Autrefois pays d'accueil pour des milliers d'étudiants d'Afrique subsaharienne, la Tunisie ne séduit plus. Ces dernières années, bon nombre d'étudiants subsahariens ont choisi de quitter le pays, à cause notamment des conditions de séjour de plus en plus compliquées. De 12.000 en 2010, ils sont passés à 8.000 entre 2015 et 2016, et en 2018, ils ne sont plus que 6.500 étudiants à être encore inscrits dans les établissements universitaires tunisiens, selon les statistiques de l'Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie (AESAT). Et ce rétrécissement profite bien au Maroc, qui est désormais perçu comme destination de prédilection pour les études par les étudiants d'Afrique subsaharienne. La raison de ce déguerpissement de la Tunisie concerne en premier lieu la durée de la carte de séjour qui est de 9 mois, contre 12 mois au minimum (renouvelable chaque année) au Maroc. L'AESAT déplore aussi les formalités administratives longues et compliquées, la marginalisation dont font l'objet ces étudiants dans la société et un racisme qui ne fait que monter d'année en année. L'association estime que les multiples expériences négatives vécues par ces étudiants dans leurs différents quartiers, dans la rue, à l'université… ont fini par les pousser à la porte. Pas plus tard qu'il y a deux semaines, le président de l'Association des étudiants de la Côte d'Ivoire en Tunisie, Falikou Coulibaly, a succombé à ses blessures après avoir été poignardé dans son quartier de La Soukra, en banlieue de Tunis. Ce crime a provoqué la colère de la communauté subsaharienne établie dans le pays. Et selon de nombreux étudiants, ces genres d'actes deviennent de plus en plus monnaie courante. Il va sans dire que cette situation compromet les ambitions du gouvernement tunisien, qui prévoit d'accueillir 20.000 étudiants d'Afrique subsaharienne d'ici 2020 et devenir un hub régional en matière d'enseignement et de formation. En Face, le Maroc met tout en œuvre pour faciliter le séjour de ses hôtes. Ce qui justifie cet attrait auprès des étudiants subsahariens. Aujourd'hui, le Royaume accueille pas moins de 16.000 étudiants subsahariens dont 8.000 boursiers dans ses établissements et instituts universitaires. Et ce chiffre devrait encore évoluer dans les prochaines années.