Le pari des énergies renouvelables est un choix stratégique pour tous les intervenants du secteur. Un opérateur privé s'en livre dans l'entretien suivant. Challenge Hebdo : quel état des lieux peut-on faire actuellement sur l'utilisation de l'énergie solaire et thermique au Maroc ? Hadi Berrada : selon le ministère de l'Energie et des Mines, la contribution actuelle des énergies renouvelables au bilan électrique national est de 7,9% et elle se situe à 3,4% dans le bilan énergétique global du Royaume. Les objectifs fixés par le ministère de tutelle pour l'horizon 2012 visent une contribution de 20% dans le créneau électrique et 10% dans le bilan énergétique global. Cela se traduira naturellement par une moindre dépendance vis-à-vis des marchés mondiaux du pétrole et, corollairement, par un allègement de la facture énergétique du pays. S'agissant du solaire thermique, c'est-à-dire l'obtention d'eau chaude grâce à l'énergie solaire, qui suscite en ce moment beaucoup d'intérêt, il faut compter en général 2m² de capteurs pour un foyer de 4 personnes et donc un chauffe-eau solaire d'une capacité de 150 à 200 litres. C. H. : et quel est le potentiel actuel du Maroc ? H. B. : le potentiel du Royaume est actuellement de 300.000 m² avec une croissance annuelle de 40 000 m², boostée par l'explosion de l'immobilier. Aujourd'hui, ce potentiel n'est exploité qu'à hauteur de 160.000 m². Le marché est donc un marché porteur avec un «gisement» solaire abondant, permanent et de bonne qualité. En Espagne, par exemple, il existe une loi qui rend obligatoire l'utilisation de l'énergie solaire selon des normes bien précises, dans tout nouveau bâtiment érigé. C'est d'un cadre législatif semblable que nous avons besoin actuellement au Maroc, pour que notre potentiel solaire soit exploité à sa pleine mesure. C. H. : qu'en est-il des perspectives de développement du solaire au Maroc, dans le créneau du résidentiel ? H. B. : le marché marocain de chauffe-eaux solaires présente un énorme potentiel de croissance. Les chiffres que je viens de vous fournir concernent les habitations en zones résidentielles, lesquelles présentent une difficulté technique. En effet, pour que l'utilisation de chauffe-eaux solaires soit possible dans les immeubles, il faut que des arrivées d'eau froide et des départs d'eau chaude soient prévus sur les terrasses et qu'il y ait, de plus, entente entre les copropriétaires sur la subdivision de ladite terrasse si elle fait partie du titre collectif. Pour cela, il y a un donc un effort important à faire auprès des architectes, promoteurs immobiliers, prescripteurs et autres installateurs. Ces derniers peuvent d'ailleurs, et avec un moindre effort, proposer au marché résidentiel des solutions sécurisantes (contrairement aux chauffe-eaux à gaz) et gratuites (contrairement aux chauffe-eaux électriques) pour les besoins d'eau chaude sanitaire, ce qui est évidemment un «plus» qualitatif pour les acquéreurs d'appartement. Il faut retenir que, pour un foyer de 6 personnes, par exemple, un chauffe-eau solaire permet d'économiser plus de 200 DH d'électricité par mois, et ce, avec un retour sur investissement en moins de 4 ans. C. H. : vous êtes en partenariat avec le CDER dans une vision de développement stratégique du secteur. Comment en êtes-vous venu à occuper ce créneau ? H. B. : NOOR Web est née de la volonté d'un groupe d'individus tendant à développer une activité novatrice dans un marché émergent, celui des énergies renouvelables. C'est en 1996 que l'aventure NOOR Web a vu le jour - ou plutôt «le soleil» en l'occurrence - dans la ville de Marrakech. Elle a ouvert son capital à un actionnariat institutionnel dont notamment Mifa Group et CID. L'opérateur a été rapidement reconnu au Maroc dans le domaine des énergies renouvelables et s'est ainsi positionné comme une entreprise citoyenne et un partenaire crédible vis-à-vis des pouvoirs publics, notamment le Centre de Développement des Energies Renouvelables (CDER) et le Programme d'Electrification Rurale Globale (PERG) initié par l'ONE. NOOR Web a, entre autres, contribué à l'électrification de plus de 8.000 foyers dans des régions enclavées du Royaume. Vis-à-vis du CDER, on a adhéré à la démarche de Certification Qualité Entreprise par le Centre, visant à protéger le marché national de chauffe-eaux solaires en garantissant des produits et des installateurs de qualité. Enfin, on a développé notre activité à l'international via une alliance stratégique avec l'opérateur grec Dimas, un des leaders européens de l'industrie du chauffe-eau solaire. PARCOURS 1981 : naissance à Casablanca. 1995 : Bac Sciences Mathématiques. 2003 : master en génie industriel et des systèmes de production UTBM (réseau des grandes écoles d'ingénieurs), à Belfort (France). 2003 : chef de projet TPM (Total Productive Maintenance), à Melaka, en Malaisie. 2005 à 2007 : membre du Comité de direction de Crouzet Maroc (Schneider Electric). Mai 2007 : directeur général de NOOR Web, Marrakech.