Dans une saillie aussi déroutante, Hamid Elmahdaouy s'est livré, le 19 mars, à une dénonciation aux accents complotistes, affirmant être la cible d'un «plan israélien» ourdi contre lui au Maroc même. Se réclamant d'«indices» qu'il se garde d'étayer, il attribue à une «main unique» l'ensemble des procédures disciplinaires dont il fait l'objet, suggérant ainsi une ingérence étrangère dans les rouages de la régulation médiatique nationale. Ces déclarations, d'une gravité manifeste, ont aussitôt suscité la réprobation de la commission provisoire chargée de l'intérim du Conseil national de la presse. Dans un communiqué au ton sans équivoque, celle-ci évoque des allégations «d'une extrême gravité», qui tendraient à accréditer l'idée d'une infiltration des institutions marocaines par des officines étrangères. Une thèse dont elle dénonce les effets délétères, susceptible d'alimenter les discours malveillants à l'encontre du royaume et d'éroder la confiance placée dans ses organes régulateurs. Se réservant la faculté d'engager des poursuites judiciaires, la commission somme Elmahdaouy d'étayer ses assertions ou d'en répondre devant la loi. Elle rappelle, en outre, que sur les 212 plaintes pour manquements déontologiques enregistrées à ce jour, 197 ont d'ores et déjà été instruites, témoignant ainsi d'un effort soutenu pour préserver l'intégrité du paysage médiatique. Au-delà du cas singulier d'Elmahdaouy, cette affaire pose avec acuité la question de la responsabilité éditoriale dans l'espace numérique. Alors que la quête de l'audience tend parfois à primer sur l'exigence de rigueur, la multiplication des discours sensationnalistes, délestés de toute assise factuelle, interroge sur les moyens de prémunir le débat public contre les dérives de la surenchère.