Le torchon brûle entre les ophtalmologistes et les lunettiers. Les représentants des deux professions se sont affrontés au sein de la Chambre des représentants, après l'adoption par la Chambre des conseillers du projet de loi relatif à l'exercice des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle. Une mesure qui a fait réagir les lunettiers, qui observent un sit-in, aujourd'hui à Rabat. L'adoption par la Chambre des conseillers du projet de loi 45.13 ravive les tensions entre les opticiens et les Ophtalmologistes. Contestée par les lunettiers, cette mesure semble avoir satisfait les revendications des ophtalmologues, puisque les conseillers parlementaires ont amendé l'article 6 pour interdire aux opticiens-lunettiers d'exercer des actes considérés par les ophtalmologistes comme relevant de leurs compétences. En réaction à cette mesure, le syndicat professionnel national des opticiens du Maroc organise aujourd'hui un sit-in devant le ministère de la Santé à Rabat. Objectif : revendiquer la réforme du projet de loi afin de clarifier le statut de l'opticien selon son rôle et sa formation. Pour leur part, les ophtalmologistes parlent d'un conflit d'intérêt. D'après eux, il n'est pas possible d'être prescripteur et vendeur; cela suppose que tous les patients vont sortir avec une paire de lunettes. « L'opticien-lunettier au Maroc veut avoir aujourd'hui des prérogatives qu'aucune loi au monde ne lui a octroyées. Par exemple, la loi canadienne interdit aux lunettiers, appelés aussi lunettiers-ordonnanciers, d'examiner un malade, et n'ont pas le droit de faire de la réfraction… L'erreur à la base a été d'intégrer une profession commerciale dans une loi votée pour les auxiliaires de la santé. Ce sont des profils commerciaux inscrits au registre de commerce mais seul dans toutes ces professions qui sont citées dans la loi 45.13 (kiné, infirmiers, sage-femmes, etc.), des gens qui ont travaillé dans des hôpitaux, qui ont une formation paramédicale, encadrés par des médecins, mais là on intègre des gens issus de la faculté des sciences, qui n'ont jamais examiné un malade », explique Dr. Mohamed Chahbi, ophtalmologiste et vice-président du Syndicat national des ophtalmologistes libéraux du Maroc. Et d'ajouter : « Au Maroc, il existe 24 écoles privées dont uniquement 2 ou trois qui répondent au cahier de charges de l'Enseignement supérieur et donc ce sont des gens de la formation professionnelle. Donc, c'est comme si on donnait à un technicien radiologue le droit d'ouvrir un centre de radiologie ou donner à un technicien de laboratoire le droit d'ouvrir un laboratoire d'analyse médicale ; c'est insensé. La Chambre des représentants devrait décider du contenu de ce texte controversé, ayant suscité la contestation des ophtalmologistes, qui ne veulent pas voir les opticiens lunettiers piétiner dans une spécialité qui n'est pas la leur, comme le fait de se charger de la mesure de l'acuité visuelle et des lentilles fixes.