Le royaume entame une percée en Asie du Sud-Est grâce à une offre agricole de haute tenue, appuyée par un travail diplomatique et technique de longue haleine. De la myrtille à la mandarine, les fruits du Maroc amorcent une percée remarquée en Asie du Sud-Est. Mardi 22 avril, à Singapour, plusieurs ententes préalables ont été conclues entre une délégation d'exportateurs marocains et les principaux acheteurs de produits frais de la cité-Etat. Ces engagements portent sur des volumes significatifs de myrtilles de calibre premium, de tomates-cerises à longue conservation, de melons charentais à chair sucrée ainsi que sur les mandarines Nadorcott, prisées pour leur facilité d'épluchage et leur profil gustatif. Les premières cargaisons, conditionnées selon les normes phytosanitaires les plus rigoureuses, seront acheminées dès la première quinzaine de mai. Une sélection rigoureuse des opérateurs marocains Ce rapprochement résulte d'un travail patient mené durant plus de six mois par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), avec l'appui de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et FoodEx, l'organisme public chargé de la valorisation des exportations agroalimentaires marocaines. La mission, qui se prolongera mercredi 24 avril à Kuala Lumpur, repose sur une stratégie méticuleusement élaborée : six exportateurs marocains, sélectionnés parmi les plus fiables du secteur, ont bénéficié de deux sessions de formation ciblée sur les usages commerciaux et les attentes culturelles des marchés d'Asie du Sud-Est. De leur côté, les importateurs singapouriens, au nombre de douze, ont été rigoureusement identifiés pour leur capacité logistique, leur réputation et leur volume d'achats. Les produits marocains concernés répondent à des cahiers des charges stricts : les myrtilles sont conditionnées en barquettes ventilées de 125 grammes, calibrées à 14 mm et plus ; les tomates-cerises sont présentées en grappes, en unités de 250 grammes, destinées à une conservation prolongée grâce à des variétés à fermeté renforcée. Une montée en puissance marocaine sur le marché mondial Le Maroc confirme à cette occasion son rang de puissance agricole en consolidation, grâce à une politique d'exportation résolument tournée vers les marchés exigeants. Le royaume figure désormais parmi les trois pays dont les exportations de fruits et légumes frais connaissent la croissance la plus soutenue à l'échelle internationale. Il est aujourd'hui le premier fournisseur mondial de tomates-cerises, le deuxième exportateur net de tomates fraîches, et le troisième exportateur de myrtilles, dont il est déjà l'un des principaux pourvoyeurs du marché singapourien, aux côtés du Pérou et de l'Australie. Ces performances s'appuient sur des investissements notables dans l'irrigation localisée, la culture hors-sol sous serre climatisée, et la certification sanitaire internationale. Le label GlobalG.A.P. et les normes HACCP sont désormais généralisés chez les principaux opérateurs marocains. Idriss El Honsali, représentant de FoodEx, souligne le caractère structurant de cette démarche : «Nous avons veillé à ce que chaque rencontre repose sur une connaissance approfondie du marché, une préparation technique pointue et une présentation sans équivoque de notre valeur ajoutée.» Au-delà des volumes échangés, ce rapprochement contribue à dessiner les contours d'un approvisionnement régional plus stable, plus fiable, et plus respectueux de la temporalité agricole. Sur les étals de Singapour comme de Kuala Lumpur, les fruits marocains s'apprêtent à marquer, au propre comme au figuré, le goût d'une saison nouvelle.