Seule la générosité des sociétés vis-à-vis des actionnaires pourrait sauver la bourse de Casablanca. Malheureusement, la plupart des grosses capitalisations ne servent qu'une faible part de leur résultat. Et comme nous sommes en période de crise, les entreprises risquent de limiter davantage leurs distributions de dividendes. Qu'est-ce qui sauvera la bourse ? Voilà la question qui taraude les intervenants de la place de Casablanca, notamment les sociétés de bourse, mais également les investisseurs. Car aujourd'hui, l'attentisme est devenu l'attitude commune des institutionnels et des petits porteurs. On a pu constater de temps en temps des transactions significatives donnant lieu à des franchissements de seuil, mais en règle générale, c'est le calme plat au niveau de la place. Chaque investisseur est convaincu que la reprise devrait venir de l'intervention des autres. Ce qui a pour conséquence la prolongation de cette période de consolidation. Le déclic tant attendu n'est donc pas pour demain, à moins que les sociétés cotées ne suscitent l'intérêt des investisseurs, de nouveau. Il faut absolument revenir aux fondements de l'investissement. En effet, si l'on décide de mettre ses économies dans un projets quelconque, c'est pour en tirer des revenus et, si possible, de manière régulière. Ce n'est donc pas seulement une question de rentabilité, mais c'est aussi une affaire de dividendes. Il se trouve que la générosité des sociétés cotées vis-à-vis de leurs actionnaires est très discutable. On est toujours face à un argument qui ne résiste pas forcément à toutes les critiques. En effet, pour financer sa croissance et se garantir une rentabilité plus importante dans le futur, l'entreprise préfère distribuer moins de dividendes. Et quand les lendemains sont incertains, comme c'est le cas avec l'impact de la crise européenne, le phénomène est accentué. Pourtant, de l'avis général, seule la rémunération des actionnaires pourrait susciter un nouvel intérêt de leur part, et par conséquent, relancer la place. Or, le constat est que la plupart des grosses capitalisations ne distribuent qu'une faible part de leur résultat. Ceux qui pensent que l'objectif est de permettre d'améliorer leurs revenus futurs sous forme de dividendes, vont vite déchanter. Puisque, pour beaucoup de sociétés cotées, notamment les grosses capitalisations, leur politique de dividendes est décevante. Les actionnaires ne bénéficient que d'un faible taux de rentabilité dividendes. Cela ne veut pas dire que les autres indicateurs ne présentent aucun intérêt. Mais, on ne pourra certainement pas en vouloir aux investisseurs qui privilégieront le dividende yield (D/Y) sur le price eaning ratio (PER). Car, ce dernier est le rapport entre la capitalisation et le bénéfice par action, alors que le dividendes yield, quant à lui, est la rentabilité de l'action offerte sous forme de dividendes. Le PER indique ainsi la cherté de l'action, puisqu'il correspond au nombre d'années nécessaires à l'entreprise pour que le cumul de ses bénéfices soit égal à sa valeur en bourse à un moment donné. L'entreprise qui est la plus rentable est naturellement celle qui présente le PER le plus bas. Il est évident que si deux entreprises affichent le même PER, celle qui se montre plus généreuse vis-à-vis de ses actionnaires aura la faveur de ces derniers quand il s'agit de surenchérir. Si l'on met en avant cet indicateur, on constate malheureusement que les grosses capitalisations arrivent loin derrière, à quelques exceptions près. Par exemple, les banques préfèrent porter en réserves la plus grande part de leur résultat plutôt que d'en faire profiter leurs actionnaires sous forme de dividendes. Pour le résultat 2011, la rentabilité dividendes de ce secteur n'est que de 2,3%, contre une moyenne de 4% pour le marché. Pour les exercices 2012 et 2013, il est attendu un D/Y respectif de 2,8% et 3%, d'après les estimations de BMCE capital Bourse. Visiblement, cette attitude vis-à-vis du capital est un défaut partagé par un autre secteur de poids, en l'occurrence l'immobilier qui ne fait guère mieux. Puisque son D/Y de 2011 n'a été que de 2% et les projections 2012 et 2013 tablent sur 3 et 3,6%. Parmi les secteurs les plus importants en termes de capitalisations, c'est surtout Maroc Telecom qui sort du lot avec un D/Y supérieur à 6,8% en 2011. Et, l'opérateur est fidèle à cette politique de distribution de dividendes. En cinq ans, Maroc Telecom a distribué près de la moitié de sa valorisation actuelle en terme de dividendes. Il y a une logique à cela : Vivendi voulait coûte que coûte récupérer son investissement et se précipiter de tout rapatrier. Alors que ce n'est pas le premier souci des actionnaires majoritaires d'Attijariwafa bank, de la BMCE Bank ou encore de la Banque populaire. On peut faire le même constat chez la Lydec, qui présente un niveau de rendement dividendes de 6,80% en 2011. Et l'on attend pour 2012 et 2013 un taux de 10,6% et 8,4%. On ne s'étonnera pas de voir qu'il y a un trait commun entre Maroc Telecom et LYDEC, c'est-à-dire le fait d'avoir un actionnaire de référence étranger.