L'Assemblée générale (AG) de l'ONU a adopté, jeudi 21 décembre 2017 à une écrasante majorité, une résolution condamnant la décision de Washington de reconnaître Al Qods capitale d'Israël, malgré les menaces directes des Etats-Unis, qui avaient bloqué ce même texte lundi 19 décembre au Conseil de sécurité. Reprenant le même langage de la résolution à laquelle Washington avait opposé son véto lundi 18 décembre au Conseil, le texte de l'AG considère que toute décision qui vise à altérer la nature, le statut et la composition démographique d'Al Qods « n'a aucun effet juridique, et est nulle et non avenue ». Le texte fait office de réponse directe à la décision du président Donald Trump annoncé le 06 décembre, qui a promis aussi de déménager l'ambassade US à la ville sainte. Cette décision « doit être annulée conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité », a souligné le texte voté jeudi, appelant les pays à s'abstenir d'établir des missions diplomatiques à Jérusalem. Proposé par le Yémen et la Turquie en leur qualité respectivement de président du Groupe arabe et de président du Sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) au sein de l'ONU, et coparrainé par une trentaine de pays, dont le Maroc, le texte a engrangé 128 voix pour et 9 contre, avec l'abstention de 35 pays. La résolution appelle aussi à « inverser les tendances négatives qui compromettent la solution à deux Etats et l'intensification et l'accélération du soutien et des efforts internationaux et régionaux visant à parvenir, sans tarder, à une paix globale, juste et durable dans le Moyen-Orient ». Ce vote favorable sonne comme un défi aux menaces du président Trump, qui a brandi mercredi le bâton des coupes des aides à l'encontre des pays qui voteraient pour le texte. Il a dénoncé, lors d'une réunion à la Maison-Blanche ces pays qui « prennent (des Etats-Unis) des centaines de millions de dollars et même des milliards de dollars et, ensuite, ils votent contre nous ». « Laissez-les voter contre nous, nous économiserons beaucoup », a-t-il dit en insinuation à l'arrêt ou la réduction des aides qui leur sont destinées. Cette menace fait suite à une autre formulée par Nikki Haley, ambassadrice américaine à l'ONU, qui a indiqué, mardi 19 décembre dans un Tweet, qu'à l'ONU « on nous demande toujours de faire plus et de donner plus », ajoutant qu'elle notera les noms des pays qui voteront contre son pays. « Jeudi, il y aura un vote critiquant notre choix. Les Etats-Unis noteront les noms », avait-t-elle renchéri. Une lettre reprenant ces propos menaçants a également été adressée aux Etats membres de l'ONU, leur déclarant qu'elle signalera au président Donald Trump les pays qui auront voté pour la résolution. Tout en s'abstenant de commenter les propos de Nikki Haley, le porte-parole du président de l'Assemblée générale a fait remarquer qu'alors que les résolutions de l'Assemblée générale ne sont pas juridiquement contraignantes, « elles ont le mérite d'exprimer la volonté des Etats membres ». La session de vote s'est déroulée en présence notamment de Riyad al-Malki, ministre des Affaires étrangères de Palestine, qui a dénoncé les menaces et les intimidations américaines, soulignant que la décision de Donald Trump « n'affecte en rien la statut et la position d'Al Qods, mais elle se répercute plutôt sur la position des Etats-Unis en tant médiateurs paix ». Le chef de la diplomatie palestinienne a souligné qu'Al Qods représente « la clé et la paix et de la guerre dans la région et pour le monde entier ».