Les intermédiaires d'assurance n'ont pas encore pris le train des nouvelles technologies et du multicanal pour vendre leurs produits. Selon plusieurs professionnels, le secteur est encore très concentré sur les méthodes traditionnelles de distribution. Mais, ils estiment également que tôt ou tard, il faudra prendre le train de la modernité en vue de répondre efficacement aux besoins d'une clientèle qui devient de plus en plus exigeante, à l'aune de l'utilisation exponentielle des nouvelles technologies. « Notre métier a commencé sur les quais des grands ports il y a 500 ans. Il a évolué et a su tirer profit et se mettre à niveau à chaque fois pour accompagner le développement », soutient Khalid Aouzal, président de la FNACAM (Fédération nationale des agents et courtiers d'assurance au Maroc). « Hormis les Etats-Unis et les pays anglo-saxons en général où le digital est très développé chez les particuliers, pour le reste, c'est un peu moins. Mais, je pense que la première des choses qu'il faut faire évoluer au Maroc pour impulser le rythme concerne la réglementation. Il faut un changement à ce niveau. Une fois que cette ouverture sera faite, elle permettra aux intermédiaires de distribuer l'assurance par tous les modes, sans avoir à subir le carcan de l'administration », poursuit Khalid Aouzal. Toutefois, certains professionnels estiment que certains risques tels que les risques industriels et les risques d'entreprises en général nécessiteront toujours le recours à la présence physique comme préalable. Ce qui amène donc la profession à souligner que le digital est plutôt un grand atout beaucoup plus pour le segment automobile. « En tous cas, aujourd'hui, nous ne ressentons aucune pression par rapport au digital », assure Khalid Aouzal. Défis et opportunités Notons que la FNACAM a organisé à Casablanca le 4 octobre la troisième édition de la rencontre annuelle des agents et courtiers d'assurance, qui a été l'occasion pour les professionnels de revenir sur les grands défis de leur secteur d'activité. Réglementation, adaptation aux nouveaux risques et évolution du cadre juridique, toutes les préoccupations ont été évoquées lors de cette rencontre. « Cette rencontre est un cadre pour partager les expériences des uns et des autres. Cette rencontre est aussi le fruit d'une longue réflexion pour un début de réponse aux nombreux questionnements qui touchent le marché, notamment l'impact de la mise en place de nouveaux outils de travail et de nouvelles couvertures », précise le président de la FNACAM. Pour sa part, Hassan Boubrik, président de l'ACAPS (Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale) a rappelé, dans son allocution, les performances du secteur des assurances et les défis qu'il a dû relever ces dernières années pour se hisser au deuxième rang sur le plan continental juste derrière l'Afrique du sud. « Le secteur regorge aujourd'hui d'acteurs capables d'investir. Mais, il souffre néanmoins de certaines fragilités », a-t-il fait remarquer, ajoutant qu'il y a encore des efforts à faire en vue d'inculquer la culture et le réflexe de l'assurance aux consommateurs marocains. Force est de constater que le taux d'équipement en assurance des ménages et des entreprises reste encore faible. Hassan Boubrik a également laissé entendre qu'il reste beaucoup à faire en matière de conformité aux standards internationaux. « Nous nous attelons à un certain nombre de chantiers qui visent à la fois à développer le marché et aussi à le mettre sur les standards internationaux », a-t-il expliqué. Pour rappel, les dernières statistiques de l'ACAPS montrent que les primes émises par le secteur des assurances au terme du premier semestre 2018 se sont élevées à 22,5 milliards de DH, en hausse de 10,2% par rapport à la même période de 2017.