Poussés essentiellement par la motivation d'avoir une meilleure qualité de vie, de nombreux cadres marocains optent pour l'émigration. D'autres, par contre, préfèrent rester et ont leurs raisons aussi. Mamoun Cheddadi – Fraîchement expatrié au Canada Consultant Senior au sein d'un cabinet d'audit et de conseil, Mamoun Cheddadi, 28 ans, est arrivé au Canada il y a seulement trois semaines. Il est actuellement à la recherche d'un emploi. Il s'est installé alors à Toronto pour son attractivité (capitale économique), mais aussi pour des opportunités professionnelles qui peuvent se présenter. J'ai effectué mes études supérieures principalement en Europe (France, Irlande et Belgique) et une partie au Maroc dans le cadre des formations continues. Une fois mes études terminées, les possibilités de travailler en Belgique en tant que diplômé étranger sont très serrées, voire quasi-impossibles. Le gouvernement belge (mais aussi de l'UE) a en effet mis en place une série de barrières pour limiter l'emploi des travailleurs étrangers en faveur des locaux, voire des autres citoyens de l'Union européenne. Le système devrait être plutôt basé sur les qualifications et les compétences et non sur la nationalité du travailleur. Face à ce constat, j'étais obligé de retourner au Maroc. Très rapidement, j'ai commencé à postuler et j'ai été contacté par un cabinet leader dans le secteur de l'audit et du conseil. J'avais un job très intéressant avec un fort potentiel de développement. Cependant, j'avais toujours à l'esprit cette expérience en Belgique qui n'a pas abouti malgré 3 contrats de travail signés à la chaine. Après quelques recherches et des échanges avec des amis, j'ai entendu parler de ce fameux programme «Entrée Express », lancé par le gouvernement fédéral canadien en 2015. Une fois les critères remplis (langues parlées, niveau d'études et fonds nécessaires pour vivre les premiers mois), j'ai postulé à ce programme et j'ai été sélectionné parmi des milliers de personnes de par le monde. Quant aux raisons motivant mon départ (et non pas d'immigration), elles sont diverses et variées. Je dis départ, parce que je pense que mon passage au Canada ne sera pas définitif et que je compte retourner au Maroc après quelques années passées ici. Parmi les raisons, je constate un malaise social général avec des disparités de plus en plus marquées et une économie de plus en plus morose. J'éprouve beaucoup de peine et je pèse mes mots, quand je vois ces diplômés qui sortent chaque année sur le marché du travail et qui ne trouvent pas de jobs répondant à leurs qualifications. « En résumé, je suis venu au Canada pour donner un nouvel élan à mon expérience professionnelle, apprendre de nouvelles méthodes de travail dans un environnement anglophone et surtout vivre une expérience personnelle enrichissante ». Faiza Chraïbi : cadre dans le marketing à Dubaï Expatriée de nombreuses fois, notamment en Suisse avec son mari qui travaille dans les ressources humaines au sein du secteur des FMCG (biens de grande consommation), ils sont revenus au Maroc puis sont repartis s'installer à Dubaï. «Les différentes expériences d'expatriation ont été motivées tout d'abord par des opportunités de carrières et en plus des expériences personnelles. Cela dit, à chaque fois, nous avons accueilli ces propositions comme une expérience unique et enrichissante à la fois pour nous et nos enfants. Que cela soit dans un pays européen Suisse ou musulman UAE, il y a des avantages et des inconvénients. Ces deux pays regorgent d'une diversité de nationalités unique au monde. De plus, certains pays présentent une qualité de vie, un environnement éducation internationale, d'autres ont l'avantage d'offrir une culture arabe et musulmane avec une excellence en matière de service. Ce qui est certain, c'est que nos enfants sont aujourd'hui les enfants du monde et se sentent appartenir à la fois à toutes ces cultures en y prenant à chaque fois le meilleur. La période de retour au Maroc (entre les deux premières