«Vendre la peau du poisson avant de l'avoir noyé» ! Voilà une expression qui rime bien avec la nouvelle stratégie de labellisation des produits de la mer, lancée par le ministère de tutelle lors la 2ème édition du salon Halieutis. Aux yeux des professionnels, le déploiement de cette stratégie semble difficile, notamment avec l'absence d'un accord de mutualisation des labels avec les marchés européens. Aziz Akhannouch veut booster la consommation et les exportations des produits de la mer marocains. Pour y arriver, le ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, n'a pas trouvé mieux qu'un «label qualité». Signé Hout bladi à l'échelle nationale et Moroccan Seafood à l'échelle internationale, ce nouveau label «répond à des cahiers des charges précis et conformes aux standards internationaux», déclare le ministre lors de la 2ème édition du salon Halieutis. Il s'agit en effet, d'une démarche qualité, qui vise à augmenter d'abord la consommation sur le marché local, mais surtout améliorer le positionnement des produits de pêche nationaux sur les débouchés à fort potentiel, notamment en Europe et aux Etat- Unis Amérique. A cet effet, 16 marchés sont ciblés par cette nouvelle stratégie de labellisation. « Ce sont principalement les grands pays importateurs de produits phares de la mer, à savoir la sardine et le poulpe», développe Omar Kharmaz, Coordinateur de l'UGP (Unité de Gestion du Projet) labellisation et Marketing. D'ailleurs, ces deux produits figurent à la tête des «13 opportunités de labellisation qui ont été identifiées par le département de la pêche maritime », ajoute le coordinateur de l'UGP. La qualité en attendant l'efficacité! Pour avoir le label «Hout Bladi» et ou « Moroccan Seafood», les opérateurs du secteur doivent déposer leur dossier auprès d'un comité stratégique chapeauté par le département de la Pêche avec la participation de l'ONP office national de la pêche) et l'EACCE (Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations). Pour rappel, ces deux institutions assurent la procédure d'audit et de labellisation, respectivement à l'échelle nationale et internationale. Théoriquement, «c'est une stratégie ingénieuse qui facilitera l'accès des produits marocains aux territoires étrangers. Elle permettra ainsi de créer de nouvelles pistes d'entrée pour les opérateurs qui veulent se diriger vers les marchés à l'export, et qu'ils n'auront plus besoin d'investir dans des éco-labels étrangers», précise Hassan El Bouzidi, directeur général de la société Cumarex. En revanche, «l'aboutissement de cette démarche sur le marché à l'export reste quasi-impossible », s'alarme un opérateur du secteur. Selon lui, l'analyse de la campagne de communication qu'envisage d'entamer le département de tutelle, confirme que seul le marché local pourrait reconnaître ce label de qualité. Les pays européens quant à eux n'acceptent pas les labels marocains. D'ailleurs, l'échec de l'expérience de labellisation des produits de terroir témoigne de cette problématique. Interrogé sur ce sujet, Aziz Akhannouch semble confirmer indirectement la position des opérateurs, en déclarant que «la mutualisation de la reconnaissance des labels, fait partie des points que nous négocions actuellement avec l'Union Européenne dans le cadre de l'accord de pêche». ■