Les étudiants américains empruntent en moyenne 25.000 dollars. Au Maroc, les montants ne dépassent pas les frais de scolarité. Aux Etats-Unis, c'est une bombe à retardement. Les économistes prédisent même une crise qui serait de l'ampleur de celle des subprimes. L'encours des prêts étudiants atteint les 1.000 milliards de dollars. Et beaucoup trop d'étudiants n'arrivent plus à rembourser leurs dettes parce qu'ils sont au chômage. Au Maroc, on n'atteint bien évidemment pas ces proportions, fort heureusement, ni même d'ailleurs la situation catastrophique des étudiants qui sont en faillite personnelle. La raison est que les crédits sont beaucoup plus encadrés ici que là-bas. Concrètement, aux Etats-Unis, les étudiants financent leurs études (prêts en moyenne de 25.000 dollars) par des prêts fédéraux, accordés à des taux fixes de 3,4% et garantis par l'Etat. Mais ce ne sont pas ceux-là qui posent problème mais plutôt les prêts souvent consentis par le privé à des taux variables et à des conditions désavantageuses pour l'étudiant. Les banques privées se soucient peu des aptitudes de remboursement de ces clients-là. Elles prêtent à tour de bras attirant dans leurs filets de nombreux étudiants. Beaucoup de ces derniers n'arrivent pas à rembourser leurs dettes. Certains, au lieu de continuer leurs études, suivre des cursus de pointe, se retrouvent à servir dans des snacks, à faire des petits boulots pour à peine rembourser une partie de leurs crédits. Ce sont des cas extrêmes qu'on ne voit pas encore chez nous. Car ici, les banques serrent encore la vis, et pour tout le monde, étudiants compris. Prenons le cas de Société Générale Marocaine des Banques (SGMB), l'une des banques sollicitées qui a bien voulu répondre à nos questions. La caution est obligatoire L'établissement bancaire propose par exemple pour les étudiants le prêt «Banky», qui cible les personnes âgées entre 18 et 26 ans qui suivent des cursus des grandes écoles que ce soit au Maroc ou à l'étranger, qu'elles soient publiques ou privées, justifiant d'une inscription valide ou à défaut d'une attestation d'inscription provisoire auprès de ces établissements. Mais attention, le crédit ne va pas au-delà du financement des frais de scolarité et du coût de la vie. La banque explique que pour le premier volet, le montant de l'emprunt peut atteindre 100% des frais de scolarité. Pour celui du « financement du coût de la vie », les montant dépendent des besoins spécifiques à chaque étudiant, selon le lieu des études notamment. En fonction de la durée d'étude de l'étudiant, celui-ci peut opter pour une période de remboursement allant jusqu'à 120 mois (10 ans). Il peut néanmoins bénéficier d'une période de franchise allant jusqu'à 48 mois. La question est alors de savoir comment la banque se prémunit-elle contre les risques de non-paiement, étant donné que les crédits sont faits au nom des étudiants et ce sont eux qui doivent rembourser leurs crédits, une fois qu'ils travaillent, si du moins, ils y arrivent. En fait, dès le départ, l'établissement bancaire fixe un montant de crédit avec des échéances futures qui ne doivent pas être disproportionnées par rapport aux capacités de remboursement estimées de l'étudiant en fonction de son diplôme/niveau d'études escomptés en fin de cursus. Et bien plus que cela, la banque s'assure toujours qu'il y a quelqu'un qui va rembourser le crédit. La condition sine qua non pour emprunter est d'avoir la caution d'une personne résidant au Maroc. «L'étude du dossier de prêt tient compte de la qualité de la caution, et notamment de la capacité de cette dernière à faire face aux échéances en cas de défaillance de l'emprunteur», explique t-on. Voilà la différence avec les Etats-Unis. Généralement, ce sont les parents qui sont appelés à régler les échéances en cas de défaillance. «Leur caution est toujours recherchée en priorité. Mais, lorsque pour des raisons liées à leur capacité de remboursement ou à leur endettement, les parents ne peuvent valablement se porter caution, celle d'une personne proche, résidant au Maroc et présentant d'excellentes références peut y être substituée. Dans tous les cas, l'étude du dossier se fait sur la base de la qualité de la caution et notamment sur la capacité de cette dernière à faire face aux échéances en cas de défaillance de l'emprunteur», rassure la banque. Mais même avec cela, le risque zéro n'existe pas. A la SGM, des cas de défaillance ont été enregistrés, «mais le pourcentage est insignifiant par rapport aux dossiers débloqués», conclut-on. 48 mois L'étudiant peut bénéficier d'un délai de grâce de 48 mois après l'obtention de son diplôme avant de procéder au remboursement de son crédit.