expatriations) nous a permis de renforcer l'identité Marocaine de nos enfants et de tisser les liens familiaux. Nous ne savons pas ce que la vie nous réserve, une chose est certaine, c'est qu'un changement ne peut qu'être bénéfique si on en tire le meilleur». Lamya Abou Khalid : Senior Account Manager Elle a eu plusieurs fois de superbes opportunités pour s'installer aux Emirats Arabes Unis, mais elle a décidé de rester au Maroc qu'elle ne préfère point quitter. L'opportunité ne s'est pas présentée une seule fois, mais plutôt plusieurs fois. D'abord, je vivais en France, et j'ai décidé de revenir au pays définitivement en 2009. J'ai fait mes études dans l'Hexagone et j'y ai débuté ma carrière professionnelle dans un fonds d'investissement avant de regarder les opportunités au Maroc. C'est ainsi que je suis rentrée et j'ai commencé à travailler dans une multinationale marocaine dans le domaine de la monétique où j'ai passé 6 ans. J'étais chargée de l'Afrique et c'était très passionnant. Et après, j'ai été débauchée par une multinationale américaine implantée au Maroc et opérant dans les solutions informatiques, qui m'a également confié l'Afrique. Dans le même temps, j'ai commencé à être sollicitée au Moyen-Orient surtout, mais également dans d'autres continents. J'avais énormément de sollicitations à Dubaï. Il s'agit à chaque fois de multinationales. Mais il y a tellement à faire au Maroc et dans les marchés africains. J'aime travailler et voyager en Afrique. C'est important pour moi de contribuer au développement de mon pays, mais aussi de l'Afrique. En plus, avec la RAM, les voyages à l'intérieur du continent ne prennent pas de longues heures. Je n'ai absolument rien à faire à Dubaï. En 2016, on m'a proposé 150.000 dollars net par an sans compter les avantages et j'ai refusé. L'argent n'est pas le seul point d'intérêt pour moi. J'ai bien fait de rester au Maroc, puisque je me suis mariée et j'ai fondé une famille. Je travaille actuellement dans une multinationale allemande au sein de laquelle je m'occupe de l'Afrique francophone, mais aussi de la Turquie. Et je gagne très bien ma vie. Côté salaire, je n'ai rien à envier ni à la France, ni à Dubaï… Nous sommes sur des marchés émergents en Afrique et donc nous sommes au cœur du développement mondial aujourd'hui, avec le Maroc comme hub pour le continent. Mounir Moussadek : chief Executive Officer en France Ce cadre dirigeant habite en France et cherche activement à s'installer au Maroc. En tant que Marocain ayant grandi et vécu à l'étranger, j'ai assisté depuis ces deux dernières décennies à l'évolution remarquable et sans pareil du Maroc. Force est de constater que le Maroc fait désormais partie des pays les plus attractifs, de par sa dynamique institutionnelle, économique et sociale. Il dispose de tous les ingrédients pour séduire la quasi-totalité des différents types de population et profils: – Ceux qui recherchent une certaine qualité de vie, y trouveront sans aucun doute leur bonheur grâce à sa richesse culturelle, son histoire, sa biodiversité, sa gastronomie, son vaste étalage de produits de bien-être, … – Pour les professionnels (entrepreneurs ou ceux à la recherche d'emplois), le Maroc représente un terrain de jeux remarquable et très étendu de par ses opportunités sur le marché local, ainsi que son engagement dans son développement économique et social, mais également à travers son ouverture à la compétitivité internationale et les relations que le Royaume à su entretenir et développer avec de nombreux pays. En tant que dirigeant du groupe SELENSYS, groupe dont l'activité est basée principalement sur les solutions de digitalisation et intervenant principalement en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, je ne puis donc ignorer toutes ces opportunités qu'offre le Maroc tant sur le plan personnel que professionnel. C'est la raison pour laquelle ma décision, comme tant d'autres Marocains résidents à l'étranger, est le retour à la source, c'est-à-dire de m'installer au Maroc ».