La clôture du dossier de la gestion déléguée des polycliniques de la CNSS dépend des négociations financières tenues entre la CNSS et USP Hospitales. Sauf événement exceptionnel, elles devront aboutir dans les six semaines à venir. Challenge Hebdo : pourquoi tant de retard dans le traitement du dossier de gestion déléguée des polycliniques de la CNSS ? Mohamed Abdellaoui : je ne crois pas qu'il y ait matière à parler de retard. La CNSS a toujours annoncé que le projet serait en phase finale à la fin 2007, voire au début 2008, et qu'il serait entièrement bouclé au début du deuxième trimestre 2008. Vous pouvez donc constater que nous n'avons pas encore dépassé ces délais. D'ailleurs, la loi elle-même nous accorde jusqu'au mois de juillet 2008 pour boucler entièrement le dossier. Il n'y a donc pas de raison de se précipiter, ni de se fixer des contraintes en termes de temps, d'autant plus qu'il s'agit d'un dossier hautement stratégique qui requiert beaucoup de vigilance pour capitaliser sur les expériences précédentes du Maroc en matière de gestion déléguée. La CNSS tient donc à prendre tout son temps pour mettre en place les outils de gestion de la délégation. Et cela est un point à citer à son actif. C. H. : quels sont justement les détails qui requièrent le plus d'attention ? M. A. : dans cette affaire, le projet s'inscrit dans le long terme. Il s'agit donc de prévoir tous les changements susceptibles de survenir pendant la période du contrat. Vous comprendrez donc qu'à chaque round de négociation, la CNSS tient à conserver tous les acquis. Pour ce, il nous a fallu approfondir tous les détails relatifs entre autres à la médecine, aux ressources humaines, au volet financier… Aujourd'hui, nous pouvons nous targuer d'avoir pu exiger que les services de médecine de base soient maintenus au sein des 13 polycliniques, que le tarif national de référence y soit respecté afin de ne pas tomber dans le piège de l'élitisme et que l'ensemble du personnel soit retenu. Nous avons aussi pu imposer à notre interlocuteur de mener à terme la démarche qualité que la CNSS a déjà amorcée, et ce, dans l'objectif de décrocher la certification qualité à l'horizon 2012. C. H. : puisque vous vous êtes mis d'accord sur tous ces aspects, quels sont les points qui demeurent objets de divergence ? M. A. : je préfère substituer le mot discussion à celui de divergence. En effet, depuis novembre 2007, les négociations entre la CNSS et USP Hospitales portent sur le volet financier de l'offre. Si tout va bien, nous devrions nous mettre d'accord sur la formule finale dans les six semaines à venir. Après, il faudra traduire tout cela en contrat que les avocats des deux parties prendront le soin de verrouiller. Il ne restera plus qu'à remettre les clés à l'adjudicataire. Chose qui devrait se faire, si tout va bien, au début de cet été. C. H. : quel est l'impact du retrait de BMCE Capital Finance du consortium piloté par USP Hospitales ? M. A. : cela ne change rien au bon déroulement du processus. Après une courte suspension des discussions, ces dernières ont repris et se déroulent aujourd'hui dans des conditions tout à fait normales. Notre interlocuteur est et reste USP Hospitales qui est le chef de file du consortium. Le retrait de BMCE est une affaire qui concerne directement l'opérateur espagnol. C. H. : qu'avez-vous préparé de votre côté pour mener à bien le projet ? M. A. : deux façons d'aborder le dossier se présentaient à nous : soit déléguer les polycliniques dans l'état où elles étaient, soit lancer une opération de mise à niveau avant d'entamer le processus d'appel d'offres. Nous avons opté pour le deuxième choix. Nous avons en effet investi quelque 100 millions de DH dont la majeure partie a été allouée à la mise à niveau du plateau technique. Une autre partie de l'enveloppe a été absorbée par les travaux de rénovation des bâtiments. En matière de ressources humaines, une opération de départs volontaires a été proposée au personnel des polycliniques. Elle a abouti au départ d'environ 20% des effectifs. C. H. : que deviendra le pôle que vous dirigez, une fois le contrat de gestion déléguée signé? M. A. : le comité de pilotage qui dépendra de ce pôle se chargera de suivre l'exécution des clauses du contrat et veillera au respect des points sur lesquels les deux parties sont d'accord. Il aura une charge de travail considérable durant les cinq premières années, car il devra guetter la moindre anomalie ou tout égarement par rapport aux formalités requises. PARCOURS 1962 naissance à Casablanca. 1991 doctorat en génie biologique et médical à l'Université Paris XII. 1991-1997 directeur général de la société Uni Sciences, filiale du groupe Cofimag. 1999-2003 DG de Regma Maroc. 2004-2006 directeur administratif et financier puis directeur du pôle Projet à l'Agence du Sud. 2006 directeur du Pôle des Unités Médicales à la CNSS.