémie ? Kenza Lahlou: La crise sanitaire a créé de nouvelles opportunités qu'Outlierz Ventures a su saisir. Nous avons continué à investir activement dans des startups en forte croissance à travers l'Afrique, avec trois nouveaux investissements réalisés en 2020, portant le nombre total de nos investissements à huit sociétés. La plupart de nos sociétés de portefeuille ont été positivement impactées par la crise sanitaire car elles répondent à des besoins fondamentaux, et ont vu leur croissance s'accélérer. Ce qui assure au portefeuille du fonds une rentabilité remarquable vis-à-vis des standards internationaux de l'industrie du capital-risque en seulement quelques années. En effet, depuis le démarrage de notre activité en janvier 2019, Outlierz Ventures a réalisé huit investissements répartis sur quatre marchés africains prioritaires : le Maroc, l'Egypte, le Nigeria et le Kenya, ainsi que dans des startups européennes portées par des entrepreneurs africains de la diaspora. Parmi ces entreprises technologiques, quatre d'entre elles (50%) sont dans le secteur du retail et de la logistique : WaystoCap (Maroc), Sokowatch (Kenya), MaxAB (Egypte), et TousFacteurs (France), trois dans celui de la FinTech, Bamboo (Nigeria), Youverify (Nigeria) et Asoko Insights (Afrique-Sub Saharienne) et une dans le secteur de la santé, Healthlane (Nigeria). Lire aussi| Crédits aux particuliers : de nouvelles conditions d'octroi dès 2021 Challenge: Quels sont les investissements clés que vous avez réalisés cette année et quels sont les secteurs ciblés? KL: Depuis le début de l'année 2020, nous avons réalisé trois nouveaux investissements dans des secteurs impactés par la crise, notamment en FinTech et en HealthTech. Il s'agit de YouVerify (Nigéria), qui est une startup qui automatise et digitalise le process de KYC-check (Know-Your-Customer) pour permettre notamment l'ouverture des comptes bancaires à distance. Ensuite, il y a Bamboo (Nigéria) une startup qui démocratise l'investissement et permet aux Nigérians d'investir instantanément sur la place boursière américaine à partir d'une application connectée à leur compte bancaire nigérian. La troisième startup est Healthlane (Cameroun et Nigéria) qui propose un service de soins premium au sein des hôpitaux publics et offre aussi des services à distance comme la prise de rendez-vous en ligne, la télémédecine ou encore l'accès aux résultats des tests de laboratoire sur l'application mobile. Nous sommes fiers d'accompagner ces entrepreneurs talentueux et sommes très enthousiastes quant à la croissance impressionnante de certaines de ces entreprises en seulement quelques mois. Challenge: La pandémie a créé de nouvelles opportunités d'investissements dans les startups notamment les Fintech et les HealthTech. Outlierz Ventures va-t-il intensifier ses investissements dans les Fintech et HealthTech au Maroc en 2021 pour accélérer le mouvement? KL: La croissance des startups technologiques s'est globalement accélérée pendant la crise sanitaire dans les secteurs clefs comme la fintech et la santé notamment, mais pas seulement. Les startups dans la distribution de produits de grande consommation (FMCG) et la logistique par exemple ont également beaucoup bénéficié de cette crise. En ce qui concerne nos investissements au Maroc, nous ne sommes pas fermés sur des secteurs en particulier, car nous regardons l'opportunité de manière globale : le marché, le potentiel de croissance, l'entrepreneur et ses preuves sur le marché. En effet, le Maroc en particulier est un marché qui présente des spécificités puisque certains secteurs sont beaucoup plus régulés comparés à d'autres marchés. C'est le cas pour le secteur bancaire par exemple. Cela constitue sa force, mais en même temps sa faiblesse car l'innovation y reste limitée et les fintech ont encore du mal à éclore malgré les nouvelles réglementations qui placent les barrières à l'entrée encore trop élevées pour des jeunes entreprises. Nous sommes néanmoins confiants et nous suivons un certain nombre d'entrepreneurs brillants qui proposent des approches innovantes adaptées au marché, pour de nouveaux investissement potentiels en 2021. Lire aussi| El Guerguerat : la CGEM salue l'intervention des FAR Challenge: A votre avis, quelles sont les leçons que l'écosystème marocain des startups peut déjà tirer de cette pandémie dont on attend d'ailleurs la deuxième voire troisième vague dans les mois prochains ? KL: De la banque, à l'assurance en passant par l'industrie, la logistique et la mobilité, de nouveaux acteurs se positionnent pour réinventer les business models des secteurs clefs à travers le monde. L'Afrique ne fait pas exception et représente d'ailleurs le marché de croissance où beaucoup de produits et services peuvent être réinventés de manière plus efficaces à travers l'infrastructure digitale. Cela est démontré par l'acquisition de Paystack, fintech nigériane créée en 2016, par le leader du paiement digital américain, Stripe, dans sa conquête de l'Afrique, pour plus de 200 millions de dollars en octobre dernier. Il est temps de permettre à nos entrepreneurs marocains de repenser des produits et services fondamentaux à travers la technologie et de créer la valeur pour eux, pour la société et pour leur pays.