Les masques sont-ils vraiment efficaces pour se protéger contre le coronavirus ? Une récente étude de l'université de Hongkong vient étayer davantage les réponses déjà formulées jusqu'à présent à ce sujet. Baptisée « Hamsters masqués », cette étude a été menée sur 45 hamsters montre que l'efficacité du port du masque contre la pandémie de coronavirus est significative. Selon le professeur Yuen Kwok-yung, du département des maladies infectieuses de la faculté de médecine et l'un des premiers à avoir attiré l'attention sur le coronavirus, il y a 60 à 75 % de transmission en moins grâce à de simples masques chirurgicaux. Soulignons que Yuen Kwok-yung fait partie des plus ardents partisans des masques, et estime qu'ils sont un des éléments décisifs, voire « le plus important » dans la lutte contre la pandémie. Ainsi, dans sa volonté de prouver sa position sur le port du masque, il a réalisé des tests sur des hamsters. Alors pour atteindre leurs objectifs (tout en sachant que les petits rongeurs seraient bien incapables de les porter), les chercheurs de son laboratoire ont donc placé un groupe d'animaux infectés et un autre en bonne santé dans deux cages séparées. Des masques chirurgicaux (FFP1 donc) ont été tendus sur certaines cages, une soufflerie projetant l'air de la cage des malades vers celle des hamsters sains. Sans masque, les deux tiers des hamsters sains étaient infectés en une semaine. Avec un masque sur la cage des hamsters sains, un tiers seulement était infecté. Avec un masque sur la cage des animaux infectés, le taux d'infection tombe à 15 % parmi les hamsters. Et plus encore, tous les hamsters sont désormais guéris… Lire aussi: La réponse de Lydec à l'augmentation des factures d'avril « Nous savons désormais qu'une grande partie des personnes infectées ne présentent pas de symptômes, donc, le port universel du masque est vraiment important », a résumé le professeur. Toutefois, « cette nouvelle étude n'a pas encore été publiée pour le moment, et on devrait toujours être prudent de ne pas se fier trop à des prépublications », fait remarquer Benjamin Cowling, professeur à l'école de santé publique de l'université de Hongkong, et auteur d'une étude approfondie sur l'efficacité du masque sur les coronavirus saisonniers (comme celui du rhume), parue en avril. « « Cette étude utilise de petits animaux plutôt que des humains, et il n'est pas certain que l'infection se répandrait de la même manière chez l'homme. Mais cela reste une étude importante », ajoute-t-il. Il faut noter que c'est la première étude qui observe spécifiquement les effets des masques sur le Covid-19. Il va sans dire aussi que l'étude montre que les masques chirurgicaux peuvent être utilisés pour bloquer la transmission active, si ils sont portés par les personnes infectées. De même, ils peuvent aussi être utilisés pour protéger les porteurs qui ne seraient pas infectés. Force est de souligner qu'il est nécessaire pour des professions à risque, tels les soignants, de se tourner vers les masques FFP2, protecteurs à près de 100 %. « Le but de l'usage de masques chirurgicaux par le grand public est une protection collective, une mesure de lutte contre l'épidémie, imparfaite, mais qui freine significativement la propagation du virus à grande échelle. « Je ne pense pas qu'il faille croire que les masques prodiguent une protection totale, mais seulement une certaine forme de protection. Il est mieux d'en porter que de ne pas en porter », précise Benjamin Cowling. Cependant, le professeur de l'université de Hongkong met en garde contre ceux qui voudraient faire des masques l'alpha et l'oméga de la lutte contre la pandémie. « La plus grande partie du monde a fait face à une pénurie de masques. Il y a de nombreux facteurs responsables des réponses réussies par les autorités en Asie. La plus importante est de tester, d'isoler les malades, de retracer et de mettre en quarantaine (la stratégie Tester et tracer), et la plupart des régions d'Asie ont aussi employé la distanciation sociale pour réduire la transmission. Les masques chirurgicaux aident sans aucun doute, mais je ne crois pas qu'ils sont la principale raison du succès », rappelle-t-il.