Mercredi 30 novembre, le patronat marocain est allé à la rencontre de son homologue nigérian. Une nouvelle phase des relations entre les deux pays commence. Le Maroc est connu pour être très présent en Afrique de l'Ouest où il a de nombreux amis, mais depuis quelque temps, ses incursions se sont étendues à d'autres régions du continent africain. Mohammed VI roi du Maroc et Muhammadou Buhari, président du Nigéria Les organisations patronales du Nigéria et du Maroc ont du pain sur la planche, il y a tant de choses qu'elles peuvent faire ensemble surtout que les deux pays ont développé de grands champions nationaux dans plusieurs domaines économiques.Le patronat marocain n'est pas allé seul, c'est le roi du Maroc, Mohammed VI qui ouvre la marche. Depuis près de quinze ans, le roi se déplace régulièrement en Afrique à la rencontre de ses homologues chefs d'Etats, et à chaque voyage les femmes et les hommes d'affaires l'accompagnent et signent des contrats tout comme les ministres les plus importants. On a appelé cela la diplomatie des contrats. Le Maroc en a signé un bon nombre en Afrique de l'Ouest où ses voyages sont devenus habituels mais aussi en Afrique de l'Est que le Maroc vient d'inclure dans sa stratégie africaine, avec des visites au Rwanda, en Tanzanie, en Ethiopie, à Madagascar et maintenant au Nigéria. Le Maroc a conclu avec les pays du sud du Sahara près de 500 accords de coopération depuis 2000, selon un rapport du centre de réflexion marocain OCP Policy center. Le Nigéria n'était pas évident du moment que ce pays s'est toujours rangé du côté de l'Algérie et de l'Afrique du Sud dans le dossier du Sahara occidental que des séparatistes (Front Polisario) réclament comme avec l'aide de l'Algérie. La visite de Mohammed VI au président Muhammadu Buhari peut signifier que le Nigéria a changé de vision quant à cette question qui dure depuis plus de 40 ans. L'Algérie qui déploie des efforts énormes pour barrer la route au Maroc en Afrique a de quoi s'inquiéter sur au moins trois dossiers. Les deux premiers sont politiques. Il s'agit d'abord du retour du Maroc à l'Union africaine (UE), chose qui pourrait être acquise dès janvier 2017 lors du sommet des chefs d'Etat de l'UA qui aura lieu à Naïrobi. Le Maroc déclare avoir déjà rallié une bonne majorité à sa cause. Ensuite, la question du Sahara occidental pourrait perdre pas mal de soutiens dont Nigéria, justement, la deuxième puissance économique du continent. Le troisième souci algérien pourrait venir du projet gigantesque que vont lancer le Maroc et le Nigéria et qui consiste en un gazoduc qui amènerait le gaz nigérian au Maroc, via des pays amis. Ce projet est stratégique car il pourrait constituer une concurrence au gaz algérien, livré à l'Europe. Un projet d'une telle ampleur ne pourrait évidemment pas voir le jour si les deux pays ne sont pas politiquement d'accord. De toute manière, il est intéressant de constater à quel point l'économie peut dépasser les blocages politiques à condition que les dirigeants ne fassent pas tout subordonner aux relations politiques. Les entreprises marocains ne sont pas absentes du Nigéria, toutefois, avec la visite actuelle, les relations économiques vont disposer d'un cadre réglementaire qui va les renforcer. Et déjà elle s'annonce fructueuse. Plusieurs partenariats ont été signés dont un pour le développement de l'industrie des engrais au Nigéria qui porte sur le développement d'une plateforme de production d'engrais au Nigéria et, par effet d'entrainement, le renforcement du marché des engrais dans ce pays, annonce l'agence Maghreb Arab Press. Ce projet sera réalisé par le groupe OCP du Maroc et Dangote Industries Limited du Nigéria Cinq autres conventions ont été également signées dans les services aériens, la pêche maritime, l'agriculture, les énergies renouvelables. Chose remarquable dans la visite du roi du Maroc, le Nigéria a enlevé le drapeau de la république arabe sahraouie, dirigée par les séparatistes du Polisario et dressé celui du Maroc. Un signe qu'autre part, à Alger et en Afrique du Sud on aura du mal à digérer